L’Édito du mensuel Enbata
Initialement fixées en mars prochain, les élections départementales et régionales ont été récemment retardées par un vote au Parlement, aux 13 et 20 juin 2021. Le Covid-19 qui régente notre vie depuis un an ne devrait ainsi plus planer sur un incertain calendrier électoral, si ce n’est que le législateur s’est ménagé un cran de sûreté au 1er avril, soit une clause de “revoyure” au cas d’explosion de la pandémie.
Lorsque les abertzale ont arrêté leur stratégie électorale, en assemblée générale EHBai du 7 novembre 2020, nous étions en plein brouillard au point d’avancer diverses hypothèses, soit les élections sont maintenues en mars, soit elles sont repoussées d’un ou deux mois ou peut-être même après les présidentielles de mai 2022. La décision d’EHBai était alors de présenter des candidats au Conseil départemental dans tous les cantons d’Iparralde et de renoncer à une présence aux élections régionales.
Le report, par la loi, des scrutins à la fin juin change la donne en nous accordant un supplément de temps de réflexion, d’autant qu’entre-temps, François Bayrou et le Modem ont vigoureusement repris leur traditionnel choix de la proportionnelle intégrale pour les législatives de juin 2022.
Ils exercent pour cela un forcing spectaculaire sur le président Macron, proposition de loi, lettre publique et personnelle de François Bayrou au Président, soutenu par les diverses forces de gauche, les Verts et le Rassemblement national. Lorsqu’on connaît le poids décisif de leur alliance à la candidature d’Emmanuel Macron, suivie de leur participation au gouvernement, on peut raisonnablement envisager la possibilité d’un vote majoritaire au Palais Bourbon pour l’adoption de ce mode de scrutin. D’autant qu’il a déjà été pratiqué sous la Ve République, en 1986, par François Mitterrand, chaque département élisant des listes à la proportionnelle intégrale à un tour. Ceci a de quoi séduire la majorité actuelle qui, même si Emmanuel Macron était réélu, n’est en rien rassurée par l’actuel scrutin uninominal à deux tours. La République En Marche et son allié le Modem ont une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Or, le scrutin proportionnel dégage par nature une représentation populaire éclatée, conduisant à la nécessité d’un gouvernement de coalition, dont devrait pouvoir s’accommoder un président, lui, élu au suffrage universel, avec des pouvoirs personnels sans équivalent dans les autres démocraties.
Hypothèse, certes. Mais fort probable, à laquelle doivent se préparer toutes les forces politiques responsables. Lors des dernières législatives de 2017, les candidats d’EHBai, en progression sur le scrutin précédent de 2012, avaient recueilli, au premier tour, dans les deux circonscriptions et demi basques, 12.665 voix, soit 10,42% des suffrages exprimés, le PNV recueillant 1,17%. Rapporté à l’ensemble du département des Pyrénées-Atlantiques, où le Pays Basque représente environ 45% des habitants, cela ferait moins de 5% des suffrages. Nous ne serions ainsi même pas remboursés des frais de campagne. Comme il est exclu que les abertzale renoncent à cette élection majeure en démocratie, il nous faut donc penser à nous présenter en alliance.
EELV, après de brillantes européennes au printemps 2019 et municipales en 2020, se prépare à concourir à la présidentielle de 2022 et les Verts sont aussi totalement investis dans les régionales de juin prochain. Ils sont la seule force politique fédéraliste et non-jacobine en France, reconnaissant le fait national basque et avec qui nous partageons l’engagement environnemental. C’est dans une liste commune départementale aux législatives de l’an prochain que nous pourrions obtenir l’élection d’un député sur les sept des Pyrénées-Atlantiques. Et plus près de nous, il est encore temps de négocier aux régionales une place éligible.
Il y a cinq ans, EELV avait obtenu au premier tour départemental, 10,50% des voix et s’était allié au second tour avec le PS, participant ainsi à la majorité conduite par Alain Rousset.
Cette fois-ci, forts de leur actuelle dynamique, ils prétendent à la victoire. Il serait regrettable que les abertzale en quête de responsabilité élective, comme le démontrent nos avancées dans les mairies basques, se résignent à n’être que des spectateurs aux régionales. Tout est encore possible.