Gouvernance

LGVAtlantique

En faisant l’autruche, nos élus locaux ont cru que leur engagement financier du réseau LGV n’était qu’un mauvais souvenir. Le réveil est terrible. Le secrétaire d’Etat aux Transports, le landais Alain Vidalies, constatant l’approche de la livraison de la ligne Tours-Bordeaux, fait ses comptes et appelle les 52 collectivités territoriales du grand Sud Ouest au respect du contrat passé en 2008. Pris en défaut, nos élus qui n’ont pour la plupart répondu que très partiellement aux premiers appels de fonds, se cherchent des excuses.

La dernière leur est fournie par le nouveau maire de Pau, François Bayrou, non impliqué dans la signature de la convention d’origine: pourquoi paierions-nous puisque les Landes en sont exonérés?

L’argument aurait pu être recevable lors des négociations, mais tout le monde a signé en connaissance de cause, sans pistolet sur la tempe. Pour ceux qui ont un peu de mémoire, c’est au contraire dans l’enthousiasme général, avec le sentiment que l’on adhérait au progrès, que les 52 présidents des collectivités territoriales du Sud Ouest ont signé le protocole de financement et que leurs assemblées respectives l’ont approuvé.

Tout était donc clair.

Les quelques opposants, dont j’étais avec trois collègues de l’Acba, étaient dénoncés comme archaïques. Tout était pourtant alors possible. N’a-t-on pas vu l’agglomération Sud-Pays-Basque, sollicitée pour 26 millions d’euros, refuser de participer à cette folie et en être effectivement exclue?

L’ambiance était à la conviction de participer au développement économique de ce pays. On voyait la gare de Bayonne destinée à accueillir trois millions de passagers par an, quitte à modifier, à grand renfort de travaux, son implantation et à créer une voie de dérivation pour que certains TGV quittent au nord la voie principale et la retrouvent au sud de Bayonne. Qui voudrait nous faire croire aujourd’hui à l’adhésion tiède de nos élus au projet LGV?

Certes, quand en octobre 2008, le préfet de région, M. Idrac, entouré des deux présidents des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées, annonce à nos élus réunis à Bordeaux la grille de répartition financière, chacun est un peu k.o. Mais la part des collectivités territoriales dans l’ensemble du coût du projet, soit 14 milliards, leur paraît acceptable. D’autant, rapportent- ils à leurs assemblées respectives, qu’ils auront accès à des emprunts sur 40/50 ans. D’autant que la quote-part de chacun est divisée en deux parties, l’une concerne le financement du tronçon Tours- Bordeaux, l’autre celui Bordeaux-Espagne. Il s’agit d’engagements colossaux, à savoir pour ce qui concerne l’agglo BAB 65 millions d’euros et le département des PA 230 millions, mais clairement assumés.

Tout était sur la table, rien n’a changé. Comme prévu, la LGV arrivera demain à Bordeaux. Pourra-t-on ne pas respecter sa signature? Et après cet acte premier, que doit-on envisager pour l’acte II, Bordeaux-frontière, alors qu’il semble que ce projet de tronçon s’arrête pour le moment à Dax?

Dans la corbeille de mariage, l’Acba apportera donc à l’EPCI Pays Basque ce lourd engagement financier. Les élus de Larrau ou de Garazi seront dorénavant tout aussi engagés que ceux de Bayonne.

Dans l’actuelle phase de préfiguration, cet épisode peut être révélateur de la nécessité, non pas de relier vite le Pays Basque à l’extérieur, mais de relier rapidement entre elles les parties les plus extrêmes de notre territoire. Mettre en place une réflexion pour, par exemple, que la Soule soit à une heure de voiture de Bayonne par la création d’une voie rapide Mauléon-autoroute. Se donner quatre ou cinq ans pour qu’Iparralde soit parfaitement irrigué.

La cohésion politique dépend souvent des moyens de communication.

Par ailleurs, lorsqu’on sait la part prise par l’administration dans la gestion locale, il paraît évident de doter l’EPCI d’un directeur entièrement voué à la gouvernance du Pays Basque.

Il doit bien y avoir un énarque ou un polytechnicien, capable de parler d’égal à égal avec un préfet, pour remplir cette mission stratégique en ce moment particulier de notre destin commun.

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