Oui, est-il possible d’imaginer que nous manquions le rendez-vous que nous avons avec notre histoire ? Un rendez-vous inattendu, comme le sont tous ceux qui façonnent l’avenir de façon durable, un moment où se croisent des volontés convergentes, et où ce qui paraissait impossible devient accessible !
L’heure n’est pas à la nostalgie des épisodes manqués, des solutions plus abouties, sur lesquels nous avions fondé des espoirs, le temps est venu du réalisme pour saisir ce que le destin nous propose… Nous avons aujourd’hui la possibilité de dessiner les contours d’une communauté Pays Basque, de donner à ce territoire une existence juridique, et de construire ainsi collectivement les règles dans lesquelles nous souhaitons évoluer.
Ce n’est pas rien ! Nous laisserons un héritage conséquent à ceux et celles qui monteront la prochaine marche mais qui pourront s’appuyer sur des fondations solides. Des inquiétudes se manifestent, elles sont normales quand il s’agit de modifier aussi profondément le paysage institutionnel. Tous les changements emportent avec eux leur lot de questions et leur part d’ombre. Il faut inverser l’interrogation : qu’aurions-nous à gagner ou même à préserver en ne faisant pas le pari collectif de l’unité ?
Choisir un territoire morcelé c’est se condamner par avance à rester un nain politique dans un ensemble dont l’immensité donne le vertige… Se refuser une mutuelle confiance, c’est accepter l’idée que d’autres décident pour nous, c’est renoncer à garder la main sur le développement de ce pays, c’est sombrer dans un redoutable attentisme!
Au-delà des sincères interrogations que l’on peut comprendre, il ne faut pas ignorer non plus les vents contraires qui soufflent avec vigueur et dont le seul objectif est d’empêcher l’obtention d’un statut pour le Pays Basque.
Nous sommes là dans de l’irrationnel sans doute, mais il ne faut pas en minimiser le pouvoir car un certain nombre de tentatives par le passé ont échoué sur ce type d’obstacles!
Le temps nous est compté, trop aux yeux de certains, pourtant cette marche forcée peut aussi avoir des effets bénéfiques car c’est parfois dos au mur que naissent les meilleures décisions ! Il faut avoir confiance en nous-mêmes, en ce que nous avons déjà porté, imaginé, réussi et il faut trouver la rage de convaincre le plus grand nombre que le champ des possibles s’offre à nous ! Faisons confiance à notre intelligence collective pour surmonter les difficultés elles ne sont pas indépassables, après tout l’Hexagone foisonne d’exemples de recompositions territoriales réussies.
Ne limitons surtout pas cela à un débat entre élus, chaque habitant, habitante de ce pays a un rôle dans la période intense qui est devant nous. Les conseils municipaux seront appelés à se prononcer dans chaque commune et ils ne seront pas sourds à la pression populaire !
Ils sont des représentants et ils doivent entendre ce que dit le territoire. Comprendre par là que nous avons une responsabilité collective dans ce qu’il adviendra demain !
Il faut être conscient que ce que nous avons obtenu dans un passé récent par notre mobilisation pourrait disparaître dans le contexte économique contraint que nous connaissons. Disparition certaine du contrat territorial Pays Basque qui a permis de mener à bien nombre de projets qui ont permis à ce territoire d’être classé parmi les plus attractifs d’Aquitaine. Cette disparition entraînerait aussi de facto la fin de l’Office public de la langue basque, un outil précieux qui a donné des résultats concrets pour la sauvegarde de l’euskara. Et cela n’est qu’un exemple parmi d’autres. Sans Conseil des élus, sans Conseil de développement, le Pays Basque serait privé d’instances novatrices qui ont permis la création de structures telle que l’Agence d’Urbanisme ou encore de l’EPFL (Etablissement Public Foncier Local). Ces outils peu connus du grand public sont des organes d’aménagement du territoire, qui rendent d’inestimables services aux décideurs locaux par leur expertise sur les questions foncières et/ou d’urbanisme. Ils sont une indispensable aide à la décision mais aussi pour l’EPFL le socle d’un portage financier au service des projets communaux.
Dans la forme de Communauté urbaine, un EPCI unique aurait des compétences importantes, il serait mieux doté financièrement et il serait le deuxième en importance de la grande région ! La loi prévoit qu’il serait consulté sur la stratégie régionale et il est évident que Bordeaux devrait prendre en compte une telle entité. L’enjeu est là, l’ignorer serait criminel! Alors peut-on imaginer que par conservatisme, par intérêt “localiste”, par “anti-basquime” primaire, par manque de vision, on passe à côté d’une telle possibilité ?
Notre avenir commun s’inscrit dans le périmètre historique du Pays Basque, dans l’union résolue et confiante de nos trois provinces et c’est ce qu’il nous appartient de réaliser dans les mois qui viennent. La balle est dans notre camp. Peut