La Communauté forale de Navarre représentée par sa présidente la socialiste María Chivite, et la Communauté autonome basque avec son président le PNV Iñigo Urkullu, ont signé le 10 décembre un accord de collaboration entre les deux institutions qui regroupent les quatre provinces de Hegoalde. Il porte sur 29 domaines correspondant à leurs champs de compétences.
L’accord a été précédé d’un séminaire regroupant six ministres de chacun des deux gouvernements. Le chapitre le plus important de ce “traité de bonne correspondance” concerne la politique linguistique, le renforcement de la connaissance et de l’usage de l’euskara. Il prévoit le développement de la langue basque dans l’enseignement, l’échange d’élèves entre les deux communautés, dans la pratique du sport, les loisirs, l’environnement digital, le monde économique et les médias.
Cet accord fait suite à celui signé en 2016 avec la précédente présidente navarraise, l’abertzale Uxue Barkos. Il portait sur la diffusion d’Euskal Telebista dans la province.
Dans le droit fil de l’accord, Maria Chivite a proposé le 22 décembre à Iñigo Urkullu de coordonner leurs luttes contre le Covid. Les quatre provinces subissent une vague de contamination deux à trois fois plus forte que celle qui s’abat en Espagne.
Un tel rapprochement pourrait être banal, il constitue en réalité un évènement politique. Pendant des années, lorsque l’UPN-PP dirigeait la Navarre, les deux Communautés du Pays Basque se sont tourné le dos. Le président d’alors, Miguel Sanz, pratiquait un anti-basquisme primaire, allant jusqu’à quitter l’Euro-région qui regroupait l’Aquitaine, Euskadi et Navarre. Le même Miguel Sanz refusa de réunir un organe commun de relation pourtant envisagé en 1996 par son prédécesseur le socialiste Javier Otano et prévu dans la Constitution espagnole de 1978. La présidente Uxue Barkos mit sur les rails en 2015 les premières mesures de collaboration, avec en particulier le retour de la Navarre dans l’Euro-région.
La signature du 10 décembre devrait poursuivre le mouvement dans le bons sens, en gommant peu à peu une des fractures historiques qui divise notre nation.