Les Basques ne sont ni plus ni moins vertueux que les autres peuples. Les élus qui martèlent tel un mantra que “ce sont les Basques qui vendent” veulent surtout se dédouaner de leur manque de courage politique et de volonté d’encadrer plus fortement le marché du foncier et de l’immobilier.
Depuis quelque temps, il est de bon ton chez les agents immobiliers et quelques élus de répondre aux journalistes qui les interrogent sur la crise immobilière au Pays Basque par l’affirmation suivante : “les premiers responsables ce sont les Basques, ce sont eux qui vendent”. Parmi eux, Claude Olive, qui ces derniers temps répète cela tel un mantra.
Une médiocre sociologie
“Ce sont les Basques qui vendent” ! Mon Dieu, mais quel énorme scoop ! Étant ici au Pays Basque, il y avait effectivement pas mal de chances qu’on trouvât des Basques en nombre parmi les gens qui vendent. Si Claude Olive continue ses recherches plus avant, je suppose qu’il parviendra même à prouver que ce sont aussi les Basques qui enfreignent le plus souvent les limitations de vitesse sur les routes locales. Et peut-être même notre sémillant sociologue découvrira t-il aussi que parmi les gens qui parlent le basque, il y a une majorité de Basques… Au-delà de la boutade, il est évident que depuis que le foncier est devenu un bien recherché –en gros depuis le développement du tourisme de masse ici, durant ces dernières décennies–, les propriétaires de ce foncier étant les locaux ce sont bien eux qui ont vendu. M. Olive, chargé de “Stratégie et action foncières” au sein de la CAPB, oublie d’ailleurs allègrement que depuis plus de 50 ans les biens fonciers comme immobiliers se sont tellement vendus et revendus, et à des acheteurs d’origines si diverses, que la part des Basques parmi les vendeurs est probablement devenue minoritaire aujourd’hui. Mais peu importe, la question pour moi n’est pas de savoir si ce sont les Basques qui vendent, ou pas. Des Basques qui vendent, il y a en a beaucoup et les abertzale l’avons toujours reconnu ; et ils vendent souvent le plus cher possible. Par contre, M. Olive laisserait-il entendre que les Basques vendent plus cher que les autres, en un essentialisme qui sentirait plutôt mauvais par les temps qui courent ? J’espère que non car cela n’aurait aucun sens. Les Basques ne vendent pas en fonction de leur nationalité mais en fonction de leur intérêt de propriétaire. Comme les autres. Devant l’appât du gain il n’y a ni Basque, ni Français, ni Papou, il n’y a que des vendeurs qui veulent gagner le plus d’argent possible. C’est vil mais c’est humain : qui peut prétendre être assez fort ou assez vertueux pour refuser une somme d’argent parfois mirobolante, qui lui permettrait de s’assurer un meilleur confort de vie, de sécuriser ses vieux jours, de financer les études de ses enfants, que sais-je encore ? Vu de l’extérieur cela paraît simple, mais une fois que les zéros s’alignent sur une promesse de vente cela se complique assurément. Il en va de même de tous ces gens qui louent au prix fort, ou qui renoncent à la location à l’année parce que le saisonnier rapporte davantage, voire même revendent avec profit un bien acquis en accession sociale à la propriété !
Une problématique économique et sociale
À ce jeu-là, les Basques ne sont ni meilleurs ni pires que les autres et M. Olive ne se grandit guère à laisser entendre que l’origine de la crise du logement tiendrait dans la nationalité des vendeurs, comme si cela dédouanait les autres voire lui-même. Les abertzale, en tout cas, ne cessons de le répéter : la problématique du foncier et du logement n’est pas ethnique mais économique et sociale. C’est une pure logique de marché dans lequel la demande étant bien plus forte que l’offre, les vendeurs parviennent à fixer des prix toujours plus élevés, bien aidés en cela par certaines catégories fortunées d’investisseurs prêts à payer toujours plus cher. Bien aidés aussi par des promoteurs, agents et autres intermédiaires immobiliers qui, contrairement à l’image d’honnêtes techniciens dont ils cherchent à se parer auprès de l’opinion publique, accentuent les tendances haussières de ce juteux marché.
Les “petzero” dans cette affaire, ce sont tous ces gens locaux ou venus d’ailleurs qui aimeraient bien vivre et travailler au Pays Basque, éventuellement y fonder une famille, mais qui n’ont pas les revenus suffisants ou n’ont pas eu la chance d’hériter un bien immobilier –ou mieux, foncier– ici. Face à cette situation inéquitable, il n’y a que deux attitudes : soit considérer que le marché du logement doit rester libre, comme n’importe quel autre marché, et laisser faire ou n’agir qu’au minimum ; soit considérer que le logement est un bien primordial et décider de l’encadrer bien plus fortement. Là réside alors la responsabilité des pouvoirs publics, depuis le législateur qui crée le cadre de toute action jusqu’au plus petit des maires qui va décider de la nature et du volontarisme de cette dernière.
Peser dans la rue, le 20 novembre
Le mouvement abertzale n’a pas attendu ces derniers mois, encore moins la fuite en avant observée depuis la crise sanitaire, pour servir ici d’aiguillon dans ce domaine. Face à lui, il y a eu et il y aura toujours des Olive s’en lavant les mains, considérant presque que les “Basques” n’ont que ce qu’ils méritent ; des Irigoyen taclant ces abertzale qui “s’agitent”, feignant d’oublier que c’est de leur agitation qu’est née une partie des mesures qu’il peut lui-même appliquer aujourd’hui ; ou des Etchegaray portant un PLH qui choisit de construire davantage et évite d’affronter les divers lobbies de l’univers immobilier, sacrifiant les priorités environnementales. On le sait, la droite et le marché libre sont de vieux amis.
Peu importe. Devant l’étendue du problème et de ses conséquences, il faut continuer à aller de l’avant. Ne rêvons pas, le marché étant d’abord affaire d’êtres humains, ni les Basques ni les autres ne cesseront spontanément de vendre hors de prix, d’investir dans une résidence secondaire ou de louer à la semaine. Si l’on veut réguler ce marché et ses multiples acteurs, il faut pousser les pouvoirs publics à le faire. C’est tout le sens de la manifestation du 20 novembre prochain, manifestation d’une population qui subit une crise mais qui peut et doit elle-même se faire actrice de sa résolution.
Milesker Peio,
Même si je ne suis pas toujours d’accord avec certaines de tes prises de positions, là je suis d’accord avec l’ensemble de ton papier.
PLUS ANTI BASQUE QUE LE CITOYEN OLIVE, TU MEURS !!!
Peio, commencerais-tu à douter de la pertinence de ton choix en faveur de JR Etchegaray ?
Sans doute M. Etcheto aurais fait un meilleur candidat et un meilleur maire que M. Etchegaray !?
Mais on délire un peu la !
M. Etchegaray a réussi a conserver Mme Durruty et Mme Bisauta , intégré LREM ( Plus par pitié que nécessiter ) et Mme Hardouin .
M. Etcheto n’a jamais créer les conditions pour devenir maire . Il as éjecter M. Bergé et fait en sorte que les Abertzale le méprise .
Monsieur B.
Manifestement vous ne connaissez rien à la réalité bayonnaise. Avez-vous jamais parlé à un socialiste ou à un communiste bayonnais ? Avez-vous jamais essayé de construire une véritable alternative à gauche ? Avez-vous négocié avec messieurs Etcheto et Duzert ? Moi je réponds “oui” à toutes ces questions et je me revendique pour le moins autant abertzale que vous, et ce sans même savoir qui vous êtes. Si je peux m’autoriser un conseil, en tant que laudateur de JR Etchegaray, vous seriez bien plus crédible si vous sortiez de l’anonymat pour assumer publiquement vos propos. 🙂
Mon choix en faveur de JR Etchegaray? Mais où tu as vu ça, Xan, moi qui avais l’an dernier refusé de signer la lettre ouverte des abertzale en sa faveur et plaidé et voté en AG d’EH Bai en faveur d’une présentation d’un candidat abertzale à la présidence de l’agglo?! Tu peux être opposé à certaines de choses que je dis ou que je fais mais merci de ne pas en inventer, otoi!
Je te prie, publiquement, de m’excuser. Je te pensais toujours porte-parole d’EH Bai au moment des dernières élections municipales et, donc, je t’ai attribué la prise de position de ton parti contre Etcheto. A tort. Barkatu, lagun ! En même temps, comme dirait l’autre, je n’ai remarqué aucune prise de position publique de ta part en faveur du rassemblement de toute la gauche bayonnaise pour battre la droite et son champion, JR Etchegaray. Cela m’aura fait “inventer” des raccourcis qui n’ont pas lieu d’être. Merci de me les rappeler, si jamais elles m’avaient échappé. Ceci dit, et pour en revenir à ta tribune ci-dessus, j’en apprécie tout autant la sincérité que la force politique. Oui, Peio, dans beaucoup de domaines, ni les abertzale ni les basques, ne sommes pas forcément plus exemplaires que les “gabatx” et autres “parigots” de Neuilly-sur-Nivelle. Nous avons notre part de responsabilité dans la vente du Pays basque nord. Et c’est pour ça qu’il est salutaire de nous réveiller enfin massivement. Mais comme tu le dis très clairement, nous n’avons pas toutes et tous le même degré de culpabilité. JR Etchegaray, par exemple, est 100 000 fois plus responsable que le “salaud de basque” de base qui essaye de vendre ses biens spéculatifs au plus cher. Alors, oui, cette manif était belle. Mais ce n’est que le début d’un réveil politique indispensable. 🙂
Lasai, Xan, deus ez da graberik. Par acquit de conscience, et sans vouloir relancer la guéguerre des municipales bayonnaises de l’an dernier, tu n’as pas vu de prise de position publique de ma part pour la simple raison que je me le suis interdit en tant que non-Bayonnais (l’agglo par contre, concerne tout le monde). Cela m’aurait gonflé qu’on me dise que faire à Saint-Jean-de-Luz depuis Bayonne, Tardets ou ailleurs, je ne me voyais donc pas donner la leçon aux Bayonnais à l’inverse. Quant à Etcheto, je ne le soutenais pas davantage qu’Etchegaray. Pour finir, JRE a le droit le plus absolu de manifester quand et où il le veut, mais sa présence ainsi que celle de Roland Irigoyen à Bayonne samedi m’a semblé pour le moins inopportune. Je rappelle que le premier appel à cette manif a été lancé par EH bai au printemps dernier précisément le jour où tous deux faisaient voter à l’agglo le PLH. Dans le genre récup’, on fait difficilement mieux…
Merci de ces précisions. Si toi tu as cru bon de ne pas t’immiscer dans la “guéguerre” bayonnaise, d’autres n’ont pas eu cette prévention. Ceci dit, je tiens à te rappeler que le fondement de la bataille bayonnaise était bien et est toujours un affrontement GAUCHE contre DROITE, et non pas celui de l’affrontement entre un Etcheto réputé jacobin antibasque et un Etxegaresti “abertzalo-compatible”, ainsi que veulent nous le faire croire les obligés du maire de Baiona.
Tu as parfaitement raison Xan, Henri Etcheto est seulement « réputé jacobin anti basque ». En réalité, il est très proche des abertzale. Certes, il le cache un peu, mais les faits sont là pour prouver ses belles convictions pro-basques. Il a voté en faveur de la création de la CAPB. Il y siège et mène en son sein une beau boulot d’opposant de gauche. Il a approuvé les travaux de réhabilitation du collège de Seaska Estitxu Robles ; il a ardemment soutenu les Artisans de la paix et voté pour l’érection du monument en faveur du processus de paix. On dit même qu’il est très écologiste : il a déclaré être contre la traversée de la ligne LGV en Iparralde. Tous les enregistrements du conseil municipal bayonnais qu’a ressorti Enbata et qui montrent le contraire ne sont que de vulgaires faux, des montages informatiques minables, des fake-news. Il n’y a que ces réacs d’Enbata pour oser faire des choses pareilles. Et malheureusement les abertzale croient ce qui est écrit dans ce torchon de droite et votent en conséquence.
A l’époque où Etcheto faisait ses belles déclarations quasi abertzale, son patron, le locataire socialiste à l’Elysée, se payait un coiffeur à 10.000 e par mois. C’est cela être de gauche, payer grassement ses salariés. Et en plus, le locataire annonçait qu’il allait pratiquer la déchéance de nationalité, une vraie mesure de gauche, et… il faisait voter au parlement une super loi de gauche, la loi El Khomri, du sur-mesure pour le peuple de gauche.
Cher Xan, tu me fais rire et en même temps pleurer. Tiens, « en même temps », là aussi un joli truc inventé par un ex-ministre socialiste…
“Ces basques qui vendent”.
“Ces français qui vendent”.
“Ces québecois qui vendent”.
Les loyers au Pays Basque ne sont pas abordables. D´autre part, le prix de l´immobilière au Pays Basque est l´un des plus haut de la France.
Nolakoa da Quebec-eko etxebizitzaren politika?.
“Il n’est pas gentil M. Olive avec nous”…mais il ne fait juste qu’énoncer une des, nombreuses, causes de la situation. Mais cela vous déplaît car c’est une partie de la réalité…
Ou comment ne pas assumer ses responsabilités et toujours rejeter la faute sur les autres!
En parlant de pouvoirs publics, vous en faites partie, aussi trouvez-les solutions miracles auxquelles vous faites allusion !!!
De toutes façons, discussion sans fin et sans issue car trop d’intérêts divergents…
Bonne journée M. Etcheverry.
D.
L’ article est excellent comme souvent et la cause juste (je serai de la manif du 20).
Quant à la critique justifiée de JR Etchegaray, que votre journal a contribué à faire élire largement, trop largement, elle met en évidence les fortes contradictions du mouvement abertzale. Après l’ ultra droitier arrêté anti SDF, et maintenant la politique immobilière à Bayonne (JR c’ est Baiona Salgai), on peut se demander si l’ abstention n’ aurait pas été un choix plus judicieux dans la perspective des combats futurs. Un peu tard pour en faire le constat.
Je pense que faire de M. Olive un des champions anti-indépendantistes en Pays Basques est une erreur . Et penser qu’il chercherait a devenir un jour président de l’agglomérations Pays Basques , c’est mal le connaitre ! Alors oui il as un coté patriotique Français , mais c’est plus pour les photos et caméras ! Par contre si Xavier Bertrand gagnent la présidentielle . Je pense qu’il va se présenter comme députer . Non M. Laflaquière est bien plus idéologue que lui .Il veut faire de Anglet une sorte de St Tropez en allant méme se débarrasser des usines et de l’abattoir .
Il faut quand même arrêter de reprocher aux abertzale d’avoir fait perdre la gauche à Bayonne. D’abord ce n’est pas de la gauche mais des socialistes. Ensuite ce n’est quand même pas de notre faute si le PS local n’est pas capable d’aligner autre chose qu’un anti-basque pour perdre ses élections. Je rappelle quand même qu’Etcheto est aussi en faveur de la LGV et que s’il était maire de Bayonne, André et Xan feraient sans doute moins la leçon. Peio a raison de critiquer un élu qui au lieu d’agir se contente de répéter que ce sont les basques qui vendent. C’est complètement con de dire ça. Que je sache, à Paris on ne dit pas que ce sont les parisiens qui vendent, ni à Lyon que ce sont les Lyonnais, ni à Lille que ce sont les Lillois, mais par contre dans ces villes les élus mettent au point des dispositifs pour protéger les locations. Et c’est plutôt là qu’on attend (toujours) Olive.
Encadrer les loyers est possible mais ne conduira qu à une saturation rapide des biens offerts à la location. Si vous souhaitez faire baisser les prix des loyers, il faut réformer ces lois qui protègent squatteurs et mauvais payeurs. Cela conduit les propriétaires sur la voie de la location saisonnière. Vôtre réflexion est volontairement tronquée. L immobilier, achat ou location est un marche d offre et de demande, la maîtrise d un bas prix passe forcément par une politique incitative. Plutôt que de tenter de limiter en montrant le bâton. On ne régule pas un marché, cela mène à des aberrations , on l’accompagne pour l emmener ou l on veut. La loi Pinel est un succe à cet egard