C’est une perte et une peine immenses. Michel Berhocoirigoin s’est éteint dans le village de Gamarte, où il est né et a toujours vécu, et d’où il a rayonné loin, très loin. C’était un sage, d’une grande humanité, d’une capacité visionnaire autant que d’un talent pédagogique admirables. Mixel forçait l’amitié, le respect. Il n’a pas fini de nous inspirer.
Paysan basque, par existence autant que par essence, il pensait l’universel et chacun de ses engagements était au service de valeurs universelles. Sa manière de défendre l’identité, la langue, la culture ou la souveraineté basque était un combat en faveur de la richesse, de la beauté et de la capacité de résilience d’un monde non uniformisé, non globalisé. Son travail pour l’agriculture paysanne était sa contribution à une société socialement plus juste, humainement et écologiquement plus soutenable. Son engagement dans les Artisans de la Paix était sa manière de concilier paix et liberté, le refus de la violence tout autant que celui de la résignation à l’oppression ou aux injustices.
Parmi les innombrables souvenirs que je garderai de Mixel, tous plus forts et marquants les uns que les autres, je n’en citerai qu’un ici, une discussion entre lui et Albert Jacquard, à laquelle j’ai eu le privilège d’assister. Cette scène m’avait frappé car il en émanait quelque chose de spécial. La même intelligence et la même bienveillance brillaient dans les yeux du paysan de Gamarte et du scientifique de Paris. Je réalisai que j’avais là 2 géants, pourtant tellement humbles et accessibles. Je lisais entre eux une complicité naturelle, spontanée, évidente. Ils venaient de faire connaissance et pourtant ils se comprenaient totalement, immédiatement, ils étaient en symbiose.
Milesker Mixel bihotz bihotzetik, merci pour tout ce que tu nous as donné, appris, montré.
Doluminak familiari. Beti arte Mixel.