Depuis son annonce officielle il y a quelques jours, quatre cent personnes ont instinctivement signé la pétition en ligne, qui porte l’indignation face à la fermeture annoncée fin juin du site internet francophone d’EITB, www .eitb.com/fr
Parmi eux, des citoyens, mais également des représentants de partis politiques en Pays Basque nord (EH Bai, PS, UDI, Front de Gauche, Eusko Alkartasuna), des collectifs d’urgence environnementale et sociale (Bizi, CADE, Comité de Soutien aux Victimes de Fertiladour), des structures culturelles majeures (Institut Culturel Basque, Biarritz Culture, Scène Nationale), et des acteurs de défense de la politique linguiste basque (Seaska, BigaBai).
Cet élan de contestation dessine de fait la géographie rédactionnelle de ce média installé dans le bâtiment du groupe audiovisuel basque de Bilbao. Ouvert depuis 2007, ce portail francophone a su restituer l’actualité permanente de ces grands dossiers représentés par ses premiers signataires.
Organisée à son plus fort par une équipe de 4 journalistes (deux de chaque côté des Pyrénées), Frederik Verbeke se retrouva seul aux commandes du site à partir de début 2012, après une première campagne de licenciements, mis en place par le sous-traitant internet d’EITB, la société M4F.
L’annonce de difficultés économiques, le licenciement de ce dernier journaliste, est une mesure comptable radicale, qui ne doit pas occulter la réalité : la fermeture pure et simple du portail francophone est une erreur politique, et historique.
Politique, car le site français d’EITB a su nous garder au contact permanent de l’actualité en Pays Basque sud, du processus d’Aiete aux nombreuses propositions culturelles en Hegoalde (Festival Zinemaldia, Musées, etc), de l’émergence de nouveaux rapports de force au Parlement de Gasteiz aux actions (et à sa répression) de la jeunesse basque militante.
Historique, car Euskal Herria a choisi de se construire en approfondissant la connaissance des uns vis-à-vis des autres, que cela soit en jumelant Donostia et les principales villes de la Côte Basque pour porter ensemble la candidature de Capitale Culturelle Européenne 2016, ou en portant conjointement la réflexion du «vivre ensemble» (problématiques des transports, jumelages culturels, aménagements de la façade Atlantique, etc).
La simple défense d’un salarié, dans un contexte où chacun est fragilisé ou abandonné, n’est donc pas le cœur de notre indignation. Elle porte la conviction que le Sud et le Nord d’Euskal Herria souhaitent conserver un lien permanent, fut-il décrit technologiquement comme virtuel.
C’est en cela que le groupe EITB, qui se définit comme «un média cosmopolite de proximité», doit retrouver ce qui fut son credo stratégique avant la crise, en 2008. «Faire connaître Euskadi dans le monde, contribuer à créer une image positive du Pays Basque à l’extérieur, à l’heure où de plus en plus de citoyens basques participent et intègrent, pour toutes sortes de raisons, des réseaux internationaux d’échanges et de communication».
Nous, premiers signataires de la pétition, demandons au groupe EITB de réfléchir aux conséquences de cette rupture de lien, alors que des efforts financiers récents et conséquents ont été portés de concert pour que les chaines du groupe intègrent la télévision numérique terrestre (TNT).
Nous demandons également le soutien des citoyens et des forces politiques du Sud pour considérer avec nous que le chemin commun à parcourir sera plus facile si nous le faisons les yeux ouverts sur la globalité du Pays Basque.
Euskal Herria ne se construira par sur des aveuglements et des écrans noirs.
Ramuntxo GARBISU, Ancien journaliste d’eitb.com/fr
Cliquer sur le lien ou l’image pour signer la pétition :