La question de l’intégration du Seignanx dans l’agglomération Côte basque-Adour (ACBA) à l’occasion de la réorganisation des intercommunalités est devenue une bataille idéologique et politique autour de la reconnaissance institutionnelle, et donc fondamentalement politique, du Pays Basque. Reconnaissance politique impliquant reconnaissance territoriale et inscription de ce pays sur les cartes administratives, les opposants les plus farouches à toute reconnaissance autre que folklorique et à visée de marketing touristique, font donc de la délimitation du territoire Pays Basque un enjeu politique. Rappelons que si personne n’avait jamais proposé d’intégrer le Seignanx dans les Pyrénées-Atlantiques, cette idée a émergé concomitamment avec la revendication d’un département Pays Basque. Elle refait surface aujourd’hui car tout le monde pressent bien que cette réorganisation des intercommunalités marquera la transition des départements actuels vers de nouvelles structures comme les pôles métropolitains.
Qui pose la question, qui porte cette demande? Hormis la municipalité de Tarnos favorable à cette intégration et qui s’apprête à demander l’avis de ses administré(e)s, la population ou les élu(e)s du Seignanx n’ont pas été consultés et personne n’a connaissance d’un mouvement social revendiquant ce rattachement. Par contre, un quarteron de «grands» élus de différentes tendances qui pour diverses raisons refusent toute idée d’une institution propre au Pays Basque, trouvent ridicule et inconcevable de demander l’avis de sa population sur le sujet, voire pour certains menaçaient d’interdire une consultation citoyenne en 2010, se font les hérauts de l’intégration du Seignanx, au delà de la proposition préfectorale qui avait écarté cette option. La manœuvre doit être clairement démontée et désamorcée.
Elle consiste dans la politique du fait accompli: structurer administrativement l’espace et la gestion sans respecter la réalité politique du Pays Basque pour conditionner les évolutions futures. Alors que la réforme des Collectivités territoriales pose avec acuité l’avenir institutionnel du Pays basque, oublier les projets Pays Basque 2010 et 2020, les Conseils des élus et de développement à l’avenir incertain et aller même à rebours de la dernière décision prise par l’État français concernant le territoire du Pays Basque: la création du pays «Pays Basque».
Les arguments avancées se veulent apolitiques et purement techniques: il faut organiser les groupements de communes à partir des bassins de vie, des déplacement quotidiens, des trajets domiciles-travail. Comme si ces derniers résultaient d’un choix délibéré des habitant(e)s et non pas de contraintes liées aux phénomènes d’extension urbaine rarement contrôlés ou de «non-aménagement» du territoire. Poser le débat en ces termes présente par ailleurs l’avantage de piéger les défenseurs d’une reconnaissance politique du Pays Basque dans un débat sans fin où ni l’histoire, ni la langue ou la culture ne permettront des réponses définitives en les taxant au passage de «communautaristes».
Tous ceux et celles qui se sont penché(e)s sur la formation des identités collectives savent bien que ces processus de construction sont volontaristes, évolutifs et pour partie «artificiels». Des choix arbitraires et intéressés sont faits parmi les évolutions historiques, les référents, les coutumes et traditions. Tout cela produit une nouvelle façon de se penser collectivement et s’inscrit la plupart du temps sur un territoire qui est tout sauf «naturel» mais bien construction sociale, historique et politique. C’est incontestablement le cas du Pays Basque. Ce n’est une menace pour personne mais bien au contraire source de dynamisme, de lien social et de solidarité collective.
Il est plus que probable que dans la foulée de la création d’une Collectivité territoriale Pays Basque, des intercommunalités s’organisent par delà les limites territoriales du Pays Bas-que. Si c’est la volonté et l’intérêt des populations concernées, pourquoi pas? Il est vrai que les communes au nord de l’ACBA ont beaucoup à faire avec cette dernière et que de plus en plus de personnes attachées au Pays Basque vont s’installer dans le Seignanx pour des raisons matérielles. Le problème c’est l’instrumentalisation qui est faite par certains pour entraver toute reconnaissance politique du Pays Basque, revendication pourtant ancienne, et portée par de larges secteurs de la population et des ses élu(e)s.