Dans quel pays vivons-nous ? Il y a images du Pays Basque et images.
Parmi celles que véhicule la saison estivale 2017 deux images que presque un demi-siècle sépare, se télescopent de façon spectaculaire.
Celle de l’expo de l’été consacrée à la rétrospective Ramiro Arrue, icône de l’art régionaliste basque intemporel présentée au Bellevue, à Biarritz.
Et celle du film Mission Pays Basque, tourné à Sare et ses alentours en 2016, sorti sur grand écran le 12 juillet dernier. Une comédie dans la veine des films à succès Bienvenue chez les Ch’ti’s et Ocho apellidos vascos qui surfaient sur le choc des cultures. Version burlesque trépidante, Mission Pays Basque véhicule les clichés du jour (piments, fromage, brebis, pottok, fêtes de Bayonne, concours d’Irrintzina…) et déborde de bons sentiments. Mais n’en n’aborde pas moins un thème criant d’actualité depuis des décennies.
La question de fond pourrait être celle-ci : jusqu’à quel point les Basques sont-ils prêts à se laisser acheter par le monde extérieur ?
L’histoire : bobo, sûre de son marketing, Sybille est expédiée à Bayonne pour faire l’acquisition d’une vaste quincaillerie familiale sur laquelle une chaîne de supermarchés a jeté son dévolu. On y fera du bio. Elle arrive en pays conquis. Le Pays Basque, on connaît, lui a-t-on dit : “des gens sympathiques mais un peu rugueux”. L’affaire ne devrait être que formalité. Mais la promesse de vente arrachée à coups de billets de banque papier au vieux propriétaire, n’en n’est pas une, puisque l’homme est sous curatelle de son neveu Ramuntcho. Une belle gueule sympathique, emprisonné pour avoir fréquenté une organisation armée (ETA sans doute), puis reconverti dans la sandale cousue main à Sare. Lui, ne veut pas vendre…
Mission Pays Basque
n’en n’aborde pas moins
un thème criant d’actualité
depuis des décennies.
La question de fond pourrait être celle-ci :
jusqu’à quel point les Basques sont-ils prêts
à se laisser acheter
par le monde extérieur ?
Arrue, un cliché à lui seul
Biarritz : 200 oeuvres signées Arrue (Abando- Bilbao 1892, Ciboure 1971) provenant entre autres du Musée Basque, des mairies de Guethary et Saint-Jean-de-Luz, de collections privées dont la plus importante se trouve au Cap d’Ail, dans les Alpes Maritimes. Collection “Maria de Isasi” (un pseudonyme) réunie par un fervent collectionneur ayant des attaches en Alava. “Fervent” ! Le mot est prononcé, Arrue devenu un cliché à lui seul, suscite de la ferveur. De ses paysages, ses personnages-symboles, ses contours et ses couleurs émane une “force tranquille” extraordinaire, puisée dans ce Pays Basque que la “Révolution silencieuse” moderniste lancée dans les campagnes de l’après-guerre 39-45, n’avait pas encore altérée. Son Pays Basque est statufié. Passéiste, nostalgique. Un paradis perdu.
Olivier Ribeton (ancien conservateur du Musée Basque à Bayonne, commissaire de l’exposition) rappelle qu’Arrue interprétait la nature et ses personnages non pas comme un naturaliste, mais avec la capacité de les transfigurer grâce à sa connaissance du cinéma et de la photo, de son sens du monumental, tiré de son initiation au dessin pour la sculpture. “Il a, poursuit-il, saisi la vague régionaliste et la mode de l’architecture néo-basque de la première moitié du XXe siècle et choisi de se complaire dans le beau”. On trouvera une autre grande vertu à l’exposition Arrue, celle d’avoir été capable de rassembler Bayonne et Biarritz sur un projet culturel d’envergure, porté par la nouvelle intercommunalité Pays Basque. Les deux voisines sont enfin parvenues à mutualiser leurs atouts : musées, budgets, infrastructures. Une première.
Le Guernica “régionaliste”
Au dire de Robert Poulou, collectionneur de toujours, le succès du régionalisme basque auprès du grand public remonte aux années 70. A la conjonction de la mort d’Arrue, de l’achat et de la découverte de son atelier de Ciboure par la Ville de Saint-Jean-de-Luz, du développement du tourisme et des résidences secondaires sans oublier le rôle divulgateur joué par certaines sociétés savantes. Le marché s’en est alors saisi. “À ce jour, côté français, Ramiro reste le plus prisé” ajoute Robert Poulou pour qui le terme régionaliste doit être vidé du contenu péjoratif que certains lui prêtent encore. Le local peut rejoindre l’universel, c’est vrai aussi pour Arrue. Et d’ajouter: “Si l’on raisonnait par l’absurde on pourrait dire, je dirais moi-même, que le Guernica de Picasso est un tableau régionaliste basque devenu universel, même s’il ne contient aucun élément strictement représentatif de la ville. Je dirais qu’il est LA référence”. Et quelle référence !
Anne-Marie, le bonjour !
tu auras peut être la curiosité avant le 22 septembre, date de sa mise en vente, de bénéficier d’un avant goût de mon 1er polar (Les ombres d’ Euzkadi) édité chez Lemieux à Paris.
Auquel cas, voici un lien vers la page que je lui consacre :
https://www.facebook.com/bertrandboswell/?pnref=lhc
Très bonne lecture à toi,
jean weber
Sachez madame qu’Olivier Ribeton est toujours ( malgré le désir de certains de le voir partir … )
conservateur du Musée basque et de l’histoire de Bayonne .
Merci de rectifier cette inexactitude qu’il ne mérite pas .
yr