Quelque 60 ans après sa création, Enbata demeure un lieu de débats essentiel au service du mouvement abertzale. Ces derniers mois, son équipe de bénévoles a oeuvré à une énième mutation de la revue. Pour donner une impulsion nouvelle en passant le témoin à celles et ceux qui construisent l’abertzalisme de demain.
Octobre 1960, 4+3=1 : quelques outsiders aussi brillants que têtus osent l’utopie en créant Enbata. Leur approche, qui replace le Pays Basque au centre d’un projet politique, aboutit à la charte d’Itxassou. Ils se heurtent à d’immenses obstacles et traversent bien des vicissitudes. Nos « jeunes Turcs » et la minorité active qui les entoure se confrontent au réel et vont construire. Inébranlables, restant fidèles aux fondamentaux, ils s’adaptent à leur environnement qui évolue sans cesse. Cette capacité d’évolution est une marque du mouvement abertzale ; le journal qu’est devenu Enbata n’y échappe pas. Il s’agit d’une question de survie, comme pour tout être vivant, toute tradition.
Hier, nombreuses ont été nos mutations, en termes de périodicité, de contenu, de pagination, de format, de plumes, de technologies. Jim Jacob, un sociologue américain qui écrivit notre histoire, fut frappé par la capacité du journal Enbata à rassembler, au fil des ans, sensibilités et générations pour en faire un creuset, un lieu de débat, un miroir, un accompagnant au service du mouvement abertzale, un pourvoyeur d’idées. Travail toujours à remettre sur le métier, afin que le phénix renaisse de ses cendres, tel le peuple basque lui-même. Le mouvement se prouve en marchant.
Cap sur soixante années de plus
Une équipe de bénévoles donne vie à Enbata, souvent aussi discrète qu’efficace, du correcteur·trice au diffuseur, de l’informaticien au comptable, de l’éditorialiste au chroniqueur·se régulier·e ou ponctuel.le, en passant par le photographe, le traducteur ou le coordinateur, chacun apporte sa pierre à l’édifice commun. En ce printemps 2024, le moment est venu pour ce réseau de lui donner une impulsion nouvelle, avec le souci de transmettre le flambeau, comme pour nos etxalde. Le numéro qui paraîtra lors de l’Aberri Eguna du 31 mars marquera un nouvel élan : des plumes féminines plus nombreuses, une maquette rénovée et colorée, des collaborateurs et collaboratrices plus jeunes et plus bascophones, bref, un journal d’abord entre les mains de celles et ceux qui construisent l’abertzalisme de demain. Pour qu’Enbata poursuive sa route pendant 60 années de plus. Les acteurs, les mots, les moyens et les outils changent, le cap est maintenu, en gardant notre indépendance à l’égard de tout parti politique.
Un journal d’abord entre les mains
de celles et ceux qui construisent l’abertzalisme de demain.
Pour qu’Enbata poursuive sa route
pendant 60 années de plus.
Dans cette tâche exaltante, celle d’une patrie dotée d’un projet de société plus juste et plus fraternel à construire, nourri par ce qu’ont semé nos anciens, le passage du relai est gage de succès. Le cercle se renouvelle et s’élargit. Chacune et chacun y fera entendre sa musique dans « la société du tambourin », au son de l’instrument choisi, xirula, ttun-ttun, violon, txistu, trikitixa, txalaparta, gaita ou alboka… Que les lecteurs entrent eux aussi avec enthousiasme dans le concert et la danse est notre voeu le plus cher, notre ardente invitation.