“Devant une telle insistance de la société civile et des élus basques, l’Etat peut-il continuer à ignorer ces requêtes ?” .
Au lendemain de la manifestation ayant réuni plusieurs milliers de participants en faveur de la résolution du conflit et de la paix, la question est évidente au point d’être repris en sous-titre d’un article du principal quotidien d’Iparralde.
Tous les parlementaires du territoire, des Conseillers Généraux et Régionaux, plusieurs dizaines de Maires dont les 3 du BAB, des centaines d’élus avaient soutenu l’appel à manifester.
Samedi, lors de la mise en place du cortège, il y avait quelque chose d’inhabituel, une sorte d’effervescence, une excitation particulière. Les conversations étaient ponctuées par les « tu as vu qu’un tel est là ?…. », et les journalistes ne savaient pas « où donner » du micro…
Au départ de la manifestation les applaudissements ont salué les premiers pas effectués par les familles brandissant les portraits des preso.
Derrière la banderole de tête, les représentants syndicaux et les élus suivaient. Toutes les sensibilités politiques (à l’exception du FN) y étaient représentées… A leurs passages, les applaudissements ont continué. L’émotion était présente.
Les prises de paroles qui ont ponctué la fin du rassemblement ont souligné le coté ‘historique’ de la manifestation. Il est à craindre que ce consensus ‘local’ ne modifiera en rien l’attitude des gouvernements français et espagnol. Sans doute pas. Mais il va y contribuer.
C’est un argument de plus pour tous ceux qui continuent à croire au coté réellement démocratique de nos Etats. Comment qualifier des gouvernements qui ne respectent pas leurs propres règles ? Les prisonniers basques devraient bénéficier des mêmes droits que tout autre prisonnier. La Cour Européenne des droits de l’homme a même condamné l’Espagne à ce titre et obtenu la libération de dizaines de détenus, maintenus en détention de manière arbitraire.
C’est un argument de plus pour les négociateurs internationaux d’Aiete, Kofi Annan, Gerry Adams, Pierre Joxe, Gro Harlem Brundtland et Jonathan Powel, qui cherchent à engager les Etats concernés dans un processus de dialogue.
C’est un argument de plus pour le Gouvernement français qui « ne se sent pas concerné » malgré la centaine de prisonniers détenus dans ses prisons et son alignement « indéfectible » à la position intransigeante espagnole.
C’est aussi un argument pour tous ceux qui ne croient pas aux « liens » qui ont pu se tisser entre les acteurs politiques, syndicaux, associatifs lors des différentes campagnes autour de la collectivité territoriale, Laborantza Ganbara, l’euskara ou la situation d’Aurore Martin entre autres… Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux pour se rentre compte à quel point les positions évoluent. Un jeune responsable UMP s’étonne de se retrouver à tenir la même banderole que Philippe Poutou… Sans doute plus déconcertant pour lui que de défendre la paix au Pays Basque et les droits des prisonniers avec les abertzale… Des débats s’engagent sur la toile entre amis, au sein d’une même famille politique, librement… « je t’ai vu à la télé, à la manif… », « tu fais quoi avec les basques ? »… Les clivages ne sont pas toujours là où on pense… Mais du moment qu’on arrive à en parler c’est plus un problème.
Créer le dialogue : c’était un des objectifs de la manif.