Qui aurait pu imaginer que le nouveau pouvoir socialiste aurait, si rapidement et si brutalement «brûlé ses papiers» (comme on dit chez nous) avec le Pays Basque? Coup sur coup, les déclarations scandaleuses du ministre de l’Intérieur sur la Collectivité territoriale du Pays Basque, des propos qu’il a répétés à plusieurs reprises en France, la livraison d’Aurore Martin à Madrid… ça fait beaucoup! Chacun de ceux qui participions à l’immense rassemblement du 10 novembre, et de ceux qui n’ont pu y être mais qui étaient là par pensées, au delà de la cause des preso, portaient en eux cette agression et la souffrance qu’ils ressentaient. Cela explique aussi la puissance de la plus grande mobilisation que Bayonne ait jamais connue.
Tout a été dit sur cette douche froide qui s’est abattue sur le Pays Basque, en cassant l’espoir et en remettant les compteurs à zéro, comme jamais! Cette actualité dramatique a peut-être fait le bonheur des plus jacobins et de ceux qui se frottent les mains de voir le PS, égal à lui même, se planter à nouveau avec le Pays Basque. Mais, elle a fait terriblement mal à toutes les personnes qui, quel que soit le pouvoir en place, veulent que le Pays Basque soit entendu, compris et pris en compte dans sa volonté d’exister collectivement et d’avoir les moyens de prendre son destin en main. Elle a fait mal, j’imagine, à ces élus du PS qui veulent sincèrement que le rendez-vous entre le PS et le Pays Basque ne soit pas encore un rendez-vous manqué!
On attend d’autres paroles,
d’autres signes
On ne sait pas si les propos de Valls n’engage que lui-même, ou s’il se fait, en l’occurrence, le porte parole du gouvernement. En tout cas, pour l’instant, c’est le dernier qui cause qui a raison. On attend donc d’autres paroles, d’autres signes, parce qu’on ne peut imaginer que le pouvoir en place soit aussi nul, aussi minable, aussi rétrograde, méprisant et provocateur; on ne peut imaginer qu’il soit aussi déconnecté de ses propres antennes locales. Peut-être même que l’outrance que nous avons vécue peut être l’élément déclencheur pour une réponse audacieuse à l’attente de ce territoire! Car enfin, soit les propos du ministre de l’Intérieur expriment la position du gouvernement, et là, l’inimaginable et l’inconcevable s’imposent et on en tire les conséquences; soit ce n’est pas la position du gouvernement, et, dans ce cas, celui-ci devra le démontrer! Il devra le démontrer, non pas par des demi-mesures, mais par la prise en compte pleine et entière de ce que le Pays Basque demande avec son mouvement social et ses instances représentatives, à savoir une Collectivité territoriale à statut particulier.
Personne n’arrêtera
le processus en marche
Plus que jamais, la bataille continue. Plus que jamais, l’espoir est là. Non pas l’espoir naïf et béat, mais la conviction que nous tenons le bon bout, que toutes les conditions sont réunies, que cette histoire est en train de s’écrire; la conviction que nous souhaitons continuer à écrire cette histoire en partenariat avec le pouvoir si celui-ci le souhaite, mais dans le cas inverse, qu’elle s’écrira en confrontation avec celui-ci!
Personne n’arrêtera le processus en place; il ne demande qu’une chose: qu’au moment où il est mûr, il rencontre en face un pouvoir intelligent. L’intelligence n’est pas une qualité à faire valoir uniquement quand on est dans l’opposition! Jusqu’à présent on ne peut pas dire que lorsque les dossiers mûrs du Pays Basque ont rencontré le pouvoir, celui-ci ait montré une grande intelligence; ça a été le cas, avant, avec les ikastola ou Herrikoa, et plus récemment, avec Euskal Herriko Laborantza Ganbara. On sait comment tout cela s’est terminé. Il n’est pas nécessaire d’allonger la liste!
Alors, ce rendez-vous avec le Pays Basque, c’est maintenant!