Suite à la disparition du Journal du Pays Basque, un projet de nouveau média pour le Pays Basque fait jour pour faire face à la situation de monopole qu’a retrouvé Sud-Ouest. Antton Etxeberri, un des porteurs du projets, répond aux questions d’Enbata.info.
Qu’est-ce que le projet de Nouveau Media ?
Le nouveau média a pour objectif d’être un outil d’information, utile pour la bonne compréhension de l’actualité du Pays Basque, dans toute sa diversité et ses composantes.
Quel est l’origine de ce projet ?
Ce projet de nouveau média est la suite logique de la disparition du Journal du Pays Basque. Celui-ci a fermé il y a quelques mois pour des raisons économiques, mais il est clair pour nous que la fonction qu’il avait au sein du Pays Basque était et reste essentielle à l’avancée et à la conduite des débats locaux.
Actuellement quels sont les porteurs de ce projet ?
Si la dynamique a démarré entre des anciens du JPB pour la plupart, elle s’étend aujourd’hui dans tout le Pays Basque, notamment par le biais de groupes de soutien locaux. Ce projet a pour ambition d’être porté par tout le territoire, et notamment par toutes les forces vives qui le composent. Tous ceux qui s’impliquent au Pays Basque pour faire avancer les débats au niveau social, politique, linguistique ou culturel, ont leur place dans ce projet ; ce dernier a en effet besoin de chacun pour se développer, et peser dans les différents débats qui traversent le Pays Basque.
Qu’apportera-t-il en plus dans le paysage médiatique d’Iparralde ?
Suite à la disparition du JPB, nous sommes nombreux à déplorer le manque de pluralité médiatique, nécessaire aux débats démocratiques sur le territoire. La situation de monopole qu’a retrouvée Sud-Ouest suite à la disparition du JPB ne permet plus aux sans-voix, aux petits, d’être entendus. Les nombreux débats en cours au Pays Basque ne sont pas relayés comme ils devraient l’être, et nous pensons que les enjeux de ces débats méritent d’être compris par la population locale, et ne doivent pas rester des débats d’initiés. C’est cette fonction que l’on souhaite donner à ce nouveau média : donner aux citoyens les clés de compréhension des différents débats qui traversent le Pays Basque, en permettant à chacun de s’exprimer et de confronter ses idées. Notre objectif est de présenter des enquêtes, analyses, investigations, que l’on ne trouvera pas ailleurs.
Comment sera organisé ce nouveau média ?
Ce nouveau média aura différents supports : nous souhaitons répondre aux différentes habitudes des lecteurs, et donner aussi à l’euskara sa place. Aussi, nous proposons quatre outils différents pour le moment : un site internet 100% euskara, un site internet en français avec une présence minimale d’articles en euskara, la présence sur les réseaux sociaux, et un hebdomadaire papier en français avec la présence de l’euskara. Le but de cet ensemble d’outils est bien entendu d’informer, tout en proposant des angles et des analyses originales. Le recul sur l’actualité que nous permettra l’hebdomadaire facilitera un travail d’investigation, qui est nécessaire pour la transparence de l’information.
Dans une période de crise des médias… quel “modèle économique” mettra-t-il en place pour s’inscrire dans la durée ?
Personne n’a encore trouvé “le” modèle économique. En ce qui nous concerne, pour nous inscrire dans la durée, nous croyons que ce projet ne doit pas être porté seulement par l’équipe de salariés qui y travailleront. L’adhésion populaire est indispensable, d’où l’appel à soutiens lancé avant l’été. Avant même de lancer ce nouveau média, nous souhaitons assurer sa pérennité. Notre objectif est celui de 1000 abonnés, afin d’assurer l’auto-financement, et donc l’indépendance du média vis-à-vis des pouvoirs, qu’ils soient politiques ou économiques. La vente d’encarts publicitaires, les partenariats commerciaux permettront de conforter la situation économique. Mais la base reposera sur les abonnements. Nous pensons que c’est possible; une demande existe au sein de la population pour mettre en place un tel projet, preuve en est le nombre de comités de soutien locaux qui se mettent en place sur les trois provinces du Pays Basque Nord. Le défi est ambitieux, et nous allons le relever. Parce que le Pays Basque en a besoin.
Où en est la campagne de lancement et quelles sont les prochaines étapes pour que le nouveau projet démarre et trouve son rythme de croisière ?
En moins de trois mois, nous avons déjà recueilli 300 soutiens financiers, qui se transformeront demain en abonnements. Nous sommes donc aujourd’hui à 30% de notre objectif final, avant même que le média soit lancé. 17 comités locaux de soutien travaillent tous les jours dans les différents cantons du Pays Basque pour relayer la dynamique, et renforcer le nombre de soutiens. Si l’objectif pour l’autofinancement est à 1000 abonnés, le seuil de 400 soutiens a été fixé pour démarrer le projet, dès cet automne. Quand on arrivera à ce premier seuil, nous rassemblerons tous les souscripteurs pour fixer ensemble le jour de démarrage du projet, ainsi que les noms des différents supports médiatiques. A ce titre, un appel à “idées” a été lancé : chacun a la possibilité d’envoyer sa proposition de nom avant le 10 octobre (Iparla, 8 ZA martinzaharenia, 64122 Urruña ; [email protected] ; 06 23 57 13 72).