Un ami me disait «On fait tout passer avec la sécurité.». Oui, d’ailleurs pourquoi la sécurité est-elle si souvent et si constamment le sujet central du débat publique ?
Pour la sécurité on installe des caméras de surveillance. Pour la sécurité on renforce les contrôles aux frontières, on perfectionne les documents d’identité. C’est une nécessité puisque les malfrats ont la capacité technique de copier les anciens papiers d’identité – le nom a changé, ils ne sont plus en papier… Aujourd’hui, ils sont plus résistants, plus infalsifiables et contiennent plus de données. Mais ce n’est que pour notre sécurité.
Pour la sécurité on exige des contrôles sanitaires. Pour la sécurité – la traçabilité – on puce les brebis, on javellise les aliments non vendables. Cela permet de pouvoir manger les yeux fermés, tranquillement. Il n’y a pas de risque, d’origine douteuse, d’avariés… Cela assure aussi que seules de grosses entreprises pourront satisfaire à ces exigences et nous vendre des produits sûrs. Pour notre sécurité.
Pour la sécurité on peut mettre de côté nos valeurs et déclarer vouloir «tailler en pièces» des mouvements violents («de façon démocratique» bien sûr, discours du Premier ministre au Sénat le 6 juin). Pour la sécurité on a besoin de lois d’exception, de centres d’enfermement. Sinon comment pourrait-on vivre tranquille ?
Oui, on fait tout passer avec la sécurité, enfin… on fait passer un certain monde.
A chacun de voir s’il souhaite ou non en faire le sujet central. S’il souhaite ou non faire passer le monde merveilleux de la sécurité.