Comment se désintoxiquer de ces interminables présidentielles qui conditionnent toute la vie politique de France et de Navarre, remplissent l’écrasante majorité de l’espace public et prennent tant de têtes, y compris chez les abertzale ?
L’irruption inattendue de Macron au sommet de l’Etat français semble faire découvrir à beaucoup de citoyens deux volets majeurs de notre situation géopolitique : d’une part le caractère libéral de l’économie mondiale, de l’autre le côté fortement monarchique quoique électif de la Ve République, et l’on dirait que le nouveau Président vient d’inventer ce nouveau système qui nous est pourtant familier depuis plusieurs décennies.
Il est temps de passer à d’autres registres, et en ce qui nous concerne de revenir à nos fondamentaux : notre esprit basque autogestionnaire, avec l’ambition de développer notre territoire et notre culture, sans pour autant ignorer nos collègues, cousins, voisins ou lointains qui vivent aussi des problèmes semblables aux nôtres.
Dans l’intérêt général on peut souhaiter au nouveau Président plus de chance qu’à son prédécesseur qui, dès son élection, fut considéré comme illégitime par une partie de la droite, puis lâché par une fraction de son propre parti.
Son bilan reste à faire sans les caricatures démagogiques à la mode du jour. Il nous laisse au moins cette communauté de communes qui reconnaît enfin officiellement l’existence du Pays Basque (Nord), avec une assemblée dotée d’un budget et de compétences non négligeables.
Je ne me permettrai pas de conseiller ses responsables : à force de travail en commun et de patience constructive, ils sont arrivés à transformer l’usine à gaz initiale en maison cohérente et vivable. Je ne peux que leur souhaiter le même courage clairvoyant et la même réussite dans la gestion de cette maison pour tous.
Au-delà de ses compétences formelles, je vois deux problèmes lourds dont le premier au moins concerne la société civile, l’ensemble des élus et les Etats espagnol et français : d’une part la paix au Pays Basque et de l’autre sa démographie.
Le quinquennat de Hollande
nous laisse au moins
cette communauté de communes
du Pays Basque Nord
Jusqu’ici la société civile du Pays Basque Nord s’est fortement impliquée dans le processus de paix. Elle a reçu le soutien unanime des élus basques et béarnais de tous bords politiques. Elle a obtenu la remise des armes de ETA aux autorités françaises. Le dernier gouvernement français du quinquennat du Président Hollande s’est finalement prêté à cette action. Ses acteurs n’en restent pas là. Mais il revient aux nouveaux dirigeants français de transformer l’essai en s’impliquant davantage, pour faire bouger aussi le gouvernement espagnol. Celui-ci peut-il décemment s’en tenir indéfiniment à une justice d’exception, qui ne correspond plus à la réalité du terrain et des personnes impliquées ? Il est temps de solder les conséquences d’un conflit commencé sous le franquisme. Celui-ci se terminera vraiment le jour où la paix sera établie au Pays Basque. Quant à la démographie du Pays Basque, la plus mauvaise d’Europe avec celle de l’Allemagne, elle nécessite pour le moins une autre tribune.