Institution Pays Basque : où veut-on aller ?

TxikTxakTelle était la question posée au forum organisée par Batera le 21 septembre, à la veille du débat parlementaire sur la future loi « Engagement et Proximité » . Les différents intervenants ont apporté un éclairage intéressant issu de leurs recherches respectives. Pourtant, la question reste entière et la réponse revient au Pays Basque. 

Émotion en politique, incarnation et récit

C’est du désarroi et de l’impuissance publique que naît l’innovation. Les émotions font partie de la politique nous disait Alain Faure au cours du forum organisé par Batera, le samedi 21 Septembre dernier.

En Iparralde, l’impuissance à obtenir une reconnaissance administrative a longtemps motivé des milliers de personnes : manifestations, consultation à l’occasion des élections régionales, barrages symbolisant l’immobilisme de l’état français… et fut à l’origine d’idées originales.

Aujourd’hui, un cap est franchi, celui de la reconnaissance administrative avec la Communauté d’agglomération Pays Basque. Très vite, elle s’est structurée, s’est dotée de compétences qui répondent aux besoins du territoire tant obligatoires qu’optionnelles (agriculture, euskara, transfrontalier…).

Par contre, pour que les habitants se sentent partie prenante de cette communauté qui impacte son quotidien, le récit de cette aventure reste à écrire.

Dès cet automne, après consultation de professionnels et de simples citoyens, le projet communautaire sera voté par les élus : PLH (Plan Local de l’Habitat), politique des mobilités, transition écologique, deviendront une réalité tangible pour les habitants d’Iparralde. Elles feront l’objet de discussions enflammées dans les dîners ou dans les cafés, chacun partant de son expérience personnelle.

Ce sera le moment de vérité pour l’Agglomération Pays Basque. Concernant la mobilité, si nous commençons à laisser notre voiture pour prendre le bus, et surtout si les ronds-points de Maignon, du Mousse et autres… se fluidifient, le pari est gagné !

De même, dès Ustaritz, un couloir exclusivement destiné aux bus, taxis et ambulances inciterait les gens à laisser leur voiture dans un parking pour prendre le bus avec l’assurance d’arriver plus tôt à destination.

Malheureusement, les travaux en cours depuis longtemps à Arrauntz ne semblent pas s’orienter vers une voie réservée aux autobus . Dommage ! Une occasion ratée !

Enfin, si les autobus allant de Baigorri à Bayonne ne font plus un long détour par Saint-Palais, les Baigorriars délaisseront peut-être leur voiture au profit de l’autobus.

En Iparralde, les limites administratives de la communauté d’agglomération sont une évidence

Lorsqu’un nouveau territoire surgit de façon brutale, d’en haut, des obstacles naissent. C’est le cas de la nouvelle région Occitanie incluant les 2 grandes métropoles (Toulouse et Montpellier) ou le Grand Est. Chaque territoire avait une façon différente de fonctionner. Les contours de la région peuvent être contestés dans un premier temps, mais ensuite, force est de constater que cela fonctionne, avec parfois certaines politiques qui s’hybrident, selon Vincent Simoulin, professeur de sociologie, spécialiste des coopérations à Toulouse II.
En Iparralde, rien de tel, la Communauté d’agglomération était un fruit mûr, répondant à une demande majoritaire de collectivité territoriale à statut particulier. Aucune ambiguïté sur ses limites incluant les 158 communes d’Iparralde. Les contours du nouveau territoire, sont une évidence pour tous. D’ailleurs, les maires des 158 communes (petites ou grandes) siègent tous à la CDPB.

Mais pour autant, on ne fait plus de la politique comme avant, ce qui frustre parfois certains maires.

Les élus jouent un morceau d’une partition, comme le rappela Manon Loiseau, alors qu’avant, les maires jouissaient d’une autonomie, aidés par leur administration.

La population a également changé de mode de vie : son quotidien déborde de la commune dans ses mobilités quotidiennes.
Les nouvelles compétences exercées sur l’ensemble du territoire demandent aux élus à la CAPB d’avoir une vision globale, de se former pour assumer leurs nouvelles responsabilités communautaires. Les enjeux changent, les choses se complexifiant, la façon de faire de la politique évolue exigeant de prendre en compte les points de vue des citoyens par un dialogue permanent. Il s’agit de faire de la co-contruction, comme l’indique Manon Loiseau.

En somme, on demande beaucoup aux élus locaux : Une double compétence, à la fois locale (connaissance du terrain) et technique. C’est au maire que revient la tâche d’expliquer les décisions communautaires, lui qui reste en empathie avec ses habitants, en quête d’ancrage local.

Dorénavant, un maire ou un président de collectivité doit être un animateur de réflexion collective du processus de décision. Il doit susciter le pouvoir d’agir en entrant dans un processus de co-construction interactif. Cela permet de passer de l’intérêt particulier à l’intérêt général.

Il faut donner du sens et débattre des grands projets de l’agglomération, portés par une réflexion collective. C’est cette gouvernance partagée qu’a mis en place Vincent Spiegel, élu Alsacien

Espérons que les prochaines municipales seront l’occasion d’aborder cette autre façon de faire de la politique.

Si la CAPB fonctionne sans opposition frontale, les citoyens, en particulier les jeunes, doivent s’approprier cette nouvelle organisation. Selon Daniel Béar du cabinet Acadie, « il faut fabriquer l’expression collective de la société civile ». Les forums sur la transition énergétique organisés par le Conseil de Développement à Bayonne puis au lycée Agricole de Soule à Berrogain ont attiré du monde, preuve que les citoyens s’intéressent aux sujets de fonds et répondent présents quand ils y sont invités, d’autant que la transition énergétique devrait sous-tendre l’ensemble des autres politiques.

A l’étranger, il y a souvent l’échelon local et celui qui s’occupe de l’international alors que la France ne parvient pas à donner du pouvoir au local tout en supprimant des couches intermédiares du « millefeuilles » administratif.

En conclusion, les délibérations prises samedi dernier par l’agglomération Pays Basque à l’unanimité (limitation à un bien la location sur Airbnb ou autre plateforme…) prouvent que la CAPB avance.

Beaucoup de chemin reste à parcourir pour que la CAPB se dote de 2 pouvoirs distincts :

  1. Le pouvoir législatif, d’une part …
  2. Et le pouvoir exécutif (assemblée actuelle des maires, parvienne à co-produire les politiques publiques avec les citoyens et forme les maires à leurs nouvelles fonctions.

Notre collectivité a été « fabriquée par le bas ». Elle est aujourd’hui incarnée par son président qui l’a défendue dès l’origine. Reste à transformer en profondeur la relation entre le citoyen de base et l’institution. La campagne des municipales qui commence doit être un temps fort pour aborder le sujet du rôle de chaque commune dans les choix politiques de l’ensemble du territoire « Pays Basque ».

Comme toujours, Batera poursuivra son travail de lanceur d’alerte, en suivant de près les possibilités offertes par la future loi « engagement et proximité » avec son droit à la différenciation , en invitant les gens à montrer que la politique les intéresse .

En ces temps de discrédit de la politique et des élus, il faut plus que jamais, activer le pouvoir collectif

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2 thoughts on “Institution Pays Basque : où veut-on aller ?

  1. Bonjour
    Et le sujet environnement ? Protection biodiversité ? Protection animale ( les pieds dans la politique ne permet il pas plus d’implication en local et d’influence nationale )..campagne stérilisation, ….etc. Cela fait partie de qutidien et la place des animaux est primordiale.

  2. C’est mentionné:
    Les forums sur la transition énergétique organisés par le Conseil de Développement à Bayonne puis au lycée Agricole de Soule à Berrogain ont attiré du monde, preuve que les citoyens s’intéressent aux sujets de fonds et répondent présents quand ils y sont invités, d’autant que la transition énergétique devrait sous-tendre l’ensemble des autres politiques

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