Enbata: Êtes-vous, vous et votre candidate présidentielle, favorables à la ratification par la France de la Charte européenne des langues minoritaires qu’elle a signée mais qu’elle refuse de ratifier et qui implique une modification de l’article II de la Constitution?
Monique De Marco: Oui je suis favorable à la ratification de la Charte européenne mais on sait depuis longtemps que cela nécessite une modification de la Constitution. D’ail-leurs Guy Carcassonne, constitutionnaliste et qui avait conseillé Lionel Jospin sur ce sujet en 1999, a dit il y a quelques jours à Bayonne, que la ratification ne serait possible qu’à la condition de modifier la Constitution. Donc il faudra d’abord passer par la révision constitutionnelle. Eva Joly et EELV ont une position claire sur ce sujet, position qui est aussi celle de nos partenaires de RPS.
Enb.: La réforme territoriale votée en 2010 doit entrer en vigueur en 2014. La loi portant cette réforme supprime le “Pays” qui était l’entité porteuse des dispositions spécifiques pour le Pays Basque. Vous-même et votre candidate présidentielle, êtes-vous en faveur de l’abrogation de cette loi et de la création d’une collectivité territoriale spécifique pour le Pays Basque?
M. D. M.: Bien entendu nous sommes pour l’abrogation de la loi et pour une régionalisation en profondeur. Nous sommes fédéralistes. Des compétences et des moyens pour les régions voilà ce que nous demandons. Concernant le Pays Basque il est évident que la création d’une collectivité territoriale spécifique est pour nous un des éléments de notre positionnement en faveur de ce que nous appelons le fédéralisme différencié. Eva Joly a dit tout cela dès le mois de septembre aux journées d’été de RPS. Si les Basques veulent cette collectivité il n’y a au-cune raison de ne pas la créer.
Enb.: Le Pays Basque est à cheval sur une frontière et vit donc le transfrontalier au quotidien. Pour vous et votre candidate, où doivent se traiter les politiques transfrontalières concernant le Pays Basque, notamment les actions en faveur de la langue basque? Une Eurorégion vous apparaît-elle pertinente?
M. D. M.: Pour l’instant l’Office public de la langue basque fait un important travail de terrain en centralisant des moyens à la fois locaux, départementaux, aquitains et hexagonaux, mais on sait qu’il faut aller plus loin.
Dans le droit fil de notre vision fédérale de l’Europe, il apparaît évident que les régions transfrontalières devront pouvoir choisir des moyens pour travailler de façon plus autonome sur les sujets qu’elles ont en commun. La langue en est un et pas des moindres. Les relations avec Euskadi pour la politique linguistique tombent sous le sens et de la même façon il faudrait travailler avec la Navarre, et pourquoi pas au sein d’une Eurorégion?
Enb.: De nombreux élus locaux, les associations de défense de l’environnement, des élus consulaires et de très nombreux citoyens refusent une LGV à travers le Pays Basque et demandent l’amélioration de la ligne existante. Quelle est votre position et celle de votre candidate présidentielle?
M. D. M.: Nous avons toujours demandé la rénovation et la modernisation de la voie existante. Nous avons été de toutes les ma-nifestations en faveur de cette solution. Nous sommes opposés à la LGV au Pays Basque mais aussi dans la traversée des Landes et sur le tronçon Bordeaux-Toulouse. De toute façon cette LGV a du plomb dans l’aile. Si certains voulaient faire passer le projet en parlant «d’enterrement de la ligne» aujourd’hui nous ne sommes pas loin de l’enterrement du projet! Le travail associatif a payé, le travail politique aussi, et le reste a été fait par la crise qui a permis de faire comprendre un peu plus vite que cette LGV était hors de prix. Enfin les LGV c’est une conception centraliste des transports et du développement que notre candidate ne partage pas; pas plus que nous localement.