De façon inattendue la sculpture de Jauregi, “L’arbre de vérité” a provoqué des réactions peu nombreuses certes mais d’une surprenante violence.
Au Conseil Municipal de Bayonne, nous devions accepter le don et autoriser la mise en place de l’oeuvre sur l’Esplanade Roland Barthes, geste destiné à rappeler le 8 avril 2017, journée décisive dans le long processus vers une paix tant souhaitée. Si la liberté d’expression ne peut souffrir aucune restriction, il était hallucinant d’entendre que la remise des armes par ETA ne peut se concevoir que sous le contrôle de l’Etat Espagnol, que lesdits Artisans de la paix participent à une manipulation condamnable, une imposture de l’organisation terroriste lancée dans une mise en scène médiatique !
Puis nous avons eu d’autres déclarations moins assurées, plus emberlificotées qui ne remettaient pas en cause le travail accompli mais qui affirmaient que ce n’était ni le lieu, ni le moment, qui critiquaient le “symbole troublant cette hache monumentale… de nature à diviser les consciences”.
C’est souvent la destinée de ces oeuvres qui viennent bousculer, qui viennent déranger, que de subir de lourdes critiques, celle d’Arman à Beyrouth en 95 n’a pas été mieux accueillie. Elle a été érigée devant le Ministère de la Guerre, elle mesure 32 mètres de haut et elle est constituée de 78 chars d’assaut, de pièces d’artillerie dont les canons pointent vers le ciel ! Elle est aussi le symbole d’une société déchirée, de souffrances indicibles, de nécessité de marcher vers la paix en tentant tous les gestes de la réconciliation.
Car là est l’enjeu, dans cette marche des petits pas, où toutes les parties sans exception, doivent entendre les mots, les gestes, les signes qui permettent d’avancer du fond de sa colère ou de sa souffrance.
Là est l’enjeu, dans cette marche des petits pas,
où toutes les parties sans exception,
doivent entendre les mots, les gestes, les signes
qui permettent d’avancer du fond de sa colère ou de sa souffrance.
“La paix n’est pas un acte passif” a indiqué le Maire en réponse. En portant cet espoir toute une partie de la société basque vise à justement rapprocher les consciences et non à les diviser. Comment ne pas le ressentir, comment transporter cela sur des rives douteuses d’une instrumentalisation de mauvais aloi ?
Le philosophe Gilles Deleuze disait “Il suffit de ne pas comprendre pour moraliser”… On pourrait aussi dire, on moralise ce que l’on refuse de comprendre ou d’accepter. On est en droit de reprocher à ETA un conflit trop longtemps maintenu, mais il faut aussi se souvenir que c’est dans la dernière dictature de l’Europe occidentale, que l’organisation s’est créée et il serait de bon ton de ne pas trop invoquer le fait démocratique d’un Etat Espagnol condamné de multiples fois par les instances internationales pour la torture ou les disparitions.
Dans ma mémoire flottait à ce moment-là le livre d’Henri Alleg La question ou le souvenir du frêle Maurice Audin. A cette époque aussi il convenait de nier la réalité du conflit en Algérie. Finalement cet arbre devenait malgré lui, celui de toutes les vérités y compris celles que l’on travestit, que l’on arrange, dont on se sert et dont la portée, ici, ne dépasse pas l’horizon 2020.
Depuis, ETA a reconnu les souffrances infligées aux victimes, et, a demandé “pardon”. Il faut réaliser l’importance de cet acte. Qui aurait imaginé vivre cela ?
Prenons chaque moment avec humilité, avec reconnaissance aussi car nous allons vers une société plus apaisée où les plaies finiront par guérir de cette vérité retrouvée.
Nous attendons une dissolution de l’organisation armée dans les jours qui viennent ce sera un moment extraordinaire qui n’effacera rien mais qui permettra d’écrire une nouvelle page.
Et cela nous le devrons en grande partie aux artisans de la Paix, ceux que l’on a outragés l’autre soir. Est-il digne en ce moment crucial, d’accuser le Maire de Bayonne de ne pas s’occuper des affaires de la Ville, et d’avoir d’autres priorités ? Il faut vraiment user du petit bout de la lorgnette pour en arriver là, et, en tout cas, cela démontre une vision à long terme pour certains et la gestion erratique de petits intérêts personnels pour d’autres.
Instiller ce genre d’assertions dans le contexte, c’est faire de la politique de boutiquiers. De plus, il conviendrait aussi de rester prudent car la fragilité d’un processus aussi compliqué est évidente. A tout moment, tout peut basculer, regardons ce qui est en train de se passer en Colombie malgré l’Accord signé en 2016 avec les FARC.
Pour finir, nous avons eu le spectacle d’un attelage baroque, refusant d’assumer ses positions, et bizarrement réfugié dans un commun et confortable “ne participe pas au vote”. Pour Bayonne ville ouverte ce choix était destiné à maintenir la cohésion du groupe. Il était temps car depuis belle lurette nous connaissons un groupe explosé en presque autant de parties que de membres et qui s’est offert à peu de frais la renaissance de l’union à gauche.
C’était bien la soirée de la valse des vérités, mais il n’y avait pas d’arbre comportant assez de branches pour toutes les contenir.
Vous n’en avez pas marre de parler tout le temps de la même chose. Quand est-ce que les abertzales vont se rendre compte que les questions politiques et sociales au pays basque tournent en rond ? L’agglo qui prépare la privatisation de l’eau et des ordures, l’absence de politique patrimoniale et culturelle en dehors de la danse et de la langue basque, l’absence d’université, d’études, de chercheurs, ….. Les aberztales, de droite et de gauche avec ce consensus qui ignore les questions sociales, sont en train de faire du pays basque une copie de la république française raciste, paternaliste et sexiste, et sans doute même une copie encore plus libérale et perverse.
SOS Pays basque en danger!
Argumentaire en tout point LAMENTABLE … Il est des cas extrêmes où limiter la liberté d’expression relèverait d’une oeuvre de salubrité publique … C’est ça, l’idéologie en vogue sur les bords de Nive ?!