Jusqu’à la mobilisation du 1er juin à Bayonne en faveur d’une collectivité territoriale, Enbata.info propose, chaque semaine, une rencontre avec les différents promoteurs de ce projet…
Quatre questions à Martine Bisauta, Maire-Adjointe de Bayonne en charge du Développement Durable et de la Participation Citoyenne et membre de la plateforme BATERA
Enbata.info : Alors qu’on vit une crise multiple (économique, sociale, écologique, etc.) sans précédent, pourquoi vous mobilisez-vous pour une Collectivité Territoriale ?
Martine Bisauta : «Il est évident que nous traversons en Europe des temps difficiles avec une crise économique qui frappe durement une très grande partie de la population. Il ne faut pas négliger non plus, la crise écologique qui est sans précèdent dans l’histoire de l’Humanité. C’est sans doute un moment décisif pour avoir sur l’ensemble des problèmes une réflexion globale mais pour chercher aussi des solutions locales au plus près de nos besoins. L’ordre institutionnel français est un modèle à bout de souffle, il peine à répondre aux défis modernes et l’enchevêtrement excessif des lieux de décision le rend totalement inefficace. Le Gouvernement en est conscient puisqu’il a lancé un 3ème Acte de décentralisation. Le Pays Basque s’est engouffré dans la brèche et porte un projet innovant et créatif.»
Enbata.info : Comment montrez-vous ou expliquez-vous à la population l’intérêt et l’urgence de cette revendication ? Bref, quel angle chaque citoyen pourrait utiliser pour aborder le sujet avec “ses voisins” ?
Martine Bisauta : «Ce n’est pas forcément aisé. Nous sommes dans une construction institutionnelle et donc par essence complexe et qui peut apparaître comme une volonté de créer encore un machin supplémentaire, une assemblée de plus. Il n’en reste pas moins que c’est un sujet central au Pays Basque, car nous sommes toujours à la recherche d’une existence juridique pour le territoire. Cela peut paraître irrationnel vu de l’extérieur, mais chaque mobilisation a démontré, qu’une large part de la population était très réactive sur ce thème. Nous constatons aussi qu’avec des outils comme les deux conseils, un travail considérable a été accompli, des projets inestimables ont vu le jour et des centaines de personnes participent très régulièrement à des travaux qui demandent beaucoup d’engagement. Le Pays Basque fait sens, il y a ici une légitimité historique, culturelle et géographique. Si l’on ajoute à cela la nécessité d’un lieu de décision de proximité bénéficiant de compétences qui auront un impact direct sur l’aménagement du territoire, sur le développement économique, les relations transfrontalières, je crois que n’importe quel habitant du Pays Basque peut saisir les enjeux pour l’avenir !»
Enbata.info : Pourquoi et comment êtes-vous arrivés à travailler ensemble via une Coordination Territoriale ?
Martine Bisauta : «Le besoin d’une coordination regroupant toutes les entités favorable à la création de la Collectivité territoriale a paru être une évidence après le vote solennel du Conseil des Elu-es le 24 novembre 2012. Dans un moment où, ailleurs, les tensions sont permanentes, je trouve que ce consensus est remarquable et exemplaire. C’est ce qui intrigue à Paris, ce qui dérange aussi. L’expérience du Conseil des Elu-es et du Conseil de Développement constitue un socle fort. Les Elu-es, les acteurs de la société civile ont appris à travailler ensemble, et ceci peut expliquer cela. Cela ne gomme pas les divisions, mais démontre la capacité à les dépasser pour œuvrer dans un même but, considéré comme essentiel.»
Enbata.info : Pourquoi se mobiliser le 1er juin ? L’idée c’est de contourner le fatalisme du type “Comme on “ne peut attendre le miracle sur la Collectivité Territoriale”, la mobilisation ne risque-t-elle pas de paraître “une course pour une vaine chimère””
Martine Bisauta : «Cette mobilisation est indispensable. Nous sommes dans un moment crucial, nous devons démontrer que ce projet n’est pas la fantaisie de quelques uns mais bien qu’il représente une aspiration très profonde pour une très large majorité de la population. Et pour cela, une manifestation est incontournable ! En juin la Coordination s’exprimera à Paris, le débat ne doit pas se cantonner au plan local et un soutien très large le 1er juin aura une signification forte. Tout n’est pas joué, ce combat doit être mené jusqu’au bout, dans la longue marche du Pays Basque pour sa reconnaissance, c’est une mobilisation qui fera date ! Alors c’est un appel vibrant que nous lançons, le 1er juin nous devons être et nous serons des milliers dans les rues de Bayonne !!»