Le 28.01.19, dans une tribune de Sud-Ouest, un jeune Basque déplorait «la rupture de l’égalité des chances qui touche particulièrement la jeunesse des territoires ruraux». Il revendiquait «l’égalité territoriale dans l’accès aux filières d’excellence.» Cette égalité ne bénéficierait qu’à un nombre marginal de jeunes. Aspirer à l’égalité dans les Grandes Ecoles c’est très bien, mais pour faire quoi après ?
Il y a des années que j’ai signalé une inégalité bien plus profonde, à l’époque où des identitaristes franchouillards faisaient appel à l’égalité, contre l’enseignement de la langue basque : depuis la classe de sixième, les enfants de Pagaltzeta à Ezterentzubi sont condamnés, chaque jour, à se lever une heure plus tôt que les collégiens de Bayonne : ils doivent aller en car jusqu’à Saint-Jean-Pied-de-Port, avec tous les arrêts prévus pour prendre d’autres enfants sur le bord de la route. Si un habitant de Behorlegi veut acheter Le Monde ou Le Figaro, il lui faudra aller non au kiosque voisin, mais à celui de Saint-Jean (22 km aller retour) : avec une 3CV cela lui coûtera 10 €. Le journal lui reviendra à 12 €. Six fois plus cher qu’au Bayonnais. Et je ne connais pas d’AGE (Ancien des Grandes Ecoles) qui se contente d’une 3CV ! Ne parlons même pas de médecin ou de Poste. Où est l’égalité ? Oui, elle est là au moindre achat : à Behorlegi ou à Bayonne on paie le même taux de TVA. Avant de revendiquer l’égalité dans la jet society, ne faudrait-il pas que ce soit une réalité d’abord pour le vulgus pecus ?
Les AGE ne sont pas de simples privilégiés. Ils dominent le monde en maîtres . La prestigieuse ENA a quadrillé toute l’administration française, ils la contrôlent depuis les ministères jusqu’à la moindre sous-préfecture. Ce sont eux qui mènent la danse. Nous nous en prenons aux politiques et avec raison. Mais lorsque M. Durand est nommé successivement ministre de l’Éducation Nationale, puis des Armées, puis de l’Intérieur, puis des Affaires étrangères etc… qui prend les décisions ? Ce ministre est-il capable de maîtriser chacun de ces ministères les uns après les autres ? Ne serait-il pas un simple jouet aux mains des délégations des anciens de l’ENA qui ont colonisé depuis des années ces différents ministères, qu’ils connaissent comme leur poche ; il y mènent par le bout du nez les différents ministres de passage.
La semaine dernière, c’est le délégué de l’ENA à la sous préfecture de Bayonne qui a dit son désaccord à M. Etxegarai devant ces vagues d’immigrants qui échouent à Bayonne. Serait-il vrai que le téléphone a marché entre le Palais de l’Observatoire à Paris et la sous-préfecture de Bayonne ?
Que les fonctionnaires en question soient Basques ou Bretons, n’y change rien : tous ont été coulés au même moule de l’ENA. Pardon ! Ils ont subi tous le même formatage. N’est-ce pas un ancien de l’ENA qui a envoyé des CRS chez des fermiers qui ne voulaient pas abattre leur élevage ? Il s’y connaissait en agriculture ?
Il n’y a pas que l’ENA me direz-vous. Il ne faut pas oublier l’Ecole des Chartes, Saint Cyr, Navale… et pourquoi pas Cambridge, Yale ou Harvard. Nous devons aux AGE les grandes inventions, l’élévation historique de notre niveau de vie. Mais leur moteur à explosion a mis notre terre en danger de mort. Ils ne le savaient pas me direz-vous. Là est le problème ! Ils ne se rendent pas compte que leurs « progrès » à court terme peuvent être mortels. Rappelez-vous Tchernobyl, Fukushima. Ils ne savaient pas. Mais ils continuent à travailler d‘arrache pied sur le super-réacteur EPR dont le prix de construction prévu par mes AEG a déjà triplé !
Ce monde de la croissance qu’ils ont conçu ne peut continuer à croître sans causer la mort. Entre autres celui de ces milliers d‘Africains qui se noient dans la Méditerranée dans l’indifférence générale des AGE: le monde de la consommation qu’ils ont conçu ne peut continuer son développement sans pomper dans le Tiers Monde, médecins, footballeurs, balayeurs du métro, pétrole, métaux rares, bois précieux : il ne reste plus que 10 % de la forêt vierge Ivoirienne. Mais grâce à cette organisation mondiale, la France jouit d’un PIB de 42.500 : une réussite! Mais la Guinée qui fournit la grande majorité des locataires de Pausa en est à 2.000. Est-ce le monde qui doit faire rêver nos jeunes ?
Quant aux AGE ils ne s’en tirent pas trop mal : En 2018 les rémunérations des dirigeants du CAC 40 (repaire des meilleurs des AGE) ont progressé de 32 %, les dividendes versés aux actionnaires de 44 % tandis que les impôts qu’ils ont payés baissaient de 6,4 %… et les effectifs de leurs salariés de 20 %. Et l’on compte sur eux pour créer des emplois ! Les AGE du CAC 40 ont créé 2.500 filiales dans les paradis fiscaux. Les émissions de CO2 dues au CAC 40 ont augmenté de 5 % en un an et ils sont largement dispensés de la taxe carbone Ce sont eux qui ont « une vision misérabiliste » du monde ! Plus exactement, ils n’en ont aucune. Dans toutes ces réalisations que nous leur devons, avez-vous vu une seule fois leur coût en CO2 ? De grâce, ne mettons pas notre avenir en leurs mains.
Je préfère donner en exemple à nos jeunes des Etxebest à Mauléon, des Oteiza aux Aldudes, des Etxart à Irissarri, des Etxeleku à Hélette, des Lafitte à Gréciette, des Charritton à Ayherre, des Durruty à Kanbo, entre autres : tous formatés dans de simples écoles indigènes, ce sont eux qui « revitalisent les territoires ruraux » : combien d’AGE dans le rural basque? Ils sont sur un BAB saturé et pollué, occupés à le saturer et à le polluer encore plus si possible, sans la moindre inquiétude.
Je conseillerais aussi aux jeunes « l’endogamie » avec des Berroco, des Pachon, des Txetx, des Anais, des Maite qui contribuent à corriger les conséquences des réalisations désastreuses des AGE. C’est grâce à ceux-ci que nous voyons possibles une agriculture vivable, une nature respectée, un Pays Basque pacifié, des réfugiés accueillis.
Je verrais bien la disparition des GE. A moins qu’elles ne renoncent au monde qu’ils ont conçu et imposé, pour nous en proposer un autre sans surconsommation, sans assassinat de la nature, corps et biens. Mais est-il possible d’être formaté pour casser et de se mettre à construire ? On ne peut être pyromane et pompier.
Malheureusement tellement vrai!
les AGE sont bien présent au pays basque, à Biarritz, à chiberta,… dans leur résidence secondaire, d’ailleurs nos maire sont avant tout des promoteurs immobilier prêt à tout pour les accueillir au détriment de la population local.