ENBATAk 60 urte
Rendre visible, nommer, c’est faire exister ! Le mouvement abertzale aura, très tôt, mis la problématique du foncier sur la place du village. Crédit inoxydable pour le mouvement !
Le phénomène d’urbanisation que connaît la Côte basque est une forme migratoire que l’on constate sur toute la planète. Aucune particularité basque sur ce volet-là. Donc, pourquoi en parler ? Herria ez da salgai! Le Pays Basque n’est pas à vendre ! Une diversité d’acteurs, sur des modes complémentaires a oeuvré pour ramener chacun de nous à une réflexion collective, ceci, dès les années 70. Dès lors, ce qui ailleurs est perçu comme inéluctable, est perçu ici comme un défi que nous devons relever collectivement. Alors que le prix des logements monte en flèche le mouvement abertzale réagit sous deux formes complémentaires.
La destruction de certains symboles a été un temps utilisée pour médiatiser la problématique du logement. Dans le même temps, et peu à peu de façon générale, l’opposition aux promoteurs du tout béton s’est muée en sensibilisation à l’adresse de la population. Tracts, plaquettes, conférences de presse, occupation d’immeubles en construction ne respectant pas les règles du logement social, dénonciation de prix excessif de terres agricoles, édition de la boite à outil législative mise à la disposition des élus … trop peu utilisée.
Extraction de biens, du marché immobilier
Fin des années 70, un groupe de personnes lance le GFAM Lurra qui devient bientôt Lurzaindia. Objectif : acheter les terres agricoles sous forme de personne morale d’initiative populaire et en réserver l’usage à l’agriculture nourricière. Les acquisitions se multiplient. La tâche est immense, les fonds manquent. Nous savons que l’outil le plus adapté à la protection du foncier se trouve dans sa propriété commune ! En 2007, l’association Etxalde voit le jour, cette fois-ci, sur le thème du logement. Le schéma est très voisin de celui du GFAM, son frère ainé. Propriété incessible. La sécurité du logement est garantie aux habitants. En 2019 , cette fois sur le terrain de l’urbanisme, la majorité du Conseil Municipal d’Ustaritz, sur une proposition abertzale, décide de réduire la surface urbanisable de la commune. Une grande première !
Acte 1 : La bataille de l’information est gagnée. Vive l’acte 2 !
Nous pouvons regretter notre peu de poids face à la bétonisation. Pourtant, grâce à l’identification précoce du phénomène, la sensibilisation de la population a gagné les cercles les plus éloignés du mouvement abertzale. Une Coopérative Ouvrière du Logement, un Etablissement Public Foncier Local, deux Offices Fonciers Solidaires, peu de territoires peuvent se targuer d’avoir de tels outils d’intervention sur le marché. Ce n’est qu’un début.