1963: Enbata organise l’Aberri Eguna d’Itxassou, acte fondateur du mouvement abertzale en Pays Basque Nord. 50 ans après, Eusko Ikaskuntza et la Fondation Manu Robles-Arangiz proposent un retour aux sources de l’abertzalisme d’Iparralde. Dans quel contexte a-t-il surgi, quelles réactions a-t-il suscité, quel a été son cheminement, qui étaient ces pionniers et en quoi leurs actes et réactions de l’époque marquent-ils encore le mouvement abertzale d’aujourd’hui ? Mieux connaitre notre passé pour mieux comprendre notre présent et préparer notre avenir, telle est l’ambition de ce Colloque qui se déroulera le samedi 20 juillet au Musée Basque de Bayonne, de 9h30 à 16h15.
En guise de présentation de ce colloque, l’historien Jean-Claude Larronde membre d’Eusko Ikaskuntza répond aux questions d’Enbata.info.
Qu’est-ce qu’Eusko Ikaskuntza et quel est son parcours en Iparralde ?
La Sociedad de Estudios Vascos–Eusko Ikaskuntza est née en 1918 au Congrès d’Oñati, fondée par les quatre « Diputaciones » du Pays Basque péninsulaire avec pour but de défendre et promouvoir la culture basque et de réunir tous ses fervents partisans. De son sein, sortira l’année suivante Euskaltzaindia, l’Académie de la Langue Basque. Après une interruption due à la dictature franquiste, Eusko Ikaskuntza a repris ses activités après la mort de Franco.
En Iparralde, une antenne autonome s’est créée il y a une vingtaine d’années avec les mêmes buts. Elle a signé des conventions avec une quinzaine de communes afin d’organiser des animations culturelles ponctuelles, elle donne des Bourses à des étudiants qui rédigent des masters ou des thèses sur le domaine basque, elle organise des conférences, des Journées d’Etudes et des colloques. Son président actuel est Jean-Michel Larrasquet.
Comment et pourquoi avez-vous organisé un colloque sur les sources de l’abertzalisme en Iparralde ?
Il est apparu au Bureau d’Eusko Ikaskuntza que le cinquantenaire du Mouvement Enbata constituait un événement important. Nous avons pensé qu’il convenait d’organiser un colloque sur ce thème, en prenant soin de le dissocier des commémorations qui ont eu lieu au mois d’avril dernier. Nous voulions prendre un peu de recul, nécessaire à une réflexion en profondeur. Nous nous sommes rapprochés de la Fondation Robles Arangiz pour lui proposer d’organiser conjointement ce colloque, ce qui a été accepté par cette dernière. Nous pensions en effet que nos associations pouvaient être complémentaires sur un projet tel que celui-là. Nous espérons d’ailleurs pouvoir poursuivre cette collaboration dans l’avenir pour d’autres projets ponctuels.
Quelle importance y attache Eusko Ikaskuntza ?
Eusko Ikaskuntza attache une grande importance à ce colloque. Cinquante années, c’est une distance qui peut paraitre énorme aux jeunes générations, mais pourtant c’était hier et la meilleure preuve, c’est que participeront à ce colloque des protagonistes de l’époque et d’ailleurs, parmi les plus importants. Nous les remercions chaleureusement. Les plus jeunes pourront constater que leur enthousiasme est intact, que leur foi dans le Pays Basque est la même. Leurs témoignages – de même que les différentes interventions des historiens – serviront peut-être à certains participants au colloque dans leur engagement militant d’aujourd’hui.
Ce colloque doit faire aussi le point sur la société basque d’il y a cinquante ans, doit montrer l’importance et la nouveauté des idées d’Enbata. Certaines de ces idées sont toujours d’actualité ; on le voit bien aujourd’hui avec les débats sur la Collectivité Territoriale du Pays Basque. Partant de là, plusieurs débats peuvent être lancés parmi lesquels : pourquoi Enbata n’a-t-il pas davantage «percé» ? Pourquoi a-t-il fait l’objet dans certains milieux d’un rejet (« Enbata zikina ») ? Et dans l’hypothèse où Enbata aurait commis certaines erreurs, il est important de les connaitre et de les identifier car évidemment il est inutile de les reproduire.
Quelle suite sera donnée à ce colloque ?
Nous demanderons leur texte aux historiens et nous essaierons d’enregistrer les débats des Tables Rondes dans le but de publier les Actes de ce colloque. Nous pensons qu’un tel ouvrage pourrait être un complément utile à l’excellent livre de Jon et Peio Etcheverry-Ainchart, publié cette année.