Eric Dicharry vu par Eric Dicharry : tentative d’autoportrait

Eric Dicharry
Eric Dicharry

A l’occasion de la publication de l’ouvrage L’écologie de l’éducation. Un anthropologue à l’école du bertsularisme en Pays basque. L’Harmattan, 2013.

Eric Dicharry est né 7 juillet 1969 à Bayonne. Il a appris la langue basque sur le tard au cours et grâce à ses recherches en anthropologie. Réalisant son premier terrain dans la plus petite province du Pays Basque, lors des mascarades à Barcus puis dans d’autres villages (Musculdy, Larrau, Ordiarp, Idaux Mendy…), il prit conscience, influencé en cela par des passionnés de culture dont Patrick Quéheille, de l’urgence d’un engagement des chercheurs en faveur d’une langue, socle d’une identité et d’une singulière manière d’être et de penser le monde. Persuadé du fait que seuls ceux profondément enracinés peuvent accéder à une pleine universalité, il s’est mis en quête du couple basquité/basquitude.
C’est cette quête initiatique, comme il existe par ailleurs des rites du même nom dont les mascarades souletines font partie, qui lui a permis de retrouver ses racines familiales euskaldun. En effet son arrière grand-mère était luzienne et maîtrisait comme ses ancêtres l’euskara. Sur sa route, il a rencontré des hommes de grandes qualités qui l’ont encouragé à consacrer sa vie à des recherches sur son pays natal. Parmi eux l’éminent Jean Haritschelhar mérite ici un hommage appuyé : pour son écoute attentive, sa générosité et sa passion sans faille pour la langue et de la culture basque. Suivant les conseils d’un autre passionné de culture basque, Piarres Charriton – qui lui avait mentionné l’impossibilité (à teneur hautement éthique), pour un chercheur de poursuivre des recherches sur une culture sans en maîtriser la langue – il s’est transformé en une décennie en euskaldun berri, nouveau basque littéralement bascophone selon l’expression consacrée.
Eric Dicharry est chercheur en anthropologie. Après avoir soutenu sa thèse à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) de Paris en 2009 sous la direction de Daniel Fabre, il a obtenu plusieurs prix et bourses de recherche. Au cours de ses recherches, il a travaillé sur les mascarades en Soule, le rire des Basques, la fête et l’art contemporain au Pays basque, l’écologie de l’éducation, l’improvisation versifiée dans l’instant, le bertsularisme et le théâtre.

En 2012 Eric Dicharry publiait chez l’Harmattan le fruit de sa thèse de doctorat dans l’ouvrage intitulé Du rite au rire. Le discours des mascarades en Pays basque. Cette recherche lui valu en 2009 l’attribution du prix de la culture basque remis conjointement par la Ville de Bayonne et la Société d’Etudes Basques Eusko Ikaskuntza. En mars 2013 il publiait chez l’Harmattan le fruit de sa bourse de recherche financée par la Fondation José Miguel de Barandiarán. Sur la quatrième de couverture de l’ouvrage on pouvait lire : « Dans toutes les sociétés le rire a occupé une place fondamentale que les chercheurs en sciences sociales ont eu trop tendance à sous-estimer. Cette recherche novatrice comble un vide en problématisant une anthropologie du rire. Elle a pour ce faire élaboré une délimitation du risible dans le tissu de la vie sociale et analysé ses structures, ses fonctions, ses pratiques et ses représentations culturellement et historiquement déterminées. La recherche apporte des réponses aux questions suivantes : quelles sont les références du rire ? De quoi rient les Basques ? Quels sont les secrets de fabrication du rire ? Comment procède l’improvisateur basque pour faire rire ? Quelles sont les frontières du rire ? « Basques, dites nous de qui, de quoi et de quelle manière vous riez et nous vous dirons qui vous êtes ». Gidéon Rachman consignait dans un article du Financial Times de Londres la remarque de l’un de ses amis à qui il avait confié l’intention d’écrire un livre : « Ton bouquin ne marchera pas si tu n’es pas capable d’en résumer l’intrigue en une seule phrase qui tienne sur Twitter ». (Rachman, Courrier International, n° 975 : 53) C’est pour nous désormais chose faite, l’avenir sera maintenant seul capable de dire si notre concision extrême sera synonyme de succès. »
Cette semaine Eric Dicharry vient de publier chez l’Harmattan son dernier ouvrage intitulé L’écologie de l’éducation. Un anthropologue à l’école du bertsularisme en Pays basque.

Post Scriptum : Autopotreta bigarren zentzuan ulertu behar da. L’autoportrait doit se comprendre au second degré. C’est une manière de se moquer des personnes qui parlent d’elles à la troisième personne, il/elle ou même au pluriel : nous. Depuis longtemps je milite pour un usage du je en anthropologie.

Dichary

Cette recherche répond aux questions suivantes : Quels sont les secrets pour acquérir des connaissances ? Comment optimiser la transmission des savoirs ? Comment apprendre ? Comment apprendre à apprendre ? Comment improviser pour apprendre ? Comment apprendre pour improviser ? Quels sont les facteurs pertinents qui facilitent les apprentissages ? Sur quels facteurs les enseignants, les parents et tous ceux qui désirent apprendre peuvent-ils intervenir pour faciliter les apprentissages ?

Cet ouvrage répond à toutes ces questions en explorant les nouvelles approches innovantes des sciences de l’éducation relatives aux apprentissages. Il définit ce qu’est une écologie de l’éducation. Inscrit l’écologie de l’éducation dans un projet anthropologique. Pense les articulations à l’œuvre entre l’éducation, la langue, la société, la politique et la culture. Analyse les relations qu’entretiennent ceux qui apprennent avec leur environnement. Repère ce qui peut motiver les apprenants à apprendre. Rend compte des bénéfices qu’ils peuvent en retirer. Par des exemples précis et des propositions concrètes et pratiques, l’ouvrage permet de repenser nos relations au savoir et à la connaissance. Pour rédiger cette recherche et obtenir des sources de première main, l’auteur s’est immergé pendant un an dans deux écoles d’improvisation au Pays Basque, à la bertsu eskola d’Hendaye et à la bertsu eskola d’Irun. L’ouvrage permet de suivre pas à pas l’auteur sur son terrain et de partager avec lui sa quête de connaissance.

Au cours de ses recherches Eric Dicharry vise de manière systématique à l’adoption d’une rhétorique anthropologique produite pour démasquer à la fois les processus réels de la production du texte et ceux ayant trait aux fonctionnements des sociétés observées. Pour ce faire il tente de nous écarter des « conventions d’écriture qui encombre la pratique de l’anthropologie » (Pouillon, 2012). Conscient du fait que le registre de l’anthropologie a tendance à s’enfermer dans une sorte de logorrhée peu appétissante et souvent assez obscure qui occulte ce que les anthropologues sont allés voir, ont entendus, ont sentis et veulent évoqués, il tente en conscience d’introduire de l’organique dans le texte. Cette introduction d’organique vise à percer le filtre qui ferme le passage de la matière vivante qu’est l’enquête et à insuffler du vivant au produit fini incarné par le texte anthropologique. Par cette introduction il critique la tendance de l’anthropologie à reconstituer des sociétés vivantes de manière à en faire des objets scientifiques. Sa quête tend vers l’élaboration d’une écriture anthropologique où le texte respire mieux les choses et les gens. Vers une écriture plus aérée évoquant tout ce qui entoure l’enquête. Vers un texte restituant l’expérience vivante de l’enquête. Expérience d’ordinaire délaissé par les codes convenus.

Pour présenter son dernier ouvrage, intimement persuadé que la responsabilité d’un chercheur est de faire en sorte de maximiser et de valoriser le partage des connaissances acquises au plus grand nombre, Eric Dicharry sera à l’Institut français de Bilbao le mardi 17 septembre à 19 heures, à la librairie EKI de Biarritz le jeudi 19 septembre à 19 heures et à la librairie Elkar de Bayonne le samedi 12 octobre à 17 heures trente.

Bibliographie indicative

Ouvrages

2013                L’écologie de l’éducation. Un anthropologue à l’école du bertsularisme en Pays basque. L’Harmattan.

2013                Le rire des Basques. L’Harmattan.

2012                Du rite au rire. Le discours des mascarades au Pays basque. L’Harmattan

2012                Hormatik Hormaraino, Maiatz.

Articles

2012                 « L’humour et l’absurde en art contemporain: Une étude de cas: l’oeuvre d’Esther Ferrer »,  Revista International de los Estudios Vascos (RIEV), 57.2, 2012; pp. 312-345.

2012                 « Bertsolaritza eta umorea », Bertsolari aldizkaria, 82. zenbakian, Bertsolamintza IV, Txosten monografikoa, Inerziak erantzi garena jantzi, 2012, 42-83.

2010                « Pour une anthropologie de la fête au Pays Basque », Lapurdum, XIV, Revue d’Etudes Basques, Centre de recherche sur la Langue et les Textes Basques, IKER-UMR 5478, CNRS –Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 – Université de Pau et des Pays de l’Adour, Département Interuniversitaire d’Etudes Basques de Bayonne, pp. 33-53, 2010.

2009                « De l’expérience du terrain aux théories ethnolinguistiques », Lankidetza 51, 2009; pp. 461-470.

1998                « Approche ethno-linguistique des mascarades souletines », Cuadernos de lengua y litteratura, Oihenart, n°16, 1998, pp. 87-136.

Articles publiés dans Euskonews et Euskomedia disponibles en ligne

–       « Pour une anthropologie du rire au Pays Basque. » Publication réalisée par la Société d’Etudes Basques Eusko Ikaskuntza. Article publié sur le site d’Euskonews. http://www.euskonews.com/0622zbk/gaia62201fr.html, http://www.euskonews.com/0623zbk/gaia62301fr.html

–       « Anthropologie de l’art contemporain basque au XXIème siècle. » Conférence donnée dans le cadre des conférences d’Eusko Ikaskuntza à la médiathèque de Biarritz en mars 2009. Article publié sur le site d’Euskonews. http://www.euskonews.com/0490zbk/gaia49001fr.html

–       4 octobre 2008. “De l’expérience du terrain aux théories ethnolinguistiques” in Congrès de Basauri (Euskal Herrian folklore eta etnografia ikerketa : atzo, gaur, bihar) organisé par la société d’études basques, Eusko Ikaskuntza, Lankidetza 51, pp. 461-470, 2009. http://www.euskomedia.org/analitica/17238

–       “Approche ethno-linguistique des mascarades souletines” publié dans la revue Cuadernos de lengua y litteratura, Congrès sur le théâtre populaire européen de Bayonne les 13 et 14 mai 1998, Oihenart, n°16, pp. 87-136, Bayonne, 1999. http://www.euskomedia.org/PDFAnlt/literatura/16087136.pdf

–       Pour une anthropologie de la fête au Pays Basque. » Publication réalisée par la Société d’Etudes Basques Eusko Ikaskuntza. Article publié sur le site d’Euskonews. http://www.euskonews.com/0632zbk/gaia63203fr.html

 

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