Après les décisions fructueuses de la Chambre d’application des peines, il est important de rester mobilisés en participant notamment, le 7 janvier, à une manifestation massive dans les rues de Bilbo.
Avec les libérations conditionnelles de Ion Parot et Jakes Esnal, la Chambre d’application des peines (CHAP) a pris une position très claire sur le changement radical de contexte au Pays Basque, en isolant, de fait, le PNAT et le Parquet Général dans leurs positionnements réactionnaires.
Après près de trente ans d’application, nous sommes sur le point de mettre un terme à l’une des violations des droits qui, pendant des décennies, a été infligée aux prisonnièr·e·s basques et à leurs familles. La fin de la politique de dispersion. De fait, nous nous devons de passer à une nouvelle étape. Cette nouvelle étape doit ouvrir la voie au traitement global de la question des prisonniers et des exilés, et de l’ensemble des conséquences du conflit. Il est temps que les prisonnier.e.s et exilé·e·s rentrent chez eux auprès de leurs proches. C’est l’étape du retour. Maintenant le retour !
Vigilance
Pourtant, notre vigilance doit rester constante, nous ne pouvons baisser la garde ! L’Audiencia Nacional et le PNAT sont toujours-là pour s’opposer à toute avancée et mettre à mal les décisions validant les changements des dispositions juridiques concernant la dispersion et les libérations conditionnelles. L’article 36 du Code pénal espagnol stipule que le troisième degré relatif au statut des prisonniers, ne peut être accordé qu’après la moitié des peines accomplies. Après quoi, ils peuvent accéder à une libération conditionnelle. Actuellement, 32 prisonniers du Pays Basque Sud ont obtenu un avancement de degré ratifié, mais 21 d’entre eux ont fait l’objet d’un appel du ministère public, parmi lesquels plusieurs d’entre eux ont été renvoyés en deuxième degré et donc réincarcérés. L’attitude du ministère public espagnol et celle de l’Audiencia Nacional, consistant à entraver le retour au pays des prisonniers basques, n’a pas de limite. La réincarcération d’un prisonnier qui a été libéré est d’autant plus cruelle, inhumaine et scandaleuse qu’elle n’a qu’un but : celui de refuser toutes les avancées des mesures pénitentiaires incarnant un processus de paix.
Dernièrement, Joseba Arregi a ainsi été réincarcéré. Il a plus de 76 ans, dont près de 31 passés en prison. Il souffre de multiples pathologies liées à son âge et aux nombreuses années derrière les barreaux. En juin 2019, il avait purgé les trois quarts de sa peine espagnole et si les 10 ans de la peine qui lui avait été infligée en France avaient été comptabilisés, il aurait été libre depuis plusieurs années. Sa réincarcération est cruelle, à vrai dire inhumaine.
PNAT aux aguets
D’autre part, un PNAT passéiste, ne cessant de remettre en question l’évidence d’une paix qui se construit malgré l’absence de volonté des Etats, est toujours aux aguets. Rappelons l’arrestation deux jours avant la libération de Ion Parot, de l’ancien prisonnier Patxiku Guimon, lié à un dossier vieux de près de 25 ans, qui nous alerte sur les velléités passéistes et belliqueuses de cette chambre. S’y ajoutent ses positionnements lors de demandes de libération conditionnelle et lors de procès. Un nouvel accident de la route est survenu il y a quelques jours, concernant la compagne de Xabier Goienetxea incarcéré à Lannemezan, alors qu’elle rentrait de visite. Il s’agit du deuxième accident de la route survenu cette année. Ces dernières années, ce sont plus de 400 accidents de la route qu’ont vécus les familles. 16 proches de prisonniers y ont perdu la vie. Ces situations ne peuvent et ne doivent plus arriver ! Les prisonnier.e.s doivent retourner auprès de leurs proches, cela n’a que trop duré.
Le 15 décembre tou·te·s à Dax
Neuf ekintzaile, Artisans de la Paix(1), vont être jugés le 15 décembre à Dax pour avoir participé à la journée de blocage du 23 juillet et concrètement, pour avoir entravé la circulation de trains sur le réseau SNCF. Le 23 juillet, ce territoire a su, dans sa diversité et sa complémentarité, créer les conditions d’une mobilisation de désobéissance forte, une mobilisation historique, à l’image de notre détermination pour qu’enfin, la question des prisonniers et du processus de paix avance. Les 1700 personnes qui ont participé à cette journée, connaissaient et assumaient les risques encourus. Certains blocages ont entraîné des amendes, d’autres des arrestations avec mises en examen. 20 personnes devront comparaître devant les tribunaux de Dax et Bayonne. Le 15 décembre soyons nombreux à Dax pour soutenir et exiger la relaxe de ces neuf Artisans de la Paix.
Le 7 janvier, nous remplirons à nouveau les rues de Bilbo pour exiger le retour des prisonnièr·e·s. Bilbo sera, une fois de plus, un moment important pour tracer le chemin qu’il nous reste à parcourir afin d’atteindre nos objectifs. Cette année, il y aura une seule manifestation à Bilbo. Ce 7 janvier et à partir de ce jour, nous nous efforcerons de parvenir à la mise en oeuvre d’une politique pénitentiaire qui bannira à jamais les mesures d’exception appliquées jusqu’à présent aux prisonniers politiques basques. Soyons nombreux et nombreuses le 7 janvier à Bilbo(2) pour réclamer le retour des prisonniers chez eux ! Etxera bidea gertu!
(1) Annabelle Meyer (Isturitze), Alice Leiciagueçahar (Uharte Garazi), Anita Lopepe (Ainiza), Julien Simon (Baiona), Olivier Hirigoyen (Baiona), Panpi Sainte-Marie (Landibarre), Betti Uhalde (Aiherra), Regis Eneriz (Baiona) et Laurent Vetorrel (Baiona).
(2) Manifestation à 17 heures, le 7 janvier des bus seront organisés pour s’y rendre