Y-a-t-il une alternative à la production intensive du maïs?

Pourquoi une telle question? En quoi la
maïsiculture poserait-elle problème?
C’est vrai que cette question n’a aucun
sens pour le très puissant lobby maïsicole,
fortement représenté en Iparralde par la Coopérative
(ou plutôt) la holding Lur Berri.
Et pourtant, de partout surgissent des problèmes
: banalisation des paysages (il suffit
d’aller vers Pau entre le mois de juillet et
d’octobre pour s’en rendre compte), problèmes
de nitrates dans les cours d’eau (les
maïs étant très souvent “surfertilisés” et
l’azote, élément très lessivable, se retrouve
toujours dans l’eau), problèmes de pesticides
dans les sols ou dans l’eau (on retrouve
encore en quantité de l’atrazine,
désherbant utilisé massivement dans les
maïs pendant plus de 40 ans et interdit depuis
2003, soit presque 10 ans), problèmes
de prélèvements excessifs dans les cours
d’eau pour l’irrigation etc.
Enbata: Comment se présente la culture
du maïs en Pays Basque?
Iker Elosegi: Le maïs vient en 2ème position
(après les prairies, très largement majoritaires)
au niveau des surface cultivées du
Pays Basque nord. C’est une plante d’origine
centre américaine, qui s’est très bien
adaptée aux conditions locales et qui a permis
dès le 16° siècle, d’augmenter les rendements
des céréales locales et a ainsi
contribué à l’augmentation de la population.
C’est depuis l’utilisation des maïs “hybrides”
à partir des années 50-60 que sa culture
s’est intensifiée, avec tous les problèmes
qui y sont liés…
En Iparralde, c’est essentiellement en Amikuze
et le secteur de Bidaxune que la monoculture
de maïs est présente, parfois
irriguée, essentiellement sur la zone d’influence
de Lur Berri. Toutes les infrastructures
des coopératives (Lur Berri, Pau Euralis
ou Maïsadour) ont été intégralement
orientées vers l’industrie du maïs, voire sa
transformation (canard, porcs…).
Enb.: La situation a-t-elle évalué?
I.E.: Aujourd’hui, ce modèle a du plomb
dans l’aile, même au niveau des paysans !
Certains d’entre eux, se rendant compte de
problèmes agronomiques liés à la monoculture
irriguée, souhaitant transformer leur
système de production se sont tournés vers
Euskal Herriko Laborantza Ganbara.
Un accompagnement technique s’est mis en
place et la monoculture de maïs irrigué a été
remplacé par d’autres cultures sans irrigation
: le colza, le blé, le triticale et surtout le
tournesol ont fait ainsi leur apparition dans
ces fermes. Cela permet aux paysans
d’augmenter leur autonomie, notamment au
niveau de l’alimentation des troupeaux. En
effet, si le maïs est un concentré d’énergie, il
doit être complémenté par de la protéine, le
plus souvent du tourteau de soja OGM en
provenance des USA ou d’Amérique du sud.
Une fois la graine de tournesol pressée, on
obtient du tourteau fermier permettant de ne
pas donner d’aliments OGM aux vaches ou
brebis et également de l’huile qui est utilisé comme carburant dans les tracteurs.
Enb.: Quel est le rôle d’Euskal Herriko
Laborantza Ganbara?
I.E.: En parallèle à ce travail technique,
Euskal Herriko Laborantza Ganbara essaie
en 2008 de mobiliser des moyens financiers
pour les paysans qui s’engagent dans
cette démarche.
En effet, il faut savoir que dans ce panorama
où tout semble mis en place par les
lobbies et la FNSEA pour assurer une matière
première la moins chère possible pour
l’agro-industrie, il existe des outils pour aider
à la modification des pratiques agricoles.
Il s’agit par exemple des MAET
(Mesures agro-environnementales territorialisées),
qui permettent, dans le cas où
des paysans s’engagent sur leurs terres,
de les rémunérer pendant cinq ans en
contre partie de pratiques agricoles réduisant
leur impact sur l’environnement. Un
dossier est préparé et envoyé à l’instance
administrative correspondante à Bordeaux,
la CRAE (Commission régionale
Agro-environnementale). Et là, contre toute
attente, le DRAF refuse que notre dossier
soit examiné au sein de cette
instance, sous prétexte que Euskal Herriko
Laborantza Ganbara a un litige avec
l’Etat. Le dossier est toujours au Tribunal
administratif…
Enb.: Comment se déroule l’étude de
ce dossier?
I.E.: Un dossier de demande d’aides est
également présenté à l’Agence de l’Eau
Adour-Garonne et au Conseil général en
2008 pour aider au financement de l’accompagnement
technique. Ce dossier
n’est pas présenté par Euskal Herriko Laborantza
Ganbara, mais par l’AFI (Association
pour la Formation et l’Information),
pour laquelle Laborantza Ganbara joue le
rôle de prestataire de service. Il s’agit d’un
“petit” dossier mais qui visiblement pose
problème au lobby maïsicole. En effet, lorsqu’il
est présenté à la Commission des interventions
de l’Agence de l’Eau Adour
Garonne en octobre 2008, le représentant
de ce lobby, également vice président de la
Chambre d’agriculture de Pau, monte au
créneau… La décision est repoussée et il
est demandé à l’AFI de monter un comité
de pilotage, avec la Chambre de Pau etc…
Quelques mois de plus et le dossier passe,
avec l’intervention efficace de quelques
élus, dont Alain Iriart et Dominique Gibaud-
Gentili. Un tabou a sauté, mais il en a fallu,
de l’énergie!
Mars 2012 : Euskal Herriko Laborantza
Ganbara présente un dossier à la CRAE
avec comme objectif la reconquête de la
qualité des eaux de la Bidouze, permettant
aux paysans du canton d’Amikuze dont les
terres sont dans les 15 communes du bassin
versant de la Bidouze, d’engager leurs
parcelles. Concrètement, ils peuvent s’engager
à arrêter d’irriguer ces parcelles pendant
5 années (253 € /ha/an), à réduire les quantités
d’azote épandues (139 € /ha/an), à réduire
de 40 % les quantités d’herbicides (82
€ /ha/an) ou à combiner réduction fertilisation
et herbicides pour 221 € /ha/an utilisés
sur les surfaces en maïs ou autres grandes
cultures. L’engagement était à faire pour le
15 mai, date de dépôt de la déclaration
PAC.
Au bout de 4 ans, Euskal HerrikoLaborantza
Ganbara a réussi à activer des outils qui
existent depuis de nombreuses années!
Un tabou tombe au niveau de l’Agence de
l’eau, un autre au niveau de la CRAE, c’est
également comme cela qu’on transforme le
modèle agricole!
Zer dira artoaren ureztatzearen problemak ?
Artoa Ameriketatik heldu zauku, orai Guatemala,
Mexiko deitzen diren eskualdetatik.
Berotasuna eta humitasuna behar ditu eta
gure xokoetan, klima egokia izanez, biziki
ongi pusatzen da. Hemengo laborariek ere
ukana dute denbora azken 3-4 mendeetan
landare berri honen selekzionatzeko eta
lantzeko…
Azken 40 urteetan dira gauzak azkarki kanbiatu,
arto «hibridoekin»: intentsifikazio azkar
bat gertatu da eta lekuko kooperatifak
ureztatzeari buruz pusatu ditu laborariak.
Arazoa hau da: artoaren ur beharrak preseski
erreketan ur gutien den mementuan
dira gorenak: uztail eta agorrilean.
Ureztatzeko bi molde badira, zuzenean erreketan
ponpatuz edo ureztatzeko erreserbak
baliatuz (hala nola Domintxinekoa).
Batzuek pentsa dezakete aski dela neguko
euri « soberakinak » erreserba batean atxikitzea
gero udan ureztatzeko. Ahanzten dute
errekak, uraren zikloak badutela heien
funzionea eta ez direla arazorik gabe gure
nahietarat plegatzen ahal !
Bestalde, artoa intentsiboki eremaiten delarik
pozoin eta azota ainitz emaiten da eta
horiek urean atxemaiten dira ondotik : Bretainian
alga berdeen eragile nagusiak diren
nitrata famatu horiek, pestizidak urean eta
abar…
Ureztatzeak eta bereziki urtez urte leku berean
artoa ereiteak lurrak tinkatzen ditu eta
urte batzuen buruan, lurrari bere emankortasuna
ttipitzen zaio…
Artoa ez da berez landare « gaixto » bat,
bere lekua badu gure alorretan. Problema
da nola landua den eta monokultura sistema
intentsibotik nola ateratzen den.

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