INTERDEMOS, de peuple à peuple : Sophie Wahnich, Laure Vermeersch, Marie Cosnay, Balthazar Clamoux, Nathalie Chouchan, Philippe Aigrain
Nous sommes nombreux à penser que les gouvernements européens, BCE, FMI, la commission européenne ne peuvent pas, sans que nous y perdions tous beaucoup en espérance et en avenir commun, empêcher la Grèce de mener la politique qu’elle tente de mener. Et si nous, nous voulions malgré ces institutions payer pour la Grèce ? Non pas rembourser cette dette inique, mais soutenir un peuple grec qui a osé réaffirmer son droit à survivre et à être digne. Car le vote Syriza pour de nombreux Grecs est un vote de survie et de dignité.
La BCE, nos gouvernements et à travers eux le fonctionnement de nos structures étatiques qui agissent en notre nom et avec l’argent récolté par nos impôts semblent avoir décidé d’acculer le gouvernement grec nouvellement élu aux plus graves extrémités. Ils ne veulent pas disent-ils payer et nous faire payer pour la Grèce. Rappelons que l’argent dont disposent ces institutions dépend pour grande partie de nos revenus, le plus souvent liés à des efforts de travail, d’invention, de création, car nous ne sommes pas tous, loin de là, des rentiers.
Et si nous, nous voulions malgré ces institutions payer pour la Grèce ? Non pas rembourser cette dette inique, mais soutenir un peuple grec qui a osé réaffirmer son droit à survivre et à être digne. Car le vote Syriza pour de nombreux Grecs est un vote de survie et de dignité.
Pour soutenir ce simple droit à l’existence: payons pour que vive une Grèce libre de se transformer avec sérénité et exigence. Payons pour qu’aucune action sociale locale engagée par les Grecs n’ait à s’interrompre faute de moyens.
Mais payons aussi pour exister face à nos Etats qui nous font honte. Payons pour faire exister une société civile et politique, ici et partout en Europe, capable de prendre part au débat et à l’action qui concernent l’avenir inquiétant de tout le continent.
Notre gouvernement français actuel, “socialiste” de son nom, avait fait campagne en 2012 en axant son discours sur l’Europe et sur la nécessité de trouver des manières d’agir qui ne dénient plus à des peuples entiers le droit de vivre. Rappelons que le taux de mortalité infantile n’a fait que croître avec les politiques d’austérité imposées à la Grèce par la Troïka et l’union européenne. Ce gouvernement « socialiste » est une fois encore défaillant face à ses engagements et donc face aux nôtres. Il nous rend indignes, nous Français, qui ne disposons pas pour le moment de la voix au chapitre de cette histoire peu glorieuse de l’Europe comme continent et de l’union européenne comme institution.
Il s’agit d’un abandon.
Il rappelle de mauvais souvenirs, l’abandon de la République espagnole par le gouvernement de front populaire. Il avait conduit au pire. Le pire peut se profiler : la Grèce n’a pas les moyens de production qui lui permettraient simplement d’opter pour une survie autarcique en sortant de l’euro et de l’union européenne, elle peut être acculée à des alliances dangereuses.
Le pire peut se profiler partout en Europe : les partis d’extrême-droite et de droite extrême, travaillant sur la perte de l’espérance et de l’avenir, ont déjà bien commencé à lever des haines xénophobes.
Nous sommes nombreux à ne pas vouloir cela, qui signerait une faillite morale de l’idée européenne au titre de la non solidarité, au titre de l’incapacité à maintenir les conditions réelles de la paix et de la justice en Europe.
Nous sommes nombreux à ne pas vouloir cela qui signifierait une faillite morale de toutes les institutions constituées qui se réclament du côté gauche et même de la démocratie.
C’est pourquoi il faut nous constituer comme peuple commun et solidaire face à ce qui est venu détruire l’idée même de tout contrôle démocratique. Organisons une véritable solidarité sociale et politique comme nouveau contrôle démocratique.
La vie des pauvres est plus sacrée qu’une partie de la propriété des riches, affirmait un cahier de doléance en 1789. La vie des Grecs et de la Grèce, son maintien dans l’union européenne, la paix en Europe sont plus sacrées que cette dette inique si facile à effacer.
Pour tout cela, nous lançons une collecte de fonds pour l’action sociale en Grèce afin que tous ceux qui y contribuent soient au titre de leur citoyenneté individuelle et de la civilité commune, des interlocuteurs constitués de ce qui s’engage comme bras de fer.
Nous appelons d’ores et déjà chacun à y contribuer dès l’ouverture pour restaurer la démocratie européenne par cet engagement citoyen et civil. Nous appelons ceux qui partagent les buts décrits dans la suite de cet appel dans d’autres pays européens à construire des initiatives similaires ou à contribuer à la nôtre.
La collecte est ouverte et vous pouvez y contribuer dès cet instant.