Les mesures prises en urgence par le gouvernement français après l’agression d’Yvan Colonna montrent la marge d’action politique du gouvernement français et son mépris actuel pour les prisonniers basques.
Après trois semaines d’agonie suite à la terrible agression survenue au centre de détention d’Arles, Yvan Colonna est mort.
Le sentiment d’un immense gâchis, de peine, et d’une profonde colère se dégage.
Ce que l’on ne peut que constater c’est la gestion dramatique que le gouvernement français a eu de la question des prisonniers politiques. Les suites de la grave attaque subie par Yvan Colonna ont montré que la question des prisonniers politiques n’est pas du tout une question juridique, mais bien une question politique.
La levée du statut de Détenu particulièrement signalé (DPS) demandée depuis des années, permettant le rapprochement, a systématiquement été refusée, le parquet antiterroriste s’y opposant, mais il aura fallu moins de 48h00 au ministre pour la révoquer, puis à la justice de suspendre sa peine suite à une demande en urgence. Une décision cynique dans le cas d’Yvan, ce statut de DPS a été retiré d’une journée à l’autre afin de soulager la tension générée par l’agression, mais déclenchant un vague d’indignation et de violences, car ne concernant pas les prisonniers corses Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, qui ne l’obtiendront que 24h plus tard. Quel cynisme ! Yvan sera entré en détention en homme debout, libre, mais en ressortira dans un cercueil. Voilà ce à quoi a abouti l’inaction et les mesures mortifères de l’Etat français, de sa justice et son administration pénitentiaire.
La demande de rapprochement est portée par l’ensemble de la société corse, comme elle l’est au Pays Basque. Mais le gouvernent français aura joué le pourrissement de la situation, et traité avec mépris cette volonté de résolution partielle du conflit corse.
Décisions politiques
Nous pouvons comprendre les cris de “gouvernement assassin” qui retentissent en Corse. La situation vitale d’Yvan Colonna a mis en évidence les décisions politiques que le gouvernement français pourrait prendre dans le cas des prisonniers politiques, tant au Pays Basque qu’en Corse. Il aura fallu ce drame inexcusable pour qu’enfin, cette demande d’autonomie portée par l’Assemblée Corse depuis des années, soit entendue et qu’un ministre de l’intérieur soit dépêché d’urgence.
Mais quel message déplorable, quel aveux d’échec du gouvernement !
Ce mépris de Macron et de son gouvernement n’en est que plus criant. Car, pas de doute, une véritable volonté politique d’avancer dans la résolution du conflit est possible. Ainsi, nous sommes bien conscients des graves conséquences de la législation exceptionnelle actuelle sur les prisonniers politiques tout comme de l’attitude vindicative du Parquet national anti-terroriste (PNAT), mais le gouvernement doit agir et reprendre l’initiative. Sinon, cette logique de vengeance et de perpétuation du conflit condamne les prisonniers à être instrumentalisés jusqu’à leur dernier jour, jusqu’à la mort.
C’est pourquoi, aujourd’hui nous devons exiger du gouvernement d’Emmanuel Macron:
- La question des prisonniers politiques corses et basques doit faire l’objet d’une gestion politique et des avancées doivent être apportées.
- Effectuer les démarches nécessaires pour que Ion Parot et Jakes Esnal soient libérés.
- Pour cela, les pourparlers avec la délégation du Pays Basque Nord doivent être rapidement relancés afin de mettre en place un plan concerté de libération des prisonniers politiques.
Respect de la parole exprimée
La résolution du conflit ne s’arrête pas à la résolution des seules conséquences de ce conflit. L’État français doit respecter la parole exprimée par les majorités sociales, politiques et institutionnelles d’Euskal Herria et de Corse. Notre solution politique ne se termine pas avec la résolution de ces effets.
La résolution politique consiste dans le respect de la parole et de la capacité de décision de nos peuples.
C’est par un large consensus au sein de la société basque et par de fortes mobilisations de celle-ci que nous pourrons avancer.
Voila pourquoi nous appelons les citoyens basques, les élus et tous les acteurs impliqués à multiplier leurs forces dans le processus de résolution des conséquences du conflit et à participer aux mobilisations organisées par les artisans de la paix.
Agur eta Ohore Yvan. Ghjustizè verità! Preso politikoak etxera orain!