Dans le précédent numéro d’Enbata, Jeronimo Prieto, secrétaire territorial du syndicat LAB, dressait le bilan des élections dans les très petites entreprises après les péripéties judiciaires dues à l’acharnement anti-basque de la CGT. Dans cette deuxième partie, il traite des axes de travail que LAB juge prioritaires pour les travailleurs d’Iparralde, notamment la création d’une commission paritaire locale du Pays Basque.
Après avoir traité du litige juridico-syndical qui nous a opposés à la confédération CGT , ces derniers mois, il convient de se remettre en perspective sur le devenir du Pays Basque Nord.
Si les paysans de notre territoire ont su créer un outil propre pour répondre à leurs besoins spécifiques, le secteur privé, toute activité confondue, mais aussi le public, méritent aussi que l’on s’attarde sur leurs cas.
Lors des débats sur la nécessité de la création d’une Collectivité territoriale à statut particulier mené au sein du Conseil de développement, il était apparu une crainte que la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bayonne ne soit absorbée corps et âme par la Chambre Régionale Bordelaise. Il était évident que le pilotage économique de notre territoire depuis Bordeaux se trouverait relégué en question secondaire derrière des secteurs soutenus depuis toujours par la capitale régionale.
Si la question institutionnelle a été tranchée en donnant au Pays Basque Nord sa première reconnaissance publique, il va de soi qu’il convient d’explorer dans tous les domaines possibles la création d’outils qui nous permettent de débattre et décider.
Pour le domaine socio-économique, il s’agit de constituer un “espace socio-économique basque” doté lui même d’outils d’action et décision.
Pour LAB, la réflexion s’est initiée déjà depuis plusieurs années sur le “vivre, travailler et décider au Pays Basque” et c’est pour partager notre vision qu’il nous paraissait important de participer à la commission de dialogue social territorial (DST) créée par le Conseil de développement.
La participation en son sein, d’organisations syndicales de salariés et patronales, permet de recréer les conditions d’un paritarisme à l’échelle de notre territoire. Néanmoins, il faut déplorer l’absence de deux organisations telles que la CGT et le MEDEF qui semblent avoir beaucoup de difficultés à réfléchir “Pays Basque”.
Une commission paritaire Pays Basque
Cette DSTa déjà mis en place des chantiers comme la qualité de vie au travail (QVT) et la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), d’autres sont en voie de concrétisation comme une médiation gratuite entre salariés et employeurs ou encore la mutualisation des oeuvres sociales pour les salariés des TPE.
La DST se trouve aujourd’hui à un moment crucial puisque cette structure va quitter le Conseil de développement pour devenir indépendante. Cette situation doit pour nous se concrétiser par la création d’une Commission paritaire locale Pays Basque administrée par les partenaires sociaux de notre territoire. Ainsi constituée, cette CPL pourrait à moyen terme traiter de tout ce qui touche aux problématiques du travail et créer de la norme juridique au niveau du Pays Basque en définissant des accords interprofessionnels.
Car pour nous, il existe une strate peu définie dans la hiérarchie des normes, celle du territoire qui vient s’interposer entre la branche et l’entreprise.
La participation
à la Commission de dialogue social territorial
d’organisations syndicales de salariés et patronales,
permet de recréer les conditions d’un paritarisme
à l’échelle de notre territoire.
Pour la fonction publique, et la territoriale en particulier, des enjeux nouveaux se définissent.
Suite à la création de la Communauté Pays Basque, il s’agit d’intégrer des salariés avec des statuts professionnels divers. Cette intégration ne doit pas être synonyme de perte de droits.
Des élections syndicales vont être prochainement organisées. LAB réclame que ce soit l’occasion de novation dans la gestion du personnel en créant un Centre de gestion (CDG) à l’échelle du Pays Basque, car si notre territoire est assez mûr pour gérer ses administrés, il doit l’être aussi pour gérer ses agents.
L’heure est donc à la mobilisation et la sociabilisation de ces propositions pour que changement institutionnel rime avec amélioration des conditions de travail de chacun-e-s, mais aussi pour que les choix d’orientations soient débattus et décidés par les acteurs du Pays Basque Nord.