Avec qui sauverons-nous l’euskara ?

Ateliers «Se connecter aux mondes de l’euskara» animés par Plazara.

L’euskara se trouve à un carrefour critique de son histoire. Alors que les découvertes récentes tendent à confirmer que cette langue a traversé les siècles, on ne peut toujours pas considérer qu’elle est sauvée. En particulier sur les territoires où elle ne bénéficie d’aucun statut officiel.

Ces dernières décennies, l’euskara a connu un fort déclin en Iparralde. La mobilisation massive et sans relâche de la société civile a permis de voir poindre une lueur d’espoir. En effet, depuis une douzaine d’années, le nombre de locuteurs se stabilise et la procédure de réappropriation s’accélère chez les jeunes générations. En parallèle, l’adhésion populaire et l’attachement à cette langue sont en croissance également.

Pour autant, la situation de l’euskara reste extrêmement préoccupante. L’attractivité du territoire engendre un important phénomène d’arrivées qui fait que la proportion d’euskaldun régresse.

Langue minorisée plutôt que minoritaire

Si pendant des années on a considéré l’euskara comme une langue minoritaire, il est plus juste de dire qu’elle est minorisée. Et cela pour deux raisons. La première c’est que c’est bien une action volontaire de l’État français de combattre ces langues territoriales. Les nombreuses revendications légitimes, même les plus simples, sont systématiquement refoulées. Cela fait longtemps que l’on a dépassé le cap de l’indifférence ou de la méconnaissance, à présent c’est bien la volonté d’uniformité linguistique d’un pouvoir parisien englué dans des thèses jacobines qui pèse sur nos langues. La deuxième raison, c’est que les enquêtes sociolinguistiques démontrent que si la pratique et la connaissance restent basses, les attitudes et le nombre de personnes concernées prouvent qu’une majorité de la population se sent partie prenante de cette bataille linguistique.

Une politique linguistique, pour qui ?

C’est en partant de ce constat que des Uztariztar ont participé aux divers ateliers visant à élaborer la feuille de route de la politique linguistique communale. Une question est très vite apparue dans le processus. Comment sauverons- nous l’euskara et sur qui compter ? Si la politique linguistique s’adresse seulement aux 20 % de locuteurs, nous n’y parviendrons pas. Assez naturellement, les membres de la commission extra-municipale ont souligné la néces- Avec qui sauverons-nous l’euskara ? sité de mener des actions envers les différents publics.

C’est ainsi qu’avec l’aide de Plazara, qui a accompagné l’ensemble du processus, une segmentation a été faite. Non pas pour coincer les gens dans des cases : au contraire, beaucoup se retrouveront entre deux typologies et d’ailleurs, comme tout processus, celui de la réappropriation de la langue basque est évolutif donc personne n’a vocation à rester éternellement dans sa catégorie. Mais en tout cas, cette classification a le mérite d’identifier les types de publics et ainsi de cibler des actions selon les personnes que l’on souhaite sensibiliser.

Refuser la fatalité

La participation active des responsables associatifs, des élus et des agents communaux dans cet exercice montre qu’à Uztaritze —mais c’est aussi le cas dans les autres communes— une part significative de la population est prête à prendre sa part dans la préservation et l’activation de l’euskara. Le vote unanime en conseil municipal donne cette force à cette feuille de route.

Il n’y a pas de fatalité mais il y a urgence. Activer tous les leviers possibles au niveau local et continuer de construire le consensus nécessaire pour peser sur les décideurs politiques hexagonaux. Malheureusement, les nouvelles parisiennes ne sont pas réjouissantes en matière d’examens en euskara, de reconnaissance des filières immersives ou de budget alloué à la politique linguistique.

Cette bataille se gagnera localement, en obtenant plus de compétences au niveau du bloc communal. Elle se gagnera individuellement en se questionnant sur nos actions personnelles, nos choix et nos modes de vie en euskara. Mais l’enjeu est également collectif et il est intéressant de voir qu’en ce début d’année, trois municipalités (Baiona, Urruña, Uztaritze) ont voté leur « plan euskara ». D’autres communes leur emboîtent le pas. Alors osons garder une pointe d’optimisme et maintenons la pression.

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