Enbata se veut un lieu de réflexion et d’approfondissement mais également de débat ouvert à tous les abertzale. L’Aberri Eguna d’Itsasu n’a pas convaincu Pantxoa Bimboire qui en critique ici un certain nombre d’aspects et de manques. Et il élargit sa réflexion à EHBai.
Martxelo Otamendi précisait à un proche qu’il était venu en Iparralde car en Hegoalde, les Aberri Egunak étaient trop « partisans ». En mon for intérieur, je pensais qu’au royaume des aveugles les borgnes sont rois… Auparavant un éditorial de E. Duny-Pétré précisait qu’en Hegoalde, la société civile «brillait par une léthargie relative, comme si les institutions autonomiques et/ou la fin de la lutte armée l’avait chloroformée». Cette léthargie est amplifiée par le fait que la gauche abertzale refuse souvent le compromis dans la gestion publique (alors que le périmètre de la municipalité pourrait être pour le moins un théâtre d’actions concrètes pour le bien commun). La confrontation est quelquefois plus aisée et permet un immobilisme neutre qui renforce les postures dans des idéaux irréalistes. Elle éloigne aussi l’électeur et affadit les initiatives potentielles. Depuis longtemps un pacte entre la gauche abertzale et EAJ aurait dû être mis en place. Je le pense sans doute très naïvement. Cet Aberri eguna d’Itsasu a malheureusement exclu de fait EAJ d’Iparralde. D’autres conversations familiales et amicales m’ont fait aussi réaliser que d’autres groupes de jeunes (par exemple GKS) n’étaient pas non plus présents.
Ce que nous n’avons pas réussi en 60 ans
Très prétentieux de ma part de faire ce bilan que m’a demandé un « vieux » copain de Garazi (qui se reconnaitra sans doute), mais pourquoi ne serait-il pas complété et corrigé par d’autres ?
Une transmission aux jeunes mal réalisée: malgré un accroissement de votes abertzale aux élections, force est de constater que dans les diverses actions de long terme, la place des jeunes est trop faible dans les initiatives populaires initiées autrefois (Herrikoa, Hemen, Lurzaindia, EHLG, et, récemment, Etxalde…). Au contraire, Bizi! et Alda réussissent à rassembler une bonne proportion de jeunes. On en trouve aussi plus dans les manifestations (logement, foncier, etc.). Pour nos amis de longue date, les enfants respectifs, même si une forte proportion parle euskara, sont plus attirés par le sport, les voyages ou le logement. Les arbitrages économiques des foyers actuels ne sont pas dirigés vers nos anciens « idéaux ». Finalement peut être que je me trompe, nos parents n’ont pas eu, eux non plus, tant d’influence sur notre façon de vivre (église, mariage etc.), mais, par ailleurs, EHLG aurait-elle existé sans la JOC…
Un éloignement nocif de la problématique de la création de richesse : j’ai plus de certitude sur cet échec. Dans le tiers final de l’article de JL Davant d’un Enbata de novembre (?) ce dernier rappelle la nécessité de réinvestir le pilier de l’emploi. Il évoque une réorientation nécessaire de la gauche abertzale. Cette réorientation ne semble pas encore lisible dans le programme du congrès de EHBai (lecture commune sur la situation sociale, politique et institutionnelle d’Iparralde), le terme « économie » semble être sacrifié. Ce constat est aussi confirmé dans l’atelier « Zer eskatzen du Herriak » mené le 8 avril à Sanoki à Itsasu. Les préoccupations sur la création d’emploi/entreprise de 2011 (3° mentionnée) disparait complètement dans cette de la salle de travail et aucun des 6 animateurs de l’atelier ne le relève. Il convient, pourtant, de rappeler que, sans entreprise, il n’y a pas de politique sociale. Il faut rappeler que dans le budget de l’Etat la TVA récoltée par les entreprises et l’impôt des sociétés est un montant 4 fois supérieur à l’impôt sur le revenu, que l’impôt de l’Etat sur les dividendes est de 30% (20% pour l’Allemagne) et l’impôt sur les résultats de l’entreprise est de 25% (Allemagne 20%). S’il n’y a pas d’entreprise, il n’y a ni enseignant, ni justice, ni hôpital, ni aides sociales (en France redistribution de 30% du PIB, le plus fort taux européen). Les discours abertzale n’évoquent que les coopératives, comme si les autres entreprises n’avaient pas d’impact social. Une discussion surréaliste m’a permis de me rendre compte combien peu de concept étaient soient ignorés, soient incompris. J’ai tenté d’expliquer des critères objectifs de classification sociale des entreprises entre-elles, par exemple : échelle des salaires, distribution de résultats, % d’emploi CDI versus CDD, salaire minimal, % des résultats affectés aux dons liés au territoire (culture, euskara, EHLG, etc…). S’il y a Herriko Ogia et Herriko Haragia il devrait y avoir aussi Herriko Lantegia. Nos partis abertzale sont trop loin de ces concepts RSE.
Il est aussi suicidaire de constater en Iparralde une désaffection des métiers de technique (le plus fort taux de promotion interne). Nous devons aussi nous en préoccuper.
Une formation nécessaire pour les futurs élus municipaux abertzale
A travers les expériences acquises (Miarritze, Uztaritze, Itsasu, etc), il doit être mis en place une confrontation de bonnes pratiques concernant la gestion municipale. Il serait utile de questionner sur ce sujet nos maires abertzale pour analyser les problèmes rencontrés, les manques de formation révélés, les décalages observés entre la théorie politique et le vécu de tous les jours… Cette remontée d’information pourrait être très utile pour remettre un peu de réalisme dans la construction du territoire. Par exemple: moins embaucher et plus investir dans réhabilitation, réappropriation du foncier (économique, agricole ou logement), facilitation création de richesse et emploi, recherche de productivité dans les services municipaux, appel à critère RSE dans l’attribution des AO, etc.
Un recentrage des programmes de gouvernance
S’il faut se féliciter de la présence utile et nécessaire des abertzale dans les conseils municipaux, les programmes de gouvernance doivent être bâtis dans des coalitions de deuxième tour qui doivent être étudiées à l’avance. EHBai n’est peut-être pas à l’aise pour discuter avec des tendances proches de l’électorat d’Iparralde qui ne semblent pas être d’extrême gauche. Les thématiques précédentes (par exemple : investissement plus que masse salariale, foncier économique) doivent être négociées longtemps avant. La force d’EHBai doit pouvoir l’inciter à briser les clanismes et les a priori sur les alliés politiques potentiels (nous ne sentons pas cette préoccupation dans ce dynamique parti d’Iparralde, c’est dommage).
A fortiori, s’il est visé une ambition à la CAPB, ce recentrage pragmatique doit être nécessaire (volontarisme dans le rééquilibrage côte-intérieur, défense et accroissement clair du foncier économique, efficacité et communication des services, etc.). Cela aussi demandera de connaître le sujet pour pouvoir ensuite négocier avec tous.
Pantxoa, il y a énrmément de tes critiques qui sont très valables. En particulier, la non-préoccupation de l’économie par les abertzale est très préoccupante. Ce n’est pas ce que nous avions fait autrefois, en parlant du Plan 1500 emplois, en créant Hemen et Herrikoa .Comparaison n’est pas raison, ça n’a même en l’occurrence rien à voir , mais il m’arrive de comparer Txetx Echeverry et Patxi Noblia. Ce qui est sûr, c’est que l’influence abertzale prend en Iparralde et c’est ce qui est important. A terme, qui en profitera politiquement en Iparralde? C’est le moins important mais ce qui est sûr, si Txetx s’occupe d’économie, il devra avoir à l’esprit, ce que tu dis et qui est très juste, c’est qu’il semble que dans ce pays, il y a peu d’interlocuteurs d’extrême gauche.
milesker pour ton commentaire