Je ne commenterai pas le jugement du Dr Bonnemaison : je ne suis pas juge. Mais je voudrais faire part des réflexions que m’a inspirées tout ce que j’ai lu et entendu au cours de ces trois semaines.
D’abord, je dirai ma surprise de voir les militants de l’euthanasie essayer de récupérer pour leur cause ce médecin qui a lui même déclaré “l’euthanasie n’est pas mon combat.” (Le Monde 8/6).
Par ailleurs, ce que tout le monde désire, c’est la fin des souffrances insupportables. L’euthanasie est un moyen pour y arriver. Le seul ? La loi Leonetti avec ses soins palliatifs n‘est-elle
pas faite pour cela ? On dira que malgré cette loi, les souffrances continuent. C’est qu’elle n’est pas appliquée. En Iparralde, seule la clinique Annienia de Kanbo assure ces soins dans les règles de l’art. Ailleurs on fait pour le mieux avec les moyens du bord.
Ce n’est pas aux urgences débordées que l’on peut les assurer, malgré la meilleure volonté du monde. En France, 75% des malades ne peuvent en bénéficier: il ne s’agit pas de plus ou moins de morphine, d’une piqure de ceci ou de cela. C’est tout un accompagnement qui suppose un personnel formé et destiné à cela. Quand la loi laisse de côté les 3/4 de la population
concernée, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond !
Ceux qui pratiquent les soins palliatifs d’une façon normale vous diront que rares sont les cas de souffrance insurmontable. Il restera des cas extrêmes. La piqure létale sera-t-elle alors la solution ?
Je cite Mme Delaunay, ancienne ministre socialiste: “En 45 ans de médecine hospitalière dont 30 ans en cancérologie, aucun malade ne m’a jamais demandé d’abréger ses souffrances. Les familles, en revanche, interviennent plus souvent. ‘Pourquoi ne faites-vous rien, docteur ?’ disent-elles. Les malades jamais.” (SO du 29/6).
Il y a une loi, appliquons-la. Si l’on entrouvre la porte, elle finira grande ouverte. Dans l’Orégon, la loi définit déjà la fin de vie comme une espérance réduite à six mois. On en arrivera à euthanasier pour souffrances psychiques de l’entourage les malades d’alzheimer. On fixera un âge limite pour cause de surpeuplement des maisons de retraite. M. Attali, prédit que “l’euthanasie deviendra un instrument essentiel de gouvernement.” Certains proposent de limiter la vie à 80 ans!
Quant aux infirmières que leur sensiblerie rendrait incapables de piquer en série, (trois ans après, certaines ont encore besoin du psychologue à Bayonne) on les reclassera en caissières de Casino, pour inaptitude. Avant de parler de nouvelle loi, commençons par appliquer celle qui existe.