La loi NOTRe a enfin permis une reconnaissance institutionnelle d’Iparralde avec la création de la Communauté d’agglomération Pays Basque. Elle a également changé la nature du Conseil de développement du Pays Basque. Quels risques sous-tend ce changement ? Comment parvenir, comme avant, à proposer une vision à long terme aux élus sur des sujets, parfois polémiques ? Pourra-t-on évaluer les politiques publiques par rapport aux objectifs affichés ? Autant de questions que l’on peut se poser à l’heure de ce tournant important.
Il m’est impossible d’aborder ce nouveau Conseil de développement, sans rendre hommage à l’un de ses acteurs infatigables, Jean-Michel Larrasquet, membre du bureau. Agur eta ohore, Jean-Michel. Tu auras marqué tous ceux qui t’ont approché. Ton humanité, ta gaîté, ta force de travail, malgré la maladie, ton intelligence hors du commun ont toujours été au service de projets collectifs. Alors que le mal te rongeait, jusqu’au bout, tu participais, entre autres, à un projet de formation supérieure à l’intérieur du Pays Basque. Tu as su mobiliser notre réflexion sur d’autres thématiques, comme la revitalisation des petits villages ou les activités économiques de demain, sans oublier l’évolution institutionnelle. Tu avais à coeur de construire un Pays Basque vivant, solidaire et équilibré, capable d’innover pour contourner les contraintes. Tu resteras notre boussole dans les projets de formation supérieure. Contrairement à la plupart des pontes du milieu universitaire, tu avais un profond respect pour tous les acteurs de ce territoire qui renversaient l’ordre établi, pour agir et expérimenter dans les formes nouvelles de production ou d’organisation, plus solidaires et respectueuses des hommes et de l’environnement: paysans, artisans, ouvriers, élus ou chefs d’entreprise, sans distinction… Toi, le professeur des universités, tu avais un regard très critique de ton milieu qui oubliait souvent ses missions de base (formation continue, recherche et enseignement) s’adaptant insuffisamment aux évolutions actuelles. Trop de corporatisme à ton goût, trop d’entre-soi pour être en phase avec la société, en particulier notre société d’Iparralde. A l’époque, à l’IUT, tu as su être réactif et créer plusieurs formations pour accompagner les cadres au chômage ou les PME dans leurs démarches à l’export… Depuis toujours, tu as travaillé avec les universités d’Hegoalde, tant l’UPNA de Navarre que l’Université publique du Pays Basque ou encore l’université de Mondragon avec laquelle tu as beaucoup collaboré. Pour toi, les relations transfrontalières, devenaient des relations très étroites d’amitié. Aberzale, très attaché à l’euskera et à notre culture, en particulier à la culture Souletine, tu étais capable de travailler sur les sept provinces et d’établir des ponts avec élus de tous bords et acteurs économiques et culturels, bien au- delà du Pays Basque. Tout cela pour dire que tu aurais pu nous apporter encore beaucoup au Conseil de développement nouveau. En tant que secrétaire du Conseil de développement du Pays Basque, nous comptions sur toi pour mettre la priorité sur un enseignement supérieur dont les décisions ne dépendraient pas exclusivement de Pau et des seuls universitaires.
Les brainstormings et autres réflexions nous avaient amenés à penser qu’il existait diverses formes adaptées à l’avenir de la formation supérieure ici, notamment le modèle du Collège coopératif permettant d’associer divers partenaires issus du monde de l’entreprise, ou du monde associatif, sans se limiter aux seules instances universitaires pour réfléchir à des priorités, définir les besoins et accompagner de nouveaux projets, en développant des filières complètes et innovantes, en lien avec le territoire.
Si le chantier Formation supérieure est l’une des priorités du CDPB, bien d’autres sujets seront à l’ordre du jour du nouveau Conseil de développement : mobilité, habitat et urbanisme, développement d’activités (emplois industriels, services…) à l’intérieur du Pays Basque, limitant l’impact sur l’environnement, sans oublier l’euskera et la résolution du conflit, grâce à l’implication de la société dans la démarche de justice transitionnelle.
Beaucoup de défis donc que l’ensemble des citoyens doivent s’approprier. Le nouveau CDPB reste sous forme associative, contrairement aux autres Conseils de développement de France qui seront un organe interne des EPCI. Jusqu’à présent constitué de représentants d’institutions, de syndicats ou d’associations, un tiers de ses membres seront dorénavant des citoyens que les projets de territoire intéressent et qui s’impliquent dans des domaines divers.
Si le chantier Formation supérieure
est l’une des priorités du CDPB,
bien d’autres sujets seront à l’ordre du jour
du nouveau Conseil de développement :
mobilité, habitat et urbanisme,
développement d’activités …
La parité (H/F) et de rajeunissement de la structure (la moitié des membres doit avoir moins de 45 ans ) permettront d’impulser des idées nouvelles. Par contre, les élus de l’agglomération ne pourront plus y siéger. Une commission mixte paritaire de 12 membres réunira les responsables du Conseil de développement et les élus de la Communauté d’agglomération.
Espérons que cela n’altérera pas la communication qui fut si efficace précédemment entre Conseil de développement et Conseil des élus, notamment pour obtenir un vote majoritaire en faveur de la Collectivité Territoriale à statut particulier.
Des personnes évoluant dans des mondes antagonistes se sont côtoyées, ont confronté leurs points de vue, ont travaillé ensemble sur des projets communs. C’est la richesse du Conseil de développement que nous devons garder. Solidarité, respect de notre identité et ouverture sont les valeurs qui animent le Conseil de développement. Reste à réussir l’ouverture vers les jeunes et relever l’important défi climatique.