Enbata fut interdit (I)

Journaux et professions de foi des campagnes électorales d’Enbata en 1967

Fondé le 15 avril 1963 à Itxassou lors de l’Aberri Eguna inaugural du Pays Basque nord, le mouvement Enbata fut dissous le 30 janvier 1974 par décret gouvernemental, à l’initiative du ministre de l’Intérieur, ministre d’État, Raymond Marcellin. Voyons le contexte politique de cette dissolution.

Le mouvement Enbata s’était mis en hibernation en juillet 1968, après cinq ans d’intense activité. En 1967, il avait présenté des candidats sur tous les territoires basques concernés par les élections législatives, puis cantonales. Campagnes brillantes, succès populaire enthousiasmant dans les réunions publiques, mais résultats électoraux limités : près de 5% aux législatives, moitié moins aux cantonales, d’où une grosse déception chez les jeunes militants. Mai 68 aussi était passé par là, avec la propension à mettre en cause des dirigeants un peu plus âgés. De plus, un premier militant de ETA venait de tomber le 7 juin 1968 sous les balles de la Guardia Civil. Nous n’avions pas de martyr à lui comparer. Une partie des jeunes militants regarda le parti des grands frères avec les yeux de Chimène. D’autres décidèrent de se consacrer à l’action culturelle. Le mouvement décida donc de se mettre en sommeil pour un temps indéterminé, mais en continuant à produire le périodique Enbata, qui lui avait d’ailleurs donné le jour. De mensuel, il devint hebdomadaire, en baissant à mon avis de niveau rédactionnel.

Vers la fin de 1970, à l’occasion du procès de Burgos, une partie des militants décida de remettre en marche le mouvement. L’année 1971 fut active dans la pratique militante et dans la recherche idéologique. Le 16 janvier 1972, le mouvement tenait une AG qui entérinait le nouveau cours ébauché l’année précédente. Ses décisions seront publiées dans le Cahier n°4 d’Enbata, bilingue, et intitulé « Objectifs et stratégie – Xedeak eta jokabideak». Nous ne pensions pas alors qu’il servirait un jour de base à l’interdiction de notre mouvement. Nous ne savions pas non plus qu’un autre mouvement couvait dans la jeunesse basque, surtout en Basse-Navarre, territoire peu touché par Enbata entre ses deux points relativement forts du Labourd et de la Soule. Se manifestant pour la première fois en 1972 contre nous à l’Aberri Eguna interdit par le préfet, puis à moitié toléré de Mauléon-Licharre, cette force nouvelle se rassemblera plus tard autour de l’organisation armée IK-Iparretarrak.

L’année 1973 fut sombre pour Enbata, absorbé par la défense de son journal, assailli par de nombreux procès intentés notamment par le préfet : une demi-douzaine ponctuée par de lourdes peines d’amendes et de prison avec sursis. Le pouvoir français cherchait à nous faire taire. Notre solidarité finit par l’emporter, mais à quel prix, et en réduisant les autres formes d’action, la fatigue physique et morale aidant.

La droite française dure du Pays Basque nord aussi s’occupait de nous, avec menace de mort à l’appui : au cours de l’automne 1973, je fus mis en garde par un ancien élève dont un oncle militait dans cette mouvance. Vite après, cette droite-là tint une réunion à Ascain autour du ministre de l’Intérieur et ministre d’État Raymond Marcellin, un dur lui aussi. Selon la presse, ces Basques nationalistes français s’y montrèrent très remontés contre Enbata. Le ministre leur enjoignit publiquement de ne pas bouger, car il se chargerait de régler bientôt l’affaire avec le gouvernement.

Le 20 décembre 1973 à Madrid, un commando de ETA tuait l’amiral Carrero Blanco, successeur désigné de Franco à la tête de l’Espagne. Cet événement modifiait de façon importante le cours de notre histoire. L’avenir du franquisme était fortement compromis. Cette perspective réjouit beaucoup de gens au-delà même du monde basque, particulièrement en Espagne et dans l’ensemble de la gauche à travers les nations. Mais elle devait évidemment inquiéter les dirigeants de la grande voisine française qui avait aussi ses propres Basques, auxquels le mouvement Enbata proposait de se libérer de la France pour s’unir à leurs compatriotes du sud. Foutaises ? Pour le moment certes, mais avec le temps, sait-on jamais ? En tout cas, Enbata semblait aider ici ETA qui prétendait ériger une république basque socialiste par-dessus la frontière franco- espagnole. Suite et fin dans le prochain numéro, en langue basque.

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