Alerte sur le problème de la prolifération des meublés de tourisme permanents, type Airbnb, qui grignotent à une vitesse exponentielle le parc des logements loués à l’année. Il faut réagir au plus vite. Des solutions, légales et efficaces, existent.
Sur la Côte basque comme dans de nombreuses régions ou villes européennes, la prolifération des meublés de tourisme permanents commence à poser des problèmes de plus en plus préoccupants.
Dans les zones touristiques, il devient plus rentable pour les propriétaires de proposer leurs logements pour de courts séjours (vacances scolaires, week-end prolongés) que de les louer à l’année.
Faites vousmêmes les comptes : un T2 loué 600 euros par mois rapporte 7.200 euros à l’année. Louez-le 1.000 euros par semaine en juillet et en août et pendant les deux semaines de Noël et du réveillon, 600 euros par semaine de vacances restante, 300 euros pour une dizaine de week-end prolongés. Vous avez plus que doublé votre mise, et vous pouvez vous faire bien plus en augmentant ces prix tout ce qu’il y a de plus bas. Qui résisterait ? Le pire étant que les propriétaires louant leur logement en meublé de tourisme bénéficient d’abattements fiscaux beaucoup plus avantageux que les propriétaires louant à l’année.
On marche sur la tête !
Danger sur le parc locatif à l’année Résultat : des milliers de maisons et d’appartements sont retirés du parc locatif à l’année. Des appartements, voire des immeubles entiers sont rachetés comme investissements spéculatifs. Leurs anciens locataires sont priés de quitter les lieux à la fin du bail, et doivent aller se reloger ailleurs. Pour eux en général, ce sera plus cher (car les prix explosent) et plus loin de leur travail. Les gens qui restent perdent leurs voisins et gagnent des allées et venues de valises à roulettes et de personnes pouvant faire la fête et du bruit toute la nuit sans avoir peur de se mettre à dos des voisins que l’on ne croisera plus la semaine suivante.
Dans une région aussi attractive que la Côte basque, le phénomène semble connaître une croissance exceptionnelle. Je dis “semble” car nous n’avions jusqu’à présent pas de chiffrage de ce problème. En effet, il faudrait tout d’abord distinguer parmi les 26.700 offres de locations saisonnières en meublés de tourisme celles qui sont le fait de particuliers louant juste une chambre de leur appartement ou une partie de leur maison pour mettre un peu de beurre dans les épinards. Ou les logements entiers loués quelques semaines quand leurs occupants partent en vacances. Ces pratiques n’aggravent en rien la crise du logement actuelle, au contraire. Elles absorbent une partie des touristes sans empiéter sur le parc locatif à l’année. Puis, il faut savoir repérer les doublons. Le même logement peut par exemple être proposé sur Airbnb et sur Booking ou Le Bon Coin.
Déjà 6.000 à 7.000 logements en moins pour les familles d’ici !
L’association Alda a procédé à ce calcul complexe, avec beaucoup de méthode et de rigueur, mais avec des moyens militants donc forcément plus limités que ceux des institutions publiques. Et elle a rendu publique pour la première fois, ce mercredi 16 mai, une estimation du problème. Une estimation volontairement basse pour être inattaquable, appuyée sur une note méthodologique détaillée remise à la presse locale.
Ce premier chiffrage public démontre qu’il y a aujourd’hui en Iparralde au moins 6.000 à 7.000 logements entiers loués toute l’année sous forme de meublés de tourisme via les sites Airbnb, Abritel, Le Bon Coin, Poplidays, etc. Ce chiffre —en progression constante— est énorme !
Pour bien en prendre la mesure, il faut rappeler ici que le parc privé locatif en Iparralde était composé en 2017 de 41 670 logements loués à l’année.
Des moyens légaux et efficaces pour enrayer ce phénomène
Au vu des données expliquées plus haut, et de la prolifération inquiétante de ce phénomène, il est urgent de prendre des mesures pour l’enrayer et protéger le parc locatif à l’année. Sinon, les dégâts peuvent vite être énormes et en trois ans à peine, à chaque renouvellement potentiel de bail, on risque fort de perdre des milliers de logements supplémentaires.
Des mesures légales et efficaces existent et sont appliquées dans des villes comme Bordeaux, Strasbourg, Nantes, Lyon ou Paris. Par exemple, la compensation qui oblige à mettre un logement en location à l’année pour tout meublé touristique proposé. Un tribunal de Lyon vient d’ailleurs de condamner une propriétaire à 21.000 euros d’amende (qui seront versés à la commune) et à remettre dans le parc locatif classique son appartement, qu’elle louait sur Airbnb et sur Booking sans respecter cette règle de la compensation.
Un tribunal de Lyon vient de condamner
une propriétaire à 21.000 euros d’amende (à payer à la commune)
et à remettre dans le parc locatif classique son appartement,
qu’elle louait sur Airbnb et sur Booking
sans respecter cette règle de la compensation.
Alda a réalisé une vidéo d’une minute particulièrement pédagogique pour expliquer le problème et ses solutions possibles au grand public, et a lancé une pétition qui a recueilli plus de 1000 signatures en à peine cinq jours. Intitulée “Se loger pas spéculer”, elle est adressée à la Communauté d’agglomération Pays Basque pour lui demander d’adopter au plus vite les mesures permettant de protéger le parc des locations à l’année, pour que les secteurs les moins riches de la population puissent continuer à vivre et se loger au pays.
Et le projet de la mairie de Bayonne sur la zone des vins Duprat, que recouvre-t-il, au fait ?
Ici, c’est pas Disneyland !
merci de rajouter mon nom pour la petition contre les locations air bnb
Claudine Mailharro
Il faut absolument interdire aux propriétaires Parisiens, Bordelais, Luxembourgeois etc d’investir ici pour se faire du fric grâce aux plateformes de locations !!!! On ne peut pas les interdire totalement, alors laissons ce droit, cette option aux locaux souhaitant louer de temps en temps leurs résidences PRINCIPALES pour mettre un peu de beurre ds les épinards, hors saison ! Bravo ALDA !!!