Si les élections présidentielles Françaises ne laissent pas de place à l’expression politique abertzale, les législatives qui s’en suivent, par leur organisation par circonscription, sont un espace où le mouvement abertzale s’investit depuis des décennies. Penser que voter ne sert à rien, ou ne pas se donner les moyens de contribuer au choix des politiques publiques, c’est oublier les conséquences que cela peut potentiellement avoir pour soi-même ou pour ses proches dans les moindres aspects de sa vie quotidienne.Le jour où nos abstentionnistes se verront refuser l’accès aux soins sous prétexte qu’un ultralibéral aura été élu sur un programme social à l’américaine, on verra s’ils pensent que voter ne sert à rien.
Le premier tour de la présidentielle est passé et a donné le résultat que l’on sait. Reste, comme arrière-goût, le sentiment d’un grand désenchantement vis-à-vis de la politique. Les législatives approchant, nous risquons d’avoir un taux d’abstention important, dont il ne faut surtout pas penser qu’il ne touche pas aussi le monde abertzale.
L’abertzale, ça vote !
En effet, je me souviens personnellement de ce lendemain de premier tour des élections départementales de 2015, celles-là mêmes qui virent EH Bai se hisser au second tour dans cinq cantons.
Tout le monde était content, les félicitations fusaient… Sauf qu’en préparation de ce fameux second tour, nous étions plusieurs à être allés fureter du côté des listes d’émargement du premier tour dans nos communes, histoire de rameuter les abstentionnistes.
Quelle ne fut pas notre surprise à identifier ainsi plusieurs dizaines de gens (près de 200 rien qu’entre Saint-Jean-de-Luz et Ciboure !!), électeurs d’EH Bai voire même militants, faisant parfois partie de ces cohortes qui nous félicitaient pour notre bon résultat, mais qui n’étaient pas allés voter au premier tour !
Près de 200 voix, c’est ce qui permet parfois d’être juste au-dessus ou juste au-dessous de l’accès au second tour. Aux législatives, c’est peut-être ce qui fait risquer le non remboursement de la campagne si d’aventure on frôlait les 5% sur une circonscription. Tous ces gens, que nous avions appelés ensuite pour les remobiliser, avaient de bonnes raisons : pas là ce jour-là, en voyage, au boulot… Et puis il y a les fainéants, ceux et celles qui se sont sûrement dit qu’une voix de plus ou de moins ne changerait pas grand-chose, sans penser que d’autres feraient au même moment le même calcul et que le résultat serait potentiellement désastreux.
On ne m’enlèvera pas de l’esprit que sauf cas de force majeure, il est toujours possible d’anticiper ce que l’on fera un jour aussi particulier qu’un jour d’élection, et qu’il est donc possible de penser à donner une procuration, ne serait-ce que par précaution.
En tout cas, enlevons-nous de l’esprit cette idée fausse que le monde abertzale se mobilise mieux que les autres, ou s’abstient moins. Les faits prouvent le contraire et le cru 2017 ne modifiera probablement pas cette tendance, malheureusement.
D’où l’intérêt d’attirer l’attention de notre base tant qu’il en est encore temps.
Voter, ça sert à rien !
Par contre, il est une race d’abstentionnistes qui me lasse un peu, c’est celle qui nous ressasse d’un air suffisant que voter ne sert à rien et qu’on se laisse berner par cette mascarade électorale.
Je ne parle pas ici de l’abstentionnisme militant, qui a théorisé cette attitude sous une certaine forme de vertu civique. Je ne suis pas d’accord avec eux non plus mais au moins n’agissent-ils pas par paresse intellectuelle, comme ceux à qui je pense ici.
Certes, la parole et l’acte politiques ne présentent pas leur meilleur visage à l’heure actuelle. Affirmer que nous, abertzale, nous ferions autrement et mieux peut peser valeur négligeable face un tel dépit, à la limite je peux le comprendre. Mais, à moins de choisir de vivre en ermite sur une île déserte (dont on aurait la propriété privée et qui serait autosuffisante, bien sûr), nous vivons en collectivité et la vie de chacun dépend du choix électoral des autres, comme la vie des autres dépend en partie de son propre choix.
Or, le jour où nos abstentionnistes tomberont gravement malades mais se verront refuser l’accès aux soins sous prétexte qu’un ultra-libéral aura été élu sur un programme social à l’américaine, on verra s’ils pensent que voter ne sert à rien. Le jour où nos abstentionnistes se plaindront de travailler jusqu’à 70 ans à bas salaire puis retraite de misère, on verra s’ils pensent que voter ne sert à rien. Le jour où nos abstentionnistes verront leur pote syrien se faire expulser vers son pays d’origine, directement dans les bras des tortionnaires d’Assad, on verra s’ils pensent que voter ne sert à rien. Le jour où nos abstentionnistes verront quelques-uns des maigres droits ou moyens accordés à la langue basque être menacés, on verra s’ils pensent que voter ne sert à rien.
Penser que voter ne sert à rien, ou ne pas se donner les moyens de contribuer au choix des politiques publiques, c’est oublier les conséquences que cela peut potentiellement avoir pour soi-même ou pour ses proches dans les moindres aspects de sa vie quotidienne.
Pire, c’est se penser soi-même à l’abri du pire du fait de son niveau de fortune, de sa nationalité, de sa religion, de son genre ou de son inclination affective, mais en oubliant dans le plus abject égoïsme que nous ne sommes pas seuls au monde et que d’autres peuvent prendre en pleine poire les orientations portées par les vainqueurs d’une élection, de droite comme de gauche.
C’est pourquoi il est fondamental de donner sa voix. Si ce n’est pas pour soi-même et avec grande conviction, au moins en gardant à l’esprit tout ce que peut supposer le fait de laisser les autres choisir à sa place.
Mais quand on a en outre une sensibilité abertzale affirmée, c’est d’autant plus important de voter.
Il reste quelques jours avant les élections, et à défaut de vouloir voter soi-même, cela prend seulement quelques minutes d’aller donner une procuration.
Peio. Adierazten dituzun zenbait gauzetan ados izan nintekeen. Gehien bat “ez garela bakarrik bizi”. Baina ni naiz, hegoaldetar eta nafartar, boto emateari itsumisoa izanda urte anitzetan eta edozein unetan itzultzekop gogoz. Ez dela deusetarako balioa botoa emateak? Bai gehienetan balio du maite ez dugun sistima honi bultzada emateko. Balio utilitarioa izan daiteke gure ezkerreko lagun eta abertzaleek pausu bat eman dezatela botere erakunderantz…. Baina, argi daukat herri mugimendu batean oinarritzen ez den hauteskundeetarako iniziatibak ez du deus emanen aldaketa sakon ildotik.
Bukatzeko nire gustuko bi liburu aipatuko ditut:
ENSAYO SOBNRE LA LUCIDEZ José Saramagorena
EL PAIS DE LAS MUJERES Gioconda Vellirena
Mila esker Peio, dena dela, norberaren ardurari ziorika egiten baitiozu zure iritziaren bidez
Izan ongi
Ramon Albistur
Bera, Nafarroa
to, hola ere martxan da:
“le jour où nos électrices/électeurs tomberont gravement malades mais se verront refuser l’accès aux soins sous prétexte qu’un ultra-libéral aura été élu à une élection qu’ils auront légitimé, sur un programme social à l’américaine, on verra s’ils pensent que s’abstenir ne sert à rien. Le jour où nos électrices/électeurs se plaindront de travailler jusqu’à 70 ans à bas salaire puis retraite de misère, on verra s’ils pensent que s’abstenir ne sert à rien. Le jour où nos électrices/électeurs verront leur pote syrien se faire expulser vers son pays d’origine, directement dans les bras des tortionnaires d’Assad, on verra s’ils pensent que s’abstenir ne sert à rien. Le jour où nos électrices/électeurs verront quelques-uns des maigres droits ou moyens accordés à la langue basque être menacés, on verra s’ils pensent que s’abstenir ne sert à rien.”