La commémoration du bicentenaire de la mort de l’Empereur le 5 mai, fait des vagues aux Antilles. En février 1794, la Convention vote un décret qui affranchit tous les esclaves et en fait des citoyens français. La Constitution de 1795 met fin au régime colonial, la Guadeloupe, la Guyane et Saint-Domingue deviennent des départements français soumis aux mêmes lois que la métropole. Mais Bonaparte, peu après son coup d’État du 18 brumaire, rétablit ce régime colonial et ses lois spécifiques, avec l’article 91 de la nouvelle Constitution de 1799. Pire, la loi du 20 mai 1802 proclame que “l’esclavage sera maintenu conformément aux lois et règlements antérieurs à 1789”.
Bonaparte envoie un général à la tête de 3 500 hommes pour écraser la rébellion guadeloupéenne commandée par le colonel Louis Delgrés. L’expédition fait environ 6 000 morts, le dernier carré des 300 rebelles se suicide à Matouba, 3 000 Guadeloupéens sont déportés en métropole. Par le décret napoléonien du 16 juillet 1802, les anciens esclaves guadeloupéens, affranchis huit ans plus tôt, renouent avec la servitude. Il faudra attendre le printemps 1848 pour que la IIe République mette fin à l’esclavage.
Aujourd’hui, en Guadeloupe, la présidente socialiste du conseil départemental refuse que sa collectivité s’associe aux commémorations napoléoniennes, “sauf pour renvoyer le seul écho qui soit possible de ce côté de l’océan: l’écho de notre douleur”. Du 5 mai, bicentenaire de la mort de Napoléon, au 28 mai, anniversaire de la défaite de Louis Delgrés, deux édifices de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre “resplendiront d’une lumière rouge sang, symbole de la cicatrice de notre histoire que ces commémorations raviveront”.