Dans son précédent article sur les municipales, Juliette Bergouignan évoquait l’enthousiasme et les débats à forte participation dans les communes de plus de 1000 habitants, qui s’initiaient au scrutin de liste. Nombre d’abertzale ont ainsi franchi le pas et sont entrés dans les mairies. Elle insiste ici sur l’importance de l’investissement dans les intercommunalités.
Le travail mené avec Bil Gaiten a porté ses fruits, les fondamentaux abertzale ayant marqué les discussions préalables à toute alliance. Mais attention, être élu n’est pas une fin en soi. Si, en ces temps de méfiance et de discrédit de la classe politique, les abertzale, ont connu une avancée, c’est qu’ils sont crédibles, dignes de confiance et qu’on leur reconnaît des compétences.
Maintenant, les lampions se sont éteints, la fête est finie, place à la gestion quotidienne, succession de réunions, de représentations, de prises de décisions pour les élus… C’est justement parce que les abertzale se sont engagés à gérer autrement les affaires, loin des logiques partisanes et politiciennes des grands partis nationaux qu’on leur a fait confiance.
Le travail collectif entamé avant la campagne doit se poursuivre tout au long du mandat. Cela suppose que les élus des communes composant la même communauté de communes se retrouvent pour avoir une vision commune de leur territoire et identifier des priorités sur lesquelles, ils parleront d’une seule voix, sans pour autant négliger l’intérêt de leur commune.
Débat et organisation préalables
L’importance prise par les communautés de communes requiert une organisation et un débat entre abertzale, préalables aux grands choix . La règle des quatre C devrait guider tout élu abertzale :
• cohérence : pour éviter toute cacophonie dans les votes des délégués abertzale dans leur EPCI, il est indispensable de travailler en amont sur les points à l’ordre du jour et d’en débattre y compris parfois en élargissant le débat aux abertzale non élus du secteur.
• confiance : les élus abertzale des différentes communes ne se connaissant pas très bien, il est indispensable de se retrouver pour créer un climat de confiance permettant d’avancer ensemble. Rien ne serait pire que la suspicion découlant d’un manque de communication entre eux.
• compétence : les nouveaux élus doivent pouvoir s’appuyer sur l’expérience des anciens, mais ces derniers doivent aussi être à l’écoute des nouveaux entrants, désireux de comprendre les enjeux. Des formations sont nécessaires pour maîtriser les dossiers, prendre une part active aux débats, mais également pour apporter des idées nouvelles.
• crédibilité : plus encore que pour d’autres élus, on attend de voir si les abertzale sont capables d’apporter une dynamique nouvelle dans les communes et communautés de communes.
Les nouveaux élus doivent pouvoir s’appuyer
sur l’expérience des anciens,
mais ces derniers doivent aussi être à l’écoute
des nouveaux entrants,
désireux de comprendre les enjeux.
Indispensable innovation
Le succès des abertzale passera par leur capacité à innover. Innover sur le fond en prenant en compte le réchauffement climatique avec affirmation nette de priorités écologiques en matière de transport, d’économie énergétique, sociales en revitalisant les centres bourg avec réhabilitation de vieilles maisons en logements à bas loyers, favorisant la mixité générationnelle et sociale, en favorisant le dynamisme économique avec soutien à la production locale et, bien sûr, en accordant toute leur place à l’euskara et à la culture.
Innover également sur la forme : les élus abertzale doivent démontrer leur capacité à faire participer, à rendre compte des actions municipales ou communautaires, à communiquer quartier par quartier pour identifier les besoins. On ne leur pardonnera pas des erreurs de gestion, des accroissements d’impôts locaux ou d’indemnité d’élus en ces temps de crise et de difficultés financières des ménages.
En conclusion, pratiquer la transparence, changer les méthodes de travail, se former, débattre et affirmer une vision partagée de ce pays, telle est la tâche à laquelle doivent s’atteler les élus abertzale. Ce travail suppose une organisation souple et efficace respectant les fondamentaux définis au sein de Bil Gaiten.