On ne dira jamais assez combien pour des candidats militants l’engagement dans un combat électoral est difficile. Or le travail développé par les candidats abertzale et écolos —et leurs équipes— ou le choix judicieux de leur profil doivent être mis en exergue. Las, si le total des voix abertzale a doublé entre 1967 (4,63%) et 1997 (9,31%), celui de 2012, le même qu’il y a 15 ans, (9,27%) doit nous inciter à une profonde réflexion. N’est pas Bildu/Amaiur qui veut et si la lutte armée a été un repoussoir ici aussi, à contrario, son arrêt n’a provoqué qu’une vaguelette, Il eut sans doute fallu envoyer des signaux bien plus forts. En cela, la progression toute relative depuis 2007 qui s’apparente à une stagnation d’EH Bai malgré une campagne dynamique (+ 0,70%) et d’Amaiur (+ 0,56%) démontre s’il en était besoin l’âpreté de l’exercice et, subséquemment, la nécessité impérieuse de re-grouper des forces complémentaires pour créer une nouvelle dynamique et enfin compter.
Nos scores du premier tour
La coalition AB/Batasuna passe de 10.663 voix (8,11%) en 2007 à 11.409 (8,81%) en 2012 soit + 746 voix. Celle d’EELV/EA de 3.351 (2,60%) à 4.092 (3,16%) soit + 741 voix. En additionnant le score d’EH Bai et d’Amaiur, on obtient 12%. EH Bai ne doit pas craindre d’intégrer en son sein EA et EELV. Personne ne détient une vérité qui ne pourrait être partagée. Surtout en matière électorale. Les abertzale sont intrinsèquement écologistes et les responsables d’EELV sont depuis quelque temps déjà désireux de soutenir ici un projet abertzale, social et écologiste. Pourquoi maintenir cette stupide et inutile concurrence? De-puis les dernières cantonales de 2011, EH Bai saute de la cinquième à la troisième place en Iparralde. Le recul du MoDem a favorisé cela même s’il faut le relativiser du fait de la concurrence de la candidature centriste et basquiste de Mortalena sur la 5ème (4,14%) face à Veunac candidat officiel du centre. Mais ce positionnement abertzale ne doit pas oblitérer l’écart de plus de 20 % qui sépare EH Bai tant avec le PS qu’avec L’UMP.
BAB mon amour
Enfin, le score le plus criant —comprendre désespérant— est celui du BAB intra muros. Si Bayonne (hors Boucau: 2,66%) passe de 4,91% à 5,29% et Anglet de 3,32 à 4,19%, Biarritz régresse légèrement de 3,61% à 3,07%. Le total BAB reste confiné à 4,25% contre 3,95% en 2007. A ce rythme, les trois plus grandes villes où réside près de la moitié d’Iparralde atteindra les 10% à une législative qu’aux environs des années 2080. Auxquelles il faudra ra-jouter 150 ans pour espérer approcher les 20%. Doit-on attendre béatement cette date sans se poser la question d’une stratégie revue et adaptée à ce territoire dans lequel les Basques d’origine sont ultra minoritaires?
Arbitre sans sifflet
Si les thématiques abertzale ont été au devant de la scène médiatique malgré un score modeste, la gestion du second tour aura laissé les observateurs sceptiques: la consigne d’EH Bai du «Ni-Ni» dans une certaine cacophonie n’aura pas été suivie par les électeurs abertzale dans la 5ème et 6ème circonscription, le difficile voire impossible consensus à trouver alors qu’AB souhaitait «faire barrage à la droite», un long questionnaire envoyé aux partis en présence au second tour —et non aux candidats— alors que la consigne était déjà donnée…
Le mouvement abertzale pour sortir de la marginalité électorale aura encore bien des débats animés et des prises de décisions pas forcement identiques ni uniformes dans tous ses territoires à prendre. Ce sera l’enjeu des élections de 2014/2015 autour des régionales, européennes, cantonales et municipales.