Appel à l’aide
En avril dernier, l’association Alda a été appelée à l’aide par une locataire de Bayonne risquant de perdre son appartement et son outil de travail. Christelle (nous avons modifié son prénom) vit à Sainte-Croix. Elle est assistante maternelle, et sa situation est emblématique du problème du logement au Pays Basque.
Son propriétaire a décidé de vendre l’appartement dans lequel elle habite depuis 5 ans, dès que le bail aura pris fin. Ce T3 est également son outil de travail, puisqu’elle y accueille et garde les enfants dont elle s’occupe. L’appartement va être vendu à un couple d’une grande ville payant cash. D’après certaines informations recueillies par Alda (mais contestées par le vendeur), il serait destiné à devenir une résidence secondaire.
Logement : le parcours du combattant
Christelle a 8 mois (plus que les 6 mois du délai légal donc) pour racheter l’appartement ou se reloger ailleurs, mais elle n’a absolument pas les moyens d’en payer le prix demandé de 244 000€. Ni d’emprunter cette somme trop haute par rapport à ses revenus, malgré son apport personnel, pour que les banques suivent. Elle tente donc de trouver à se reloger. Et là commence le parcours du combattant.
Pour pouvoir continuer son travail d’assistante maternelle, elle doit retrouver un T3 sur Bayonne ou ses environs immédiats. Mais vivant seule avec 1600 à 1900 euros de revenus mensuels, elle gagne trop pour obtenir un logement HLM et pas assez pour en avoir un dans le privé. On lui exige trois fois le loyer, qui pour un T3 sur Bayonne est désormais d’au moins 750 euros.
La dérive du marché immobilier
Pendant tout cette période, son agence immobilière ne lui propose pas de solution de relogement (une seule proposition faite à 15 jours de la fin du bail et retirée le jour même car le propriétaire l’a finalement loué à une connaissance). Ne s’occupant que de locations à l’année, l’agence a perdu une grande part de ses offres habituelles, que les propriétaires transforment en meublés touristiques, phénomène en pleine explosion sur la côte basque. L’agence prétend qu’elle aurait bien voulu garder cette locataire ne lui ayant jamais causé le moindre problème en 5 ans, mais qu’elle ne peut rien lui proposer d’adapté du fait de cette baisse radicale de l’offre locative à l’année.
En réalité, il se surajoute un nouvel élément qui explique cette absence de proposition de relogement : l’agence applique désormais de manière psychorigide la sacro-sainte règle des 3. Le revenu de la personne doit être 3 fois supérieur au loyer, pas un poil de moins ! Et ce n’est pas le cas pour Christelle, bien qu’elle n’ait jamais eu un retard ou un impayé de loyer, son agence étant bien placée pour le savoir.
Procédure d’expulsion
Le délai fatidique fixé au 17 mai approchant, Christelle demande un délai de 3 semaines supplémentaires à l’agence gérant son appartement. L’agence accepte verbalement 2 semaines supplémentaires mais voyant que la locataire ne trouve toujours pas a se loger, elle lui annonce par mail que la procédure d’expulsion va être enclenchée au 17 mai comme prévu. Christelle va alors rentrer dans le cycle infernal des constats d’huissiers, avis d’expulsion… Et en restant sur place, elle encourt le risque d’être poursuivie en dommages et intérêts pour avoir fait capoter la vente (d’après l’agence, l’acheteur ne voulant pas d’un logement occupé).
La force du collectif
En désespoir de cause, Christelle frappe à la porte d’Alda qui se met aussitôt en ordre de bataille. Courriers à l’agence immobilière, à différents élus, entretien téléphonique avec le propriétaire. Le lundi 3 mai, l’association demande un rendez-vous urgent avec les responsables de l’agence. Il aura lieu le jeudi 6 mai au local d’Alda, place des Gascons. Alda avertit les responsables de son intention d’appeler à des rassemblements publics si la procédure d’expulsion est lancée. Très vite un terrain d’entente est trouvé. Pas d’ouverture de procédure tant que Christelle n’a pas trouvé de solution de relogement. Alda accompagne déjà, depuis quelques jours, Christelle dans ses démarches pour trouver un T3 sur Bayonne, que ce soit dans le parc privé ou dans le parc social.
Christelle va finalement trouver un T3 bien plus rapidement que prévu et pourra l’aménager dès le 5 juin sans qu’aucune procédure d’expulsion n’ait été entamée contre elle. Alda sera présent jusqu’à l’état des lieux final le 7 juin pour s’assurer que tout se déroule bien jusqu’au bout.
Prendre des mesures fortes, et vite !
L’histoire se termine bien pour Christelle qui a tout de même failli se retrouver à la rue et sans travail parce que l’argent tout puissant prime sur le droit des habitantes et habitants d’un territoire à s’y loger. Son cas est hélas emblématique de la situation générale des locataires actuels de la côte basque qui vivent désormais avec une épée de Damoclès sur la tête : se retrouver d’un moment à l’autre à la rue pour que leur appartement devienne une résidence secondaire ou un meublé touristique !
Il est plus que temps de prendre des mesures fortes pour stopper cette dérive inacceptable. Alda va s’employer à en proposer rapidement aux pouvoirs publics locaux.
Si vous également êtes confrontés au même problème que Christelle, ne perdez pas de temps. Contactez Alda sans plus attendre, afin que nous étudions avec vous comment se sortir au mieux de cette situation.
www.alda.eus 07 77 88 89 23 [email protected]
Je suis toujours scandalisée par ces façons d’agir inhumaines. Ce qui compte c’est l’argent; peu importe la vie des gens, leur respect et leur bien-être. Je vis à Toulouse et les moindres studios se vendent dans mon quartier proche du centre-ville et de la gare SNCF à des prix inabordables. Les étudiants ont du mal à trouver un logement. Un exemple: Studio de 19m2 sous le toit, très mal isolé, avec une terrasse de 10 à 12 m2, estimé 140.000 euros! Où est le jeune qui peut se l’offrir? Bravo Alda! oui la lutte pour obtenir un logement semble prioritaire aujourd’hui.
Merci à tous ceux et celles qui s’investissent dans cette lutte Euskal Herrian et ailleurs.