L’institut francophone pour la justice et la démocratie organise, en parallèle de l’université d’été « Peuples autochtones et Justice transitionnelle », son Festival et son Forum public « Peuple(s) en lutte(s) » à Baigorri (Bil etxea) du 30 juin au 7 juillet prochain.
« Le Sol sur lequel nous nous tenons est sacré. C’est la poussière et le sang de nos ancêtres »
Cette phrase du chef amérindien Plenty Coups de la tribu des Crows illustre bien le paradoxe contemporain des peuples et des cultures autochtones. Plongés – bien malgré eux – dans un environnement hostile, ces peuples, aux racines ancestrales, fragilisés par leur histoire récente, s’inscrivent dans un rapport au monde qui leur est propre et les distingue des sociétés contemporaines.
Il est d’ailleurs aujourd’hui difficile de les définir. Le peuple autochtone est, d’abord, celui « qui est de la terre même », c’est-à-dire le « peuple premier ». Ainsi, par communautés, populations et nations autochtones, on peut entendre celles qui, liées par une continuité historique avec les sociétés antérieures aux invasions coloniales, se jugent distinctes des autres éléments des sociétés qui les dominent à présent sur leurs territoires.
Cette « douleur historique », faite des génocides subis et de leur mémoire, est fondamentale. Les peuples autochtones sont les peuples de la domination et de la répression. L’ONU les identifie d’ailleurs par le traitement, auxquels ils ont été et demeurent, très souvent, soumis. Ils sont ainsi « marginalisés, exploités, assimilés par la force et soumis à la répression, à la torture et au meurtre lorsqu’ils se sont exprimés ouvertement pour défendre leurs droits ».
La survie des peuples autochtones dépend donc – aujourd’hui encore – de leur capacité de résistance et des combats qu’ils peuvent mener pour imposer leur réalité et conserver, développer et transmettre aux générations futures les territoires de leurs ancêtres et leur identité.
Le Festival du film et le Forum public « Peuple(s) en lutte(s) » se veulent d’abord être le récit de ces luttes.
Les images et les témoignages vont cependant plus loin que la narration des combats pour montrer leur universalité. Ces peuples nous renvoient à notre mémoire coloniale, à nos responsabilités historiques face à leur destruction et – plus fondamentalement encore – à notre capacité à accepter l’autre avec toutes ses différences dans son regard au monde. Au travers de leurs luttes, ils nous parlent d’abord de Démocratie et de répression, de respect des droits humains, de racisme et de respect des minorités, ainsi que des droits des femmes et des filles particulièrement menacées. Ils nous parlent aussi de la préservation des ressources naturelles et de la vraie place de l’humain au sein de la nature. Ils nous parlent enfin de diversité, qu’elle soit linguistique, culturelle ou religieuse, ainsi que de notre capacité à vivre ensemble dans la paix et le respect.
Fondamentalement liés à leurs racines, les autochtones nous interpellent ainsi sur des questions d’une absolue modernité.
C’est sans doute cela qui doit retenir toute notre attention, car ces question sont essentielles pour notre avenir. Des Maoris de Nouvelle Zélande au Samis de Laponie, des Algonquins du Canada aux Awas de l’Amazonie, des Jarawa d’Inde aux Pokots d’Afrique, c’est donc bien, tout au long de ce festival, l’histoire de notre société qui va nous être racontée et la question de notre futur qui va nous être posée.
Ces questions seront le fil rouge du Festival du film documentaire et du Forum public « Peuple(s) en lutte(s) ». Ces événements sont organisés en parallèle de l’université d’été « Peuples autochtones et Justice transitionnelle », afin que toutes les personnes intéressées puissent venir à la rencontre de ses intervenants et de ses participants, venus de diverses régions du monde. Cette mixité est enrichissante pour tous.
L’IFJD vous invite ainsi à venir échanger avec les universitaires, chercheurs et étudiants, mais aussi les militants d’ONG, les membres de Commissions Vérité et Réconciliation et les nombreux témoins autochtones, venus partager avec vous leurs vécus et leurs engagements.
Baigorri – Bil etxea – Entrée libre et gratuite
Festival du Film documentaire :
– dimanche 30 juin à 18h30 : Sauvages – Au coeur des zoos humains (film-débat)
– lundi 1er juillet à 20h30 : Indiens d’Amazonie – Le dernier combat (film-débat)
– mardi 2 juillet à 20h30 : Le peuple invisible (film-débat)
– mercredi 3 juillet à 20h30 : Nous sommes l’humanité (film-débat)
– jeudi 4 juillet à 20h30 : Le sang des femmes (film-débat)
– vendredi 5 juillet à 21h : The price of peace (film-débat)
Forum public – samedi 6 juillet :
– 10h : Conférence introductive : Les Peuples d’Amazonie face à Jair Bolsonaro
– 10h30 : Table ronde : L’exploitation des ressources naturelles
– 12h : Déjeuner – Animations – Rencontres avec des ONG
– 14h : Table ronde : Les violences faites aux femmes
– 16h : Table ronde : Les langues et cultures
– 18h : Film : Sami – Une jeunesse en Laponie