Autre curiosité de ce scrutin, Podemos siègera aux Cortes avec quatre groupes parlementaires différents : Podemos proprement dit, En Comú Podem catalan, les Valenciens Compromís-Podemos-És el moment et enfin les galiciens de En Marea.
Le succès de Podemos qui se confirme à chaque élection ne semble pas être un feu de paille lié à la crise ou à la corruption. Comme le FN en France, il s’agit d’une lame de fond qui traverse le corps social tout entier et risque de s’enraciner durablement. Demeure entière la question de ses alliances pour parvenir au pouvoir et faire ses preuves.
Dans ce vote portant sur le choix du gouvernement d’un Etat “sûr de lui et dominateur”, les électeurs indépendantistes basques se sont détournés de leurs députés traditionnels, d’avance condamnés à la stérilité et à l’action symbolique, dans cette assemblée des Cortes. Ils ont opté pour une formation susceptible de faire bouger les lignes, de briser un bipartisme écrasant, d’inventer du neuf dans les institutions. Et si c’était la seule porte de sortie possible pour faire évoluer ou briser le carcan espagnol un et indivisible ?
Le programme de Podemos
Sa priorité pour la prochaine législature est la réforme de la Constitution, le changement de la loi électorale et le renforcement des droits sociaux des citoyens, avec leur inscription dans la loi fondamentale, au même titre et à égalité avec les droits civils et politiques.
Podemos désire que soit reconnue dans la Constitution la réalité plurinationale de l’Espagne et veut que soit garanti pour les gouvernements autonomes le droit de consulter les citoyens sur le cadre territorial du pays. Il ne s’agit donc pas d’une reconnaissance explicite du droit à l’autodétermination de certaines nations, mais d’une notion plus vague. Le parti de Pablo Iglesias s’engage à modifier la Constitution pour résoudre les problèmes liés à la structure territoriale de l’Etat en débattant et en évaluant les solutions mises en oeuvre au Royaume-Uni et au Canada. Reste que la modification de la Constitution s’avère extrêmement difficile. Parfaitement verrouillée, il faut réunir des “majorités renforcées” et emprunter des procédures complexes tant à la chambre des députés qu’au sénat, tenu par le PP.
Podemos souhaite que le respect mutuel redevienne le fondement principal des relations entre le gouvernement central et les parlements locaux. On sait qu’avec plusieurs régions, ces relations sont extrêmement conflictuelles et tournent à l’affrontement judiciaire ou au dialogue de sourds. Fort aujourd’hui de 20,6% des voix et de 69 députés sur 350, toute la question est de savoir avec qui Podemos va bien pouvoir s’allier pour engager des réformes d’une telle ampleur.