Jean Jaurès et Jean Hiriart-Urruty

Jean&Jean
Jean Jaurès et Jean Hiriart-Urruty

 

Par Jean-Baptiste Hiriart-Urruty

Un article récent d’Enbata (août 2014), par Peio Etcheverry-Ainchart, faisait découvrir aux lecteurs un écrit de Jean Jaurès sur les mérites des langues régionales.

Ce texte, publié dans la Revue de l’Enseignement Primaire en octobre 1911, est habituellement lié à un autre, par le même auteur, publié dans La Dépêche en août 1911 et intitulé L’éducation populaire et les “patois”.

Mon propos n’est pas de continuer sur ces aspects mais de poser la question des relations éventuelles que Jean Jaurès a pu entretenir avec le Pays Basque ou des Basques.

Comme cela est indiqué dans le premier article (celui publié dans Enbata), Jean Jaurès a séjourné au Pays Basque en 1911, c’est-à-dire la même année que son grand périple en Amérique latine (Brésil, Argentine, Uruguay), où il prononça bien des discours. Les questions que je pose sont : où Jean Jaurès a-t-il séjourné exactement? Qui y a-t-il rencontré? Je n’ai pas de réponses précises… Il y a pourtant des descendants de Jean Jaurès qui vivent aujourd’hui à Biarritz.

Le chanoine Jean Hiriart-Urruty, que dans la tradition orale de la famille nous prénommions Manex ou Manez, est né la même année que Jaurès (en 1859) et mort à une année  d’intervalle (en 1914 pour Jaurès et en 1915 pour Jean Hiriart-Urruty). Il est intéressant d’observer que leurs parcours avaient quelques similitudes : tous les deux férus de philosophie et d’allemand qu’ils enseignaient, journalistes et écrivant beaucoup, attachés à leurs régions d’origine et à leur spécificités… mais pas du même bord politique ! Se sont-ils rencontrés lors du séjour de Jaurès en Pays basque en 1911 ? Nous n’en savons rien.

Manez Hiriart-Urruty (MHU) connaissait l’allemand, qu’il enseignait. Il s’en est servi dans ses écrits pour ironiser sur des noms lors de l’affaire Dreyfus par exemple. Plus tard, pendant la Grande Guerre, il s’agissait de moqueries sur les noms des dirigeants allemands; ainsi le ministre von Hohenhorn, que MHU fustige en Adar gorak (= les cornes hautes)…

La question que je me suis posée est la suivante : pourquoi MHU avait-il appris l’allemand ? J’ai lu, mais est-ce le cas, que c’était à la demande de la direction du petit séminaire de Larressore où il enseignait, lorsqu’un professeur d’allemand s’est trouvé défaillant…

Mais il est probable que MHU n’est jamais allé en Allemagne. De fait, dans les quelques vieux livres arrachés à la destruction dans le grenier de la maison Joanes-Ederraenia au quartier Hasquette à Hasparren (maison de MHU mais aussi la mienne), il y avait quelques exemplaires en allemand. Jean Jaurès connaissait bien l’allemand, il est allé plusieurs fois à la  rencontre de collègues et d’hommes politiques en Allemagne. C’est sans doute cela aussi qui le conduisait à militer de manière si ardente, et finalement inutile, contre le déclenchement de la guerre. MHU, lui, a écrit régulièrement et sans ambages en faveur de la guerre, d’une manière sectaire d’ailleurs. Jean Jaurès et MHU : deux régions, deux trajectoires, quelques  similitudes.

Cette année, 2014, est le centième anniversaire de sa mort pour l’un, l’année prochaine, 2015, pour l’autre. Peut-être des lecteurs nous aideront-ils à répondre aux questions posées plus haut ?

1) Eneko Bidegain, La première guerre mondiale dans l’hebdomadaire Eskualduna. Thèse de doctorat soutenue en 2012 auprès de l’université de Bordeaux III.
2) Jean Hiriart-Urruti, Ni kazeta-egilea naiz ; Artikulu, Berri, Ixtorio. Edité par X. Altzibar, Bilbao Bizkaia Kutxa Fundazioa (2004).

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