Emma Tosini et Elise Dilet
Les vélos du troisième Tour Alternatiba appellent à la mobilisation et à l’action collective pour combattre le dérèglement climatique, mais aussi pour contrer la montée de l’extrême droite.
Samedi 17 août, concert de sonnettes sur les Allées Marines : une centaine de cyclistes de tous âges, précédée des emblématiques vélos à 3 ou 4 places du mouvement Alternatiba, arrive à Bayonne, ville étape d’un Tour Alternatiba qui a commencé le 2 juin à Nantes et finira à Marseille le 6 octobre après avoir parcouru 6 500 km. C’est joyeux, c’est festif, et c’est déterminé. Le coeur de l’été est plus propice aux escapades touristiques qu’aux mobilisations militantes mais ils et elles sont là, habitué·es des actions de Bizi! mais aussi nouvelles et nouveaux, motivé·es par l’envie d’agir dans une période décidément bien anxiogène, entre épisodes climatiques extrêmes qui se succèdent dans l’indifférence générale et montée de l’extrême droite.
Quand déni et cynisme fondent les comportements des dirigeants au niveau national comme international, la tentation est forte pour les citoyen·nes de suivre le même chemin. Cela vaut pour les questions de démocratie comme de climat. Mais face aux enjeux actuels, des mouvements citoyens comme Alternatiba, Bizi! ou Alda promeuvent une autre voie : agir concrètement, se mobiliser et faire collectif. Agir ensemble est le meilleur remède à l’éco-anxiété.
Être intégré dans un tissu social riche et divers désamorce les peurs qui peuvent conduire au vote d’extrême droite.
Tisser des liens pour agir pour le climat
Le Tour Alternatiba 2024 est le troisième du genre. Le premier, organisé en 2015, était parti de Bayonne pour rejoindre Paris en amont de la COP21 ; celui de 2018 avait fait le chemin dans l’autre sens, donnant le coup d’envoi du village des alternatives à son arrivée à Bayonne. Mais c’est la même intuition qui sous-tend les trois éditions : chaque étape est organisée localement autour de thématiques reliées au territoire. Des acteurs locaux se mobilisent pour cette organisation, créent ou renforcent les liens, apprennent à travailler ensemble, génèrent des synergies. Les actions/conférences donnent à voir aux habitant·es une approche proactive de la lutte contre le dérèglement climatique, concrète et ancrée dans leur territoire. Tout cela contribue à tisser un réseau solide.
Pour cette édition, deux thématiques ont été mises en avant lors du passage en Iparralde. La vélorution du samedi a appelé à renforcer l’ambition des politiques de mobilité de notre territoire. Le dimanche, c’est la question du logement qui a été mise sous les feux des projecteurs avec une action de la plateforme Herrian Bizi. Une banderole “Stop ! Aski ! Résidences secondaires” a été déployée aux abords de la Grande Plage de Biarritz. A un niveau plus global, ces mobilisations collectives sont l’occasion d’une communication médiatique positive autour de la question climatique. Cet aspect n’est pas anecdotique quand on voit que le sujet a été particulièrement absent des dernières campagnes électorales.
Agir ensemble pour contrer l’extrême droite
Les mobilisations citoyennes liées au Tour Alternatiba 2024 ont marqué une évolution particulière puisque la dissolution de l’Assemblée nationale a eu lieu une semaine après son départ. Elles se sont adaptées sur toutes les étapes pour être un outil d’organisation contre la montée de l’extrême droite sur les territoires. En Iparralde, une table-ronde organisée place Patxa à Bayonne a réuni des militant·es de Bizi!, Alda, Alternatiba, ainsi que Cécile Duflot — marraine du Tour Alternatiba et présente à l’étape basque — qui ont pu échanger sur les raisons de la montée de l’extrême droite et sur les façons de la contrer. Renforcement des liens sociaux, actions locales enracinées, préservation des services publics, défense des personnes des milieux et quartiers populaires, verticalisation des colères… le chantier est aussi long que l’enjeu primordial pour les années à venir. Le Tour Alternatiba continue sa route, mais les opportunités de se réunir et d’agir continuent au Pays Basque. Prochain rendez-vous notable, le Camp Climat organisé par Bizi! du 12 au 15 septembre à Mugerre-Elizaberri. Quatre journées de formation pour apprendre à s’organiser, lutter pour le climat, défendre la démocratie, renforcer les alternatives… et faire la fête. Parce que la mobilisation et l’action collective, c’est bon pour lutter contre le dérèglement climatique et la montée de l’extrême droite, mais aussi pour le moral !