Elle, bayonnaise, est serveuse à l’hôtel du Palais de Biarritz et lui, biarrot, est employé à l’usine Suez du côté de la technocité. Ils se retrouvent inopinément au milieu de la nuit dans une peña aux fêtes de Bayonne. Au fil des heures, la conversation, très sérieuse au début, s’engage vers des chemins de traverse : la désinhibition gagne du terrain...
Elle : Untxa Patxi ?
Lui : Barkatu bainan euskara ez dut mintzatzen. C’est la seule phrase que je connaisse en basque. Et malheureusement je ne m’appelle pas Patxi.
Elle : Philippe alors ?
Lui : Euh… Tu ne vas pas rire si je te le dis ? C’est René.
Elle : Oh, putain ! Ça c’est un prénom rustique ! Apparemment, ce n’est pas toi qui a choisi ! T’as du faire un procès à tes parents, non ?
René : En fait, ils m’ont donné “Peyo” avec un “y” en deuxième prénom. Ils pensaient que c’était mieux d’avoir d’abord un prénom français.
Elle : Pourtant, dans les années 80, on commence à se déniaiser au niveau de l’état civil. L’administration française lâche du lest… Moi, mes parents m’ont appelée Amaia.
René : Oui, mais les miens, à ce moment là, ont peur d’être assimilés à des “baskoï” ou des “Enbata zikina”. En plus, il paraît que dans ces années là, c’était chaud entre le GAL et les Etats français et espagnol d’un côté et ETA et Iparetarrak de l’autre…
Amaia : C’était même brûlant ici, il paraît. Une trentaine de morts et autant de blessés… Sur le BAB, la Côte… Et même sur l’intérieur…
René : Mes parents m’ont dit que c’était le PSOE au pouvoir en Espagne qui avait organisé tout ça avec la complicité de l’Etat français. Il paraît que le GAL a subitement disparu dès que la France a organisé une grande rafle policière à la fin 87 avec des dizaines de perquisitions, 300 arrestations et 200 réfugiés basques directement livrés aux mains de la police espagnole sans aucun procès…
Amaia : Je me demande s’ils auraient osé organiser un G7 à cette époque à Biarritz…
René : On entend de ces trucs. Qu’ils vont installer un tribunal de campagne à “la place verte” au Petit Bayonne, que les magasins seront barricadés à Bayonne, qu’aucune opération n’est prévue à l’hôpital pendant le G7, que les associations de soutiens aux migrants organisent des camps et des exfiltrations sur l’intérieur…
Amaia : Hé bé, çà promet ! Bon, t’as pas des choses plus marrantes à raconter ?
René : Oui, c’est vrai, on est là pour se changer la tête, quand même ! Té, si tu n’avais plus qu’un jour à vivre, qu’est ce que tu ferais ? Ben, moi j’irais en Soule, ils ont un siècle de retard !
Amaia : Quatre vieux basques discutent assis sur un banc. “To !” dit le premier. “Bah !?” fait le second. “Dia !” renchérit le troisième. Le dernier se lève et dit : “Bon, si vous continuez à parler politique municipale, moi, je me casse !”.
Quatre vieux basques
discutent assis sur un banc.
“To !” dit le premier.
“Bah !?” fait le second.
“Dia !” renchérit le troisième.
Le dernier se lève et dit :
“Bon, si vous continuez à parler
politique municipale,
moi, je me casse !”.
René : C’est un mec qui finit de bouffer dans un resto à Biarritz et qui demande l’addition. Le patron lui apporte. Le mec la lit et s’exclame : -Cent vingt euros ? Dites moi, vous allez bien faire une petite réduction à un confrère, non ? -Pourquoi vous êtes restaurateur ? -Non, je suis voleur.
Amaia : C’est quoi les Landes ? Les Landes, c’est un pin, un con, un pin, un con, …. Et le Pays Basque ? Ben, y’a pas de pin.
René : Ils se rencontrèrent, ils se regardèrent, ils s’aimèrent et se marièrent. Et ils ne firent qu’un. Oui, mais lequel ?
Amaia : Le contraire de la libido, c’est le bide au lit.
René : Ben, tu sais, on ne dit pas “Je suis hétérosexuel”. On dit “Je suis allé au sexuel”.
Amaia :A part “Tu me manques”, “Je t’aime” et “Je ne peux pas vivre sans toi”, … Quelles autres blagues tu connais ?
René : Et celles-là de Desproge, tu les connais ? – Il ne faut pas désespérer des imbéciles. Avec un peu d’entraînement, on peut arriver à en faire des militaires. – Je me suis fait auprès de ma femme une solide réputation de monogame. – Ma femme est très portée sur le sexe. Malheureusement, ce n’est pas sur le mien.
Amaia: Y’a deux copines qui discutent ensemble : -Tu fumes après avoir fait l’amour ? – Je sais pas, j’ai jamais regardé !
René : Si aujourd’hui tu n’achètes pas Durex, demain tu achèteras Pampers !
Amaia : Le meilleur moment de l’amour c’est quand on monte l’escalier, comme dirait Georges Clemenceau !
René : Le meilleur moment du désir ou de l’amour si tu préfères, ce n’est pas quand on monte l’escalier comme l’a prétendu Clemenceau. Quand on monte l’escalier, tout est déjà décidé, programmé comme on le dit aujourd’hui. Non, le meilleur moment c’est celui où la “femme gibier” —le divin fauve— émerge des fourrés du hasard, désirable, froufroutante, parfumée, nonchalante, provocante. Celle que l’on va traquer avec son consentement inavouable et inavoué. Celle qui, tacitement, se mettra au moment choisi par elle, la capiteuse, dans la situation d’être capturée, puis captivée pour mieux capituler et capoter avec toi dans le plaisir.(1)
Amaia : Pareil, tu viens prendre un txakoli chez moi ?
René : T’as pas du patxaran, plutôt ?
(1) Maurice Denuziere dans L’amour flou.