Sortie du cauchemar

EuropaKobid
L’Édito du mensuel Enbata 

Tournons la page d’une année sinistre dominée par un virus qui a endeuillé l’ensemble de la planète dont le dernier mois a cependant dessiné une nouvelle année fortement chargée en rendez-vous politiques dont certains solliciteront les abertzale.

Le 14 décembre, en effet, lors d’une très longue rencontre d’Emmanuel Macron avec les 150 acteurs, tirés au sort, de la Convention citoyenne, a été convenu qu’une de leurs 146 propositions sera soumise à referendum constitutionnel avant la fin du quinquennat. Ainsi, s’ouvre dès ce jour un débat public qui s’emparera de l’ensemble de la société hexagonale sur le thème du climat. A commencer, dès ce printemps, par le Parlement qui devra voter un texte en termes identiques, comme le veut la procédure pour la modification de la Constitution, afin de l’inscrire à son article premier, à savoir: “La République garantit la préservation de la biodiversité, de l’environnement et de la lutte contre le dérèglement climatique”. Cet ajout constitutionnel n’est pas simplement symbolique. Il permettra au Conseil constitutionnel de récuser toute loi non-conforme aux enjeux écologiques et offrira à tous les citoyens le droit de l’interpeller directement dans le cadre d’un procès (QPC).

La classe politique française est ainsi mise au pied du mur alors qu’elle s’élance dans la dernière ligne droite des élections présidentielles 2022. Mélenchon et Le Pen ont dit “non” ! Les Verts ont dit, “oui” ! Le PS est plutôt favorable et la droite LR, majoritaire au Sénat, est embarrassée. Beau sujet de réflexion chez les abertzale d’Iparralde.

Les abertzale seront aussi confrontés à un calendrier électoral bien chargé: élections départementales et régionales, reportées de mars à juin pour cause de Covid-19.

En assemblée générale le 7 novembre, EHBai a décidé de présenter des candidats, encartés ou pas mais avec son étiquette clairement affichée, dans tous les cantons basques. C’est le signe d’un parti conforté dans sa mission et sa vision sociétale par le succès remporté aux municipales du printemps dernier. Rappelons que les nouveaux cantons élargis sont représentés, au scrutin majoritaire à deux tours, par deux élus à parité homme-femme. Une avancée démocratique est là largement à notre portée. Il nous faut tous y prêter la main en participant aux travaux des sections locales revivifiées par la présence, depuis peu, d’une déléguée de l’exécutif central.

L’AG, en revanche, n’a pas voulu concourir aux élections régionales organisées le même jour à la proportionnelle de liste à l’échelon départemental. On peut comprendre sa réticence face à un scrutin peu adapté à notre territoire. Regrettons cependant que soit écartée une alliance possible avec les Verts en position de gagner cette élection régionale, après leur percée en juin dernier dans les grandes métropoles. Négocier une place éligible sur leur liste permettrait de porter la voix abertzale en Aquitaine comme le député Paul Molac porte la voix des abertzale bretons à l’Assemblée nationale. Le report de ces élections nous permet de revoir notre position, d’autant que nous risquons une situation identique aux législatives de 2022 si François Bayrou parvient à obtenir la proportionnelle intégrale de liste départementale.

Nous avions laissé, dans l’édito du mois dernier, la relance économique et le budget pluriannuel de l’Union européenne à la merci du veto des régimes illibéraux de Hongrie et de Pologne. Le sommet des chefs d’État et de gouvernement des 10 et 11 décembre a fait sauter ce blocage tout en ne cédant rien sur le fond du différend: le mécanisme d’attribution des fonds européens reçus par ces deux pays sera toujours lié à leur respect de l’Etat de droit. Tout reprend donc son cours. Dès avril prochain, après ratification par les parlements nationaux, les 750 milliards d’euros du plan de relance seront attribués aux entreprises innovantes de ce continent y compris celles du Pays Basque nord et sud. En quelques mois, l’UE a démontré sa capacité à emprunter ensemble et à ramener deux partenaires égarés à ses valeurs démocratiques et de solidarité.

Il aura fallu quatre ans et demi de chaos politique et institutionnel pour que le referendum des Britanniques sur le Brexit, du 26 juin 2016, trouve son épilogue le 24 décembre 2020. Londres, dans ce laps de temps, a consommé trois Premiers ministres, vu deux auto-dissolutions et réélections de son Parlement, repoussé trois projets de traités de divorces avec l’UE présentés par Theresa May, acté une condamnation historique de Boris Johnson par la Cour suprême pour vouloir suspendre illégalement le Parlement, en septembre 2019, afin de pouvoir négocier les mains libres avec les 27… Londres, enfin, a offert le spectacle de la violence et de l’insulte au cœur du plus ancien Parlement démocratique. Images déplorables d’un Royaume désuni au bord de l’implosion qui fit crever dans l’œuf les velléités de mimétisme, un temps affichées, par le Rassemblement national de Marine Le Pen et les populistes italiens de Matteo Salvini. Face à ce mélodrame existentiel outre-Manche et contre l’attente des Anglais de diviser pour mieux régner, les 27 ont manifesté une unité sans faille, faisant sortir l’UE plus forte de cette épreuve. Ce traité de libre-échange du 24 décembre 2020 ouvre à la Grande-Bretagne un marché unique de 450 millions de consommateurs, sans taxe ni quota mais avec obligation de respecter des normes fiscales et environnementales. Il recrée en revanche les lourdes formalités de douanes et de sécurité sanitaire pour lesquelles la France, pour ce qui la concerne, vient de créer 1000 postes de douaniers et de vétérinaires. Lorsque l’on sait que la moitié des exportations britanniques se fait avec le continent, régi par des règles qui lui seront imposées, on peut paradoxalement y voir là une forte dépendance à l’heure où l’on entend renouer avec une pleine souveraineté. La City de Londres, première place financière mondiale, est exclue du traité, comme prend fin son “passeport euro”, tout comme est exclu Erasmus pour nos étudiants et alors qu’est levée la menace de l’interdiction aux Européens de pêcher dans sa zone maritime. Par ailleurs, le non-rétablissement d’une frontière physique entre les deux Irlande ouvre de fait le processus de réunification de l’île. L’Écosse, qui a voté à 62% contre le Brexit, entame déjà sa campagne de rupture avec l’Angleterre. A l’heure du bilan, le Brexit apparaît essentiellement comme une manifestation du nationalisme anglais. Chaque soubresaut du divorce avec l’UE alimente les partisans de l’indépendance écossaise et ceux de la réunification de l’Irlande. Il permet de mesurer la fragilité de l’état multinational du Royaume-Uni qui, en y jouant avec le nationalisme et la souveraineté, a pris le risque d’attiser la flamme de l’irrédentisme de ses nations captives. Le Brexit a ouvert, dans l’Europe du XXIe siècle, un nouveau processus inédit de la question nationale interpellant au premier chef la Catalogne et le Pays Basque.

A l’orée de 2021, apparaît une bonne, une très bonne nouvelle qui dissipera le Covid 19. Le vaccin est là… Alléluia!

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One thought on “Sortie du cauchemar

  1. En lisant l’article en travers la première fois, je me suis dit que la conclusion de l’article était un trait d’humour. Mais je viens de me frotter les yeux et… non, décidément, pas de second degré dans ces deux dernières phrases.
    Nous avions eu le réquisitoire “anti-complotisss” de Martine Bisauta, mêlant (ou même bêlant selon la doxa mainstream) des arguments géopolitiques et “scientifiques” des plus arbitraires, au demeurant très difficiles à rapprocher. On peut se demander qui est le complotiste dans l’affaire, finalement… même si Martine Bisauta a “l’excuse” d’être politiquement engagée.
    Voici un “réjouissez-vous mes frères pour 2021” qui sauce son discours de guerre d’Etat anti-covid19, comme si un steak haché devait forcément être accompagné de sauce tomate sucrée industrielle. Eh non, je n’avais pas rêvé : la propagande d’Etat a bien imprégné jusqu’à mon cher journal abertzale, celui qui prônait l’indépendance et la pluralité culturelle dans une perspective laïque. Oui, on peut simplement tourner la page de toute une année quand on n’a pas eu le courage, ni même l’idée en l’espace de 10 mois de poser des questions basiques sur la plus formidable agression contre la société qui ait jamais eu lieu. Jamais l’idée d’indépendance n’a été autant mise en danger (et pour si peu) ici et ailleurs.
    Reste à déterminer si Enbata a eu au moins l’intelligence de réclamer un peu de sous à Pfizer pour payer ses rotatives, ou si elle préfère la voie de St Augustin et se contente pour avaler tout ce pataquès liberticide et puissamment destructeur au niveau social, d’un béat “Alléluia” ?
    Mais peut-être ne suis-je pas encore assez réveillé, qui sait ?

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