À bout de souffle mais toujours vif

Mobilisation contre la Loi Duplomb.

Notre modèle économique s’emballe. Il fonce tête baissée dans les murs qu’il a lui-même construits, s’obstine à défendre l’indéfendable, broie tout ce qui pourrait ressembler à une alternative. À force de nier les évidences, il devient dangereux.

Le modèle économique et social n’est plus le système triomphant et salvateur qu’il a toujours voulu être. Il ressemble à une bête blessée. Une bête qui saigne, qui titube, qui ne sait plus où elle va. Mais plutôt que de ralentir, de réfléchir, de faire un pas de côté, elle continue de courir droit devant elle, éperdue, désorientée, déconnectée du réel. Et c’est peut-être là que le danger devient maximal : lorsqu’un modèle tenu par les lois néolibérales ne s’écoute plus, ne regarde plus, n’adapte plus sa trajectoire. Lorsqu’il ne cherche plus à convaincre, mais à imposer.

Le capitalisme aurait pu se remettre en cause. Il aurait pu reconnaître les impasses écologiques, les ravages sociaux, l’explosion des inégalités, la dépendance généralisée à une croissance infinie sur une planète finie. Il aurait pu. Mais non. Il fonce.

Un modèle devenu incapable

Ce système qui profite aux plus riches rompt le pacte social. Et même dans un pays richissime comme la France, il ne permet plus d’assurer dignement les services élémentaires comme la santé, la justice, l’éducation. Les dettes explosent. Combien de temps faudra-t-il pour que l’on admette collectivement que ce système ne fonctionne plus ? Que sa promesse de prospérité pour tous n’est plus qu’un mirage, répétée en boucle par des élites politiques elles-mêmes prisonnières d’un logiciel dépassé largement alimenté par les quelques profiteurs ?

On coupe les vivres aux coopératives, aux associations, à l’économie sociale et solidaire. On supprime les dispositifs de soutien à ceux qui essaient, sur le terrain, de faire autrement. Pendant ce temps, les grands groupes, eux, continuent de toucher des milliards de subventions. Le modèle est à bout, mais il tient encore debout, appuyé sur les béquilles des lobbies et des privilèges.

Courir vers le mur, encore et encore

Le vote de la loi Duplomb sur l’agriculture est un cas d’école. Alors que le dérèglement climatique affecte déjà durement nos territoires, et en tout premier lieu les agriculteurs, que les néonicotinoïdes empoisonnent les sols et les habitant·es, un sénateur LR fait passer une loi qui affaiblit encore plus les normes environnementales, offre un chèque en blanc aux plus puissants, et réduit au silence les lanceurs d’alerte.

C’est ça, le capitalisme à l’agonie : il a percuté le mur, il s’y est assommé… et il y retourne, plus fort encore. Cette fuite en avant ne relève plus du calcul, elle relève de l’aveuglement.

Mais cette fois, est-ce que quelque chose pourrait vaciller ? Une pétition lancée sur le site officiel de l’Assemblée nationale, contre cette loi, approche les 2 000 000 de signatures en quelques jours. C’est un signal. La société civile, elle, sait y voir clair. Elle ne croit plus aux discours creux, aux promesses sans lendemain. Elle résiste, elle propose, elle agit.

Transformer l’essai, enfin

Des mobilisations massives ont eu lieu : contre la réforme des retraites, contre les violences policières, pour le climat, contre la loi immigration… Grèves longues, manifestations puissantes, rassemblements : à la fin, ces textes sont passés. Cela ne veut pas dire que l’on a tout perdu. Mais pourquoi ne parvenons-nous plus à engranger des victoires nettes, massives, symboliques ?
Il nous faut désormais faire plus que marcher : il faut construire, créer des outils. Et quand cela ne suffit pas, désobéir. Refuser ce qui détruit, contourner ce qui enferme, subvertir ce qui opprime.

Il faut aussi tendre la main. Ne pas jalouser ceux qui ont plus, mais aider ceux qui n’ont plus rien. Refuser la division qui renforce les puissants. Redécouvrir la force de l’attention, du lien, du soin, de la solidarité concrète.

C’est là, dans ces gestes, ces alliances, ces projets, que l’on retrouvera notre capacité à gagner. Pas seul·e, mais ensemble. Car si l’individu seul semble parfois impuissant, un individu qui agit dans un collectif devient un maillon d’une chaîne qui peut tirer très loin.

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