
Après la chute du mur de Berlin et l’éclatement de l’URSS, des penseurs politiques prédisaient la fin de l’histoire, avec la paix universelle et permanente, grâce à un monde multipolaire libéré des empires. Pour ce qui est de la paix, l’on voit bien qu’elle n’est pas au rendez-vous. Quant à la multipolarité, elle n’a guère duré. A la suite de la seconde guerre d’Irak, les USA semblaient renoncer au rôle de gendarmes auto désignés du monde sous les présidences Obama (2009-2017) et Trump 1 (2017-2021). Obama s’abstint d’intervenir dans la guerre de Syrie, et Poutine en profita pour y soutenir violemment le régime de Hafez el-Assad.
En même temps, Obama s’éloigna de l’Europe pour se tourner vers le Pacifique, considérant que l’avenir des USA se jouait là-bas, face à la puissance montante de la Chine : alors aussi Poutine profita de la défection américaine pour annexer la Crimée, ancien territoire russe, puis envahir à bas bruit le Donbass ukrainien largement russophone. Au cours de son premier mandat, Trump accentua le désengagement américain, notamment en Europe, menaçant même de quitter l’OTAN.
Le 24 février 2022, l’invasion massive de l’Ukraine incita le nouveau président Biden à aider le gouvernement ukrainien par un soutien financier et des fournitures d’armes et de munitions. C’est un retour à la guerre froide, très illogique à mon avis, car la Russie est devenue capitaliste et a cessé d’être la grande puissance économico-politique qu’était l’URSS. Elle se fait illusion derrière un parapluie nucléaire extravagant, qui ne peut avoir qu’un rôle passif, de dissuasion, peu utile à mon avis : qui aujourd’hui serait assez fou pour imiter les aventures désastreuses de Charles XII, Napoléon 1er et Hitler, dans un demi continent qui fait 27 fois la surface de la France ?
Apparemment, Poutine omet de considérer ces paramètres qui devraient lui permettre de travailler paisiblement à l’amélioration du niveau de vie de ses peuples, au lieu de se morfondre dans la nostalgie de la grandeur passée et de vouloir contrôler à nouveau les anciens satellites. En a-t-il besoin, alors que la Russie a tant de rivages marins, de terres, de cours d’eau, de forêts, de blé, de gaz, de pétrole ? C’est l’Europe qui aurait besoin de se procurer honnêtement de ces richesses, et c’était bien parti avec Madame Merkel, avant ce 24 juin 1941 à l’envers. Monsieur Poutine pense-t-il que nous sommes enchantés d’acheter aux Américains un gaz plus cher que le sien, sans oublier toutes ces armes fratricides ? Avec le temps, la géographie devrait avoir le dernier mot sur cette folle histoire qui la dénature.
L’empire américain aussi se manifeste à nouveau brutalement sous l’emprise tonitruante de la seconde présidence de Trump : il prétend porter la main sur le Canada, le Groenland, Panama, et même Gaza, remettant au goût du jour la doctrine du Président Monroe (1817-1825) : « L’Amérique aux Américains », c’est-à dire en fait aux USA ! Isolationniste, addict au négoce, il veut cependant faire la paix « par la force » en Ukraine avec son homologue russe Poutine. Aurons-nous droit à un nouveau Yalta, mondial celui-ci : à moi l’Amérique, à toi l’Europe ? Ou bien, serons-nous sauvés par les « terres rares » ukrainiennes ?
Pour le moment, la Chine s’intéresse surtout au commerce mondial. L’impérialisme n’est pas dans sa tradition historique. Elle peut jouer un rôle en faveur de la paix.