Le référendum écossais a suscité bien des remous politiques et médiatiques. Dans le même temps, les flots continus des migrants qui affrontent les remous autrement plus mortels de la Méditerranée ne font guère la une des chroniques. Et pourtant …
C’est donc le non qui l’a emporté en Ecosse. Il faut dire qu’en fin de campagne, de grandes voix, telles que celle de l’ancien premier ministre anglais Gordon Brown, d’origine écossaise, ont pesé de tout leur poids pour convaincre les indécis de l’énorme risque qu’ils prenaient en se coupant de la Grande-Bretagne.
Mais le plus ahurissant furent les commentaires qui se succédèrent. Du président de la Commission européenne, Barroso, aux chefs d’état et hommes politiques espagnols ou français ou aux journalistes des grands media, tous se réjouissaient d’avoir échappé à une grande catastrophe: montée des communautarismes, exigences d’autres peuples…
Restons sérieux, messieurs ! Le monde change et vous refusez d’accepter que les structures politiques s’adaptent à ces changements! Des nations, issues du XIXème siècle on été à l’origine de l’Union Européenne, mais parmi les derniers pays entrés dans l’UE, certains, de taille identique à l’Ecosse, sont très récents. Ils sont nés après les deux grandes guerres mondiales, après l’effondrement de l’URSS ou encore après la guerre des Balkans. Faut-il donc un grand conflit pour accepter la naissance de nations nouvelles ?
Même s’il existe toujours des nostalgiques de l’URSS, de la Yougoslavie ou de l’empire Austro- Hongrois, force est de constater que le monde ne s’est pas arrêté de tourner avec la création de l’Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Slovénie ou de la Croatie.
La mondialisation de l’économie éloigne les gens des centres de décision. Cela renforce le désir de structures politiques efficaces, qui font sens et respectent l’identité des peuples. Avec l’éloignement du pouvoir vers l’Europe, c’est une tendance lourde qui se poursuivra malgré l’échec relatif du référendum écossais. Ces petites nations ont toute leur place dans une Europe des peuples plus intégrée. Comme par hasard, il a fallu le traumatisme du référendum pour que David Cameron annonce que l’Irlande du Nord, le Pays de Galles et l’Ecosse seront dotés de plus de compétences. Tout n’est donc pas perdu et cet exercice démocratique reste exemplaire.
Même s’il existe toujours des nostalgiques
de l’URSS, de la Yougoslavie ou de l’empire Austro-Hongrois,
force est de constater que le monde ne s’est pas arrêté de tourner
avec la création de l ‘Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie,
de la Slovénie ou de la Croatie.
Le drame humain de l’émigration
Sans transition, mais tout autant sous les feux de l’actualité, je voudrais également aborder le drame humain de l’immigration à travers la Méditerranée, auquel se trouve confrontée l’Europe.
Au delà de l’émotion éprouvée à la vue de ces bateaux qui sombrent en Méditerranée avec femmes et enfants, 2.900 en 2014 au lieu de 700 pour toute l’année 2013, revenons sur quelques statistiques : depuis le début 2014, le nombre d’immigrés entrant sur le sol européen par la Méditerranée a triplé.
Plusieurs explications à cela. D’une part, les gens fuient les multiples conflits en Afrique et au Moyen-Orient. D’autre part, depuis 2011, date de l’intervention armée occidentale et de l’assassinat de Kadhafi, l’instabilité politique qui a suivi la mort du dictateur explique également le développement exponentiel des réseaux de passeurs en Lybie. Kadhafi, suite à un accord avec Berlusconi et un versement de cinq milliards de dollars par Rome, faisait office de gendarme de la Méditerranée.
Contrairement aux idées reçues, la France, comme l’Italie, la Grèce ou l’Espagne ne sont, le plus souvent, que des pays de transit. Ce que souhaitent les immigrés, c’est pouvoir travailler au plus vite en Grande-Bretagne, en Allemagne ou en Suède.
L’Europe a mis en place deux dispositifs de patrouille et de sauvetage en Méditérrannée, Frontex en 2005 et Mare Nostrum en 2013 qui va au secours de tout bateau en détresse, mais rien ne parvient à endiguer les flux. Donc, il faudra bien que l’UE s’organise et aide les pays d’origine des migrants.
Même si certains élus font une utilisation politique indigne de l’immigration, les demandes d’asile en Europe ont baissé de 26% en un an. En France, l’OFPRA a examiné cette année 41.000 demandes, soit moins 3.9% par rapport à la même période en 2013 alors que d’autres continents (Océanie, Asie, Amérique…) attirent davantage de flux.
Ne hurlons pas avec les loups. Sachons nous révolter et rester humains. Il n’y a pas de “raz-de-marée” ! Même si le problème est réel.