Nous y sommes: première étape le 16 mars avec le dépôt des candidatures; deuxième étape le 22 avril, premier tour de la présidentielle à la suite d’une campagne dont je n’imagine pas le niveau; troisième étape le 6 mai après le tête à tête des deux finalistes. Ouf! Tout se terminera en juin après les deux tours des législatives puisque le calendrier le commande.
A l’origine de la Ve République, le général de Gaulle fut élu par un électorat plus élargi que les deux assemblées réunies qui désignaient le président sous la IVe. Puis il décida et le fit approuver par référendum que le président devrait avoir l’onction du peuple français et serait élu au suffrage universel.
En 1965 eut lieu le premier scrutin du genre avec peu de candidats; à peu de choses près ils se comptaient sur les doigts d’une main. La candidature de Lecanuet fit scandale pour certains, empêchant de Gaulle de passer au premier tour et l’obligeant à affronter Mitterrand au second. Puis, les candidatures se multiplièrent car il suffisait de cent signatures d’élus pour pouvoir se présenter. Afin de limiter le nombre de prétendants on exigea cinq cents parrainages qui restaient anonymes. Enfin, une loi de 1976 sous le septennat de Giscard d’Estaing mit fin à l’anonymat, ce contre quoi s’insurge Marine Le Pen, la future candidate du Front National qui, tout comme son père, peine à rassembler les 500 signatures nécessaires pour la simple raison qu’elle a un nombre d’élus réduit (118 con-seillers généraux et régionaux, paraît-il) et que, à un mois et demi du dépôt des candidatures, elle n’aurait obtenu que 340 parrainages.
Dès lors, commence dans tous les moyens de communication de masse la campagne contre l’injustice issue de la loi de 1976 et,
en corollaire, le phénomène de victimisation abondamment proclamé. Il est vrai que si, d’aventure, Marine Le Pen ne pouvait faire acte de candidature, ce serait, à mon humble avis, un véritable scandale, un déni de démocratie.
Il me paraît que la démocratie serait mieux servie en France, si l’on prenait comme base de jugement le scrutin le plus juste, c’est-à-dire la proportionnelle qui établit le vrai rapport de forces entres les partis et l’un d’entre eux qui serait, par exemple, l’élection au Parlement européen.
Ainsi, chaque parti représenté au Parlement européen pourrait sans avoir à rassembler de signatures et, comme de droit, présenter son ou sa candidat(e) à l’élection présidentielle. Ce serait le cas du Front National et, du mê-me coup, la cessation des lamentations.
Et les autres? Les autres, membres de partis non représentés au Parlement européen, devraient, selon la loi actuellement en vigueur, apporter le lot convenu de parrainages, qu’ils s’appellent de Villepin, Boutin, Dupont-Aignan ou d’autres…
La liberté de candidature reste valable grâce à la représentativité du parti pour les uns et le parrainage pour les autres.
Ainsi, serait réglé le problème que pose le Front National qui, selon les divers sondages, se situe entre 15 et 20%, c’est-à-dire en troisième position parmi les candidats. Comment imaginer que quelques millions d’électeurs ne puissent pas exprimer leur vote si, en l’occurence, leur candidate était empéchée de se présenter.
Fervent adversaire des thèses du Front National, mais aussi fervent adepte de la démocratie, je n’hésite pas à dire qu’il serait scandaleux que Marine Le Pen ne puisse se présenter au vote des Français le 22 avril prochain. Un véritable déni de démocratie!