Nikolas Blain, membre de Batera, adjoint au maire d’Ustaritz
Depuis quelques semaines le Pays Basque pleure Mixel et beaucoup de militant.es sont orphelins. Au sein de la plateforme Batera où j’ai particulièrement eu la chance de le côtoyer régulièrement, il incarnait cette force collective, la stratégie d’accumulation des forces sans jamais faire de concession sur le fond.
L’existence même de cette plateforme constituée autour de quatre revendications doit beaucoup aux réflexions de Mixel. Allier le secteur d’euskalgintza et la revendication de la co-officialité de l’euskara, le secteur paysan et sa demande d’une Chambre d’Agriculture, les universitaires qui portaient le projet d’Université de plein exercice et tout le secteur institutionnel qui revendiquait la création d’un Département Pays Basque s’est révélé être un choix déterminant.
Une stratégie d’accumulation des forces qui ne faisait pas l’unanimité au sein du mouvement abertzale et entraînait également de fortes réticences dans des secteurs avec qui nous avons, depuis, partagé un bout de chemin. Le travail en commun, la construction collective d’un discours et d’une revendication assumable de toutes et tous faisaient partie du fondement même de la philosophie de cette plateforme large.
Le travail en commun,
la construction collective
d’un discours et d’une revendication
assumables de toutes et tous,
faisaient partie du fondement
de la philosophie
de cette plateforme large
Mais la mise en commun de revendications a aussi permis à chaque lutte sectorielle de se questionner elle-même sur ce qu’elle pouvait mettre en commun avec les autres revendications ; un vrai exercice pédagogique et de questionnement du fondement même de la revendication et de son intégration dans un écosystème plus vaste. Mais cette stratégie d’alliance a aussi crée des habitudes de travail, des synergies voire même des amitiés entre personnes qui, jusqu’alors, ne partageaient pas grand-chose en commun. La recherche permanente de consensus de manière à construire une feuille de route assumable et assumée de toutes et tous, n’impliquait pas pour autant de renier les fondamentaux. Et justement dans cet exercice qui tient quasiment de l’équilibrisme, Mixel excellait. Arriver à percevoir ce qui serait assumable par les autres forces alliées, en faire un point de ralliement collectif et identifier clairement les points de faiblesses de l’argumentation des adversaires afin de les transformer en points forts de notre propre discours.
J’ai encore le souvenir de longues discussions autour de l’attitude à adopter face à la proposition préfectorale de créer une Agglomération Pays Basque. Dans ces moments clés pour notre territoire, la clairvoyance et la capacité intellectuelle de Mixel étaient des éléments hyper importants. Comme il l’a toujours défendu, la force collective relèvera les défis à venir dans les luttes que nous partagions.